Une négociation claire dans son principe, mais encore balbutiante
Pour les acteurs du marché et les observateurs économiques, cette annonce a le parfum d’un franchissement d’étape : Holmarcom, groupe familial marocain bien implanté, passe d’une logique de simple partenaire à celle de potentiel contrôleur majoritaire. Pourtant, tous s’accordent à rappeler que les démarches en cours ne garantissent en rien une transaction finalisée.
Enjeux stratégiques et impacts attendus
La participation de BNP Paribas dans la BMCI représente traditionnellement deux tiers du capital de la banque souvent arrondi à 67 % dans les communiqués même si les états financiers réglementaires indiquent un pourcentage plus précis de 66,74 % à fin juin 2025.
Pour Holmarcom, cette acquisition potentielle s’inscrit dans la dynamique de croissance de son pôle Finance, qui a déjà démontré sa capacité à nouer des partenariats internationaux ambitieux. L’exemple le plus récent l’entrée de la Société financière internationale (IFC), membre du groupe de la Banque mondiale, dans le capital de Holmarcom Finance Company pour environ 1,35 milliard de dirhams illustre cette stratégie de développement structuré et durable du groupe dans les services financiers.
Du côté de BNP Paribas, cette opération s’inscrit dans un mouvement plus large de réallocation de ses actifs internationaux et d’optimisation de ses engagements hors de ses marchés historiques, tout en conservant une empreinte dans les zones prioritaires. Certains analystes estiment qu’une cession réussie pourrait même avoir un effet positif mineur sur certains ratios de solvabilité du groupe bancaire français.
Questions pratiques et défis réglementaires
Si le scénario d’une acquisition complète ou partielle se confirme, il reste un certain nombre de défis opérationnels et réglementaires à affronter :
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La valorisation exacte de la BMCI, dans un contexte de volatilité économique mondiale.
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La gestion des emplois et des talents, en particulier au moment où la banque cherche à renforcer ses services numériques et sa proximité client.
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La continuité des services pour les particuliers et entreprises, qui attendent des signaux de stabilité.
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Enfin, l’approbation des autorités marocaines y compris Bank Al-Maghrib et l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux sera décisive pour valider ou non toute opération de changement de contrôle.
Pour les clients, la perspective d’un changement d’actionnaire majoritaire peut susciter des interrogations, notamment sur les lignes directrices futures de la politique de crédit ou sur l’évolution des produits bancaires locaux.
Une lecture locale et symbolique
Au-delà des chiffres et des pourcentages, l’opération si elle voit le jour pourrait symboliser une affirmation de la capacité des groupes marocains à piloter des opérations d’envergure dans un secteur historiquement marqué par la présence d’acteurs étrangers. Elle s’inscrirait aussi dans une mouvance plus large d’empowerment économique national, où les acteurs locaux jouent un rôle de premier plan sans renier l’ouverture et la coopération internationale.
À ce stade, prudence et observation s’imposent : l’évolution de ce dossier mérite une attention soutenue. Qu’il s’agisse d’un repositionnement stratégique de BNP Paribas ou d’un tournant décisif pour Holmarcom, l’issue de ces discussions pourrait redessiner les contours du secteur bancaire marocain pour le mieux si elle s’accompagne de vision, de responsabilité sociale et d’une gouvernance robuste.












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