Alors que le monde entier s’accélère, une partie du tissu entrepreneurial de la région MENA semble rouler au ralenti. C’est le constat préoccupant dressé par le dernier rapport de la Banque mondiale : la majorité des entreprises du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’investissent ni dans leur équipement, ni dans leur personnel, ni dans la recherche. Résultat : une chute de la productivité et une incapacité structurelle à rebondir face aux crises.
Selon les données recueillies, à peine 21,7 % des entreprises investissent dans le capital physique (machines, outils, infrastructures), et seulement 14,5 % offrent des formations structurées à leurs employés. C’est deux fois moins que la moyenne observée dans les pays à revenu intermédiaire. Quant à l’innovation, elle est quasi absente : très peu d’entreprises déposent des brevets ou investissent dans la recherche-développement.
Ce manque d’investissement est paradoxal. Car les entreprises elles-mêmes souffrent d’un environnement instable, de chocs successifs (pandémies, conflits, climat), d’une demande erratique… Autant de facteurs qui devraient les inciter à se transformer pour survivre. Or, elles choisissent souvent la frilosité plutôt que la prise de risque.
Ce choix n’est pas toujours une erreur de stratégie, mais une réponse rationnelle à un écosystème décourageant. Dans de nombreux pays de la région, les incitations à l’investissement sont faibles, les financements rares, et les retours sur investissement incertains. À quoi bon acheter une nouvelle machine si l’accès au marché est bloqué par une entreprise d’État, ou si la corruption fausse les règles du jeu ?
Le rapport souligne également que la gestion interne est souvent obsolète. Peu d’entreprises mettent en œuvre des pratiques modernes de management. Pourtant, selon les économistes, l’amélioration de la gestion pourrait combler jusqu’à un tiers du retard de productivité par rapport aux pays développés. Le problème n’est donc pas uniquement technologique ou financier : il est aussi humain et organisationnel.
Le cas du Maroc est instructif. Selon les données disponibles, les entreprises les plus productives ne parviennent pas à s’imposer sur le marché, faute d’un cadre favorisant la croissance organique. Ailleurs, comme en Tunisie, les entreprises les plus performantes parviennent à capter plus de parts de marché, mais sans gains significatifs d’efficacité technique. Ce déséquilibre témoigne d’un système économique mal calibré, incapable de récompenser l’effort d’innovation.
Pour relancer l’investissement privé, la Banque mondiale préconise un triptyque d’actions :
assainir l’environnement des affaires (réduction des coûts de conformité, lutte contre la corruption) ;
favoriser l’accès au financement, notamment pour les PME innovantes ;
réformer la politique industrielle pour qu’elle cesse de favoriser les acteurs en place et soutienne les initiatives émergentes.
En somme, investir est aujourd’hui un acte de résistance. Dans une région où l’État est omniprésent, où la rente prévaut souvent sur le mérite, et où l’incertitude est la norme, ceux qui osent innover sont des pionniers. Mais si ces pionniers restent seuls, c’est toute la région qui risque de rater le virage de la productivité du XXIe siècle.
Selon les données recueillies, à peine 21,7 % des entreprises investissent dans le capital physique (machines, outils, infrastructures), et seulement 14,5 % offrent des formations structurées à leurs employés. C’est deux fois moins que la moyenne observée dans les pays à revenu intermédiaire. Quant à l’innovation, elle est quasi absente : très peu d’entreprises déposent des brevets ou investissent dans la recherche-développement.
Ce manque d’investissement est paradoxal. Car les entreprises elles-mêmes souffrent d’un environnement instable, de chocs successifs (pandémies, conflits, climat), d’une demande erratique… Autant de facteurs qui devraient les inciter à se transformer pour survivre. Or, elles choisissent souvent la frilosité plutôt que la prise de risque.
Ce choix n’est pas toujours une erreur de stratégie, mais une réponse rationnelle à un écosystème décourageant. Dans de nombreux pays de la région, les incitations à l’investissement sont faibles, les financements rares, et les retours sur investissement incertains. À quoi bon acheter une nouvelle machine si l’accès au marché est bloqué par une entreprise d’État, ou si la corruption fausse les règles du jeu ?
Le rapport souligne également que la gestion interne est souvent obsolète. Peu d’entreprises mettent en œuvre des pratiques modernes de management. Pourtant, selon les économistes, l’amélioration de la gestion pourrait combler jusqu’à un tiers du retard de productivité par rapport aux pays développés. Le problème n’est donc pas uniquement technologique ou financier : il est aussi humain et organisationnel