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IAA : Le panafricanisme du Kremlin


Depuis quelques années l’ours blanc est entrain de préparer son retour sur le continent africain. L’on se rappelle encore du fameux forum de sotchi qui fut le point de départ de façon concrète avec l’implication des figures panafricaines dans ce prolongement de cette nouvelle guerre froide.
Au-delà de l’apparence diplomatique, cette messe à été un bon exercice de cooptation d’une certaine élite aux ordres « de ». Et dans cette grosse fumée, deux visages ont attiré notre attention en occurrence celui de Nathalie Yamb et Kemi Seba.



Une nébuleuse propagandiste
 
 « Tu ne peux pas être pro-Afrique si tu n’es pas viscéralement anti-francais », dixit la dame de Soctchi dans l’un de ses posts.
 
Nathalie Yamb, née le 22 juillet 1969 à Gränichen en Suisse, est une femme politique, activiste et militante suisso-camerounais. Installée en Côte d'Ivoire depuis 2007, elle a été depuis Abidjan, une proche de l’ancien président de l’assemblée nationale d’antan Mamadou Koulibaly.  Depuis quelques années, cette dernière à soudainement vu le combat panafricain comme une sorte d’alternative d’existence politique après la chute du régime Gbagbo ou elle profitait de largesse du pouvoir grâce à son mentor ou partenaire Mamadou Koulibaly.

Ainsi pour financer sa nouvelle odyssée politique, elle s’est liée aux réseaux russes. Se définissant elle-même comme la « Dame de Sotchi », depuis sa participation remarquée au sommet du même nom, en octobre 2019, elle est une des détractrices les plus en vue de la France et de ses alliés sur le continent – des prises de position qui lui ont d’ailleurs valu son expulsion de Côte d’Ivoire en décembre 2019. D’après un rapport de l’ONG Free Russia Foundation, elle participe au réseau Afric (Association for Free Research and International Cooperation), sorte d’organe d’influence monté par Prigojine pour protéger et promouvoir ses intérêts sur le continent. Selon ce rapport, Yamb a notamment participé à une de ses conférences dans un palace de Berlin, en janvier 2020, coorganisée avec la Fondation pour la protection des valeurs nationales, une structure similaire également liée à Prigojine et dirigée par le journaliste Alexandre Malkevitch.

Comme plusieurs influenceurs politiques, elle a reçu le soutien de AFRIC, le bras armé de l’homme d'affaires Prigogine. Il a appuyé la  création de sites internet et des dizaines de pages de médias sociaux, dont un nombre important ont été identifiés comme contrôlés par la Russie et supprimés par Facebook. En Libye, nous l'avons vu avec la rénovation de
Jamahiriya TV, et dans la plupart des pays francophones ciblés, l’un des médias pro-Russe qui se démarque  est Afrique Media TV.
 
Créée en 2011, Afrique Media TV fait partie de Media Press Africa, une société basée à Douala, Cameroun, qui publie également plusieurs éditions imprimées, dont Courrier Confidentiel et International Afrique Médias. Afrique Media TV s'est associée à AFRIC depuis septembre 2018, date à laquelle la chaîne a participé à l'organisation du groupe de façade russe Conférence « Iles de l'Espoir » à Madagascar. Depuis lors, le point de vente a consacré un temps d'antenne étendu à la promotion et à la couverture des événements de l'AFRIC, ainsi qu'à la diffusion d'interviews avec les membres d'AFRIC tels que Vaiva Adomaityte, stratège britannique Clifton Ellis, militant béninois Qemal Affagnon et la panafricaniste Nathalie Yamb.

L'un des directeurs d'Afrique Media TV, Kemi Seba, militant panafricaniste franco-béninois a participé à plusieurs  missions commandés d’ AFRIC, dont celles au Zimbabwe et à Madagascar.
 
Ben le cerveau du Mali…

Selon les services de renseignements  du Quai d’Orsay, des émissaires russes ont copté Adama Ben Diarra, leader du mouvement Yerewolo et membre du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la transition. À la fin de mai, Ben Diarra a organisé plusieurs manifestations à Bamako, y compris devant l’ambassade de Russie, pour réclamer le départ de la France et l’arrivée des Russes pour sortir le Mali de l’impasse. L’intéressé, lui, dément tout financement extérieur.  « On a chassé IBK, on est maintenant en guerre contre la France, assène-t-il en sirotant son sachet de jus. La France, c’est l’ennemi. Celui qui n’a pas compris cela n’a rien compris. », avait-il confié a jeune Afrique.
 
Sacré kemi

Aujourd’hui le discours anti-français est devenu une véritable brèche pour les réseaux russes. Prigojine et ses lieutenants s’appuient sur des activistes anti-impérialistes parfois connus. « Ils repèrent les influenceurs dans les pays qui les intéressent pour les stipendier », affirme un diplomate français à Jeune Afrique. Kemi Seba, militant franco-béninois et fondateur de l’ONG Urgences panafricanistes, fait partie des personnalités qui ont ainsi collaboré avec les Russes. Ce dernier s’est exprimé sur ces relations lors d’une émission sur la chaîne Vox Africa, en octobre 2020. Il y racontait notamment avoir été invité plusieurs fois par Evgueni Prigojine. « Je l’ai rencontré en Russie, au Soudan et en Libye. Nous nous sommes vus un an après la campagne extraordinaire que nous avons menée contre le franc CFA, et il m’a dit : “Vous avez la capacité de toucher la jeunesse africaine comme très peu de gens sont capables de le faire. Je veux vous soutenir. Ceux qui sont contre nos ennemis sont nos amis”. »
 
Kemi Seba accepte son soutien logistique « à différents degrés », mais à une condition : « »Si et seulement si Prigojine ne nous dit jamais ce que nous devons faire. » Selon lui, leur « compagnonnage » aura duré environ dix mois avant de s’arrêter à son initiative, après que Prigojine, lors d’un rendez-vous à Saint-Pétersbourg, lui a suggéré de passer à des actions violentes contre des symboles occidentaux, quitte à faire des dommages africains collatéraux.
 
Le Réseau Prigojine
 
Rappelons que le point de départ de ce vaste programme se veut être  le sommet de Sotchi, ou Moscou a lancé une vaste campagne de recrutement, par le biais d’outils de soft power appartenant au réseau Prigojine. Celui-ci organise régulièrement des conférences et des séminaires avec des leaders d’opinion pro-russes. Ces rencontres sont souvent pilotées par des institutions telles que l’Association for Free Research and International Cooperation (Afric) ou la Fondation de la protection des valeurs nationales. Lors de ces séminaires, il n’est pas rare d’apercevoir des figures de proue de la lutte contre la France-Afrique, aux premiers rangs desquels l’activiste Kémi Seba…
 
Bon nombre de médias russes se sont par ailleurs dotés d’une édition francophone pour toucher le plus de lecteurs possible en Afrique. Cette stratégie s’est révélée payante au Mali.  Dans une étude parue en juillet 2021, portant sur « les pratiques et récits d’influences informationnelles russes en Afrique subsaharienne », le chercheur français Maxime Audinet a montré qu’en 2020, avec 16 628 visites par mois, le Mali est de loin le pays d’Afrique francophone où le site Russia Today France a été le plus consulté. Durant la même période, l’audience de Sputnik France a fortement crû dans le pays, avec 107 360 visites par mois, juste derrière le Cameroun.

Ainsi tout comme tout comme elle le fait en Centrafrique, la Russie étend son réseau d’influence au Mali à travers les médias locaux. Depuis que les négociations entre Wagner et l’État malien ont été révélées, de nombreux titres adoptent une ligne éditoriale de plus en plus pro-russe. Et se font volontiers les relais d’informations diffusées par Russia Today France et Sputnik France.
Le site franco-malien Maliactu (détenu par Séga Diarrah, qui a fait ses études en France et en Suisse), est sans doute celui qui va le plus loin. Arborant un bandeau « exclusif », il a, le 5 octobre dernier, publié une interview d’Alexandre Ivanov, le patron de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (Cosi), une officine installée à Bangui.
 

A PROPOS DE L’ IAA

L’Institut Apollon Afrique (IAA) est une institution africaine  de recherche et de débat sur les relations internationales ainsi que les questions économiques. Il est aussi une plateforme singulière pour la compréhension du monde contemporain.

Ainsi dans un contexte  mondialisé où les plaques tectoniques sont en perpétuelle mouvement, l’Afrique à plus à gagner en se tournant vers elle mêmes. Et surtout face aux enjeux économiques ; technologiques ; environnementaux et sanitaires ; la question d’une collaboration intra africain tournée vers le monde  s’impose.

C’est donc à la lumière de ce prisme que nous avons décidé d’impulser  ce laboratoire d’intelligence afin d’accompagner et promouvoir  cette dynamique enclenchée par certains Etat qui ont compris  le potentiel et les bienfaits d’une Afrique  qui compte sur l’Afrique. Et surtout étant au avant poste des enjeux de son temps.

Sa gouvernance, la diversité de ses financements et son cadre déontologique tel que l’établit sa charte, l’exigence de qualité de ses travaux, garantissent son indépendance et le respect des valeurs qui l’animent. Ses équipes sont constituées de chercheurs professionnels permanents. Les activités de l’institut visent à éclairer les décideurs publics, privés et les citoyens confrontés à la dimension internationale. L’IAA s’est construit sur le principe de la transversalité et de la coopération entre ses chercheurs, rendues de plus en plus nécessaires par la complexité croissante du système international.

L’IIAA veille à toujours œuvrer dans le sens et au profit de l’intérêt général. Ainsi, il contribue, à l’animation et à la structuration du débat public sur les grandes questions planétaires, en vue du renforcement dans la durée d’un monde raisonnablement ouvert et pacifique. “Raisonnablement” renvoie à l’obligation de comprendre la culture et les intérêts fondamentaux de chaque nation, dans ce qu’ils ont de plus durable, si l’on veut promouvoir une gouvernance internationale structurellement stable.
 

Source : L’Institut Apollon Afrique (IAA)



Dimanche 9 Janvier 2022


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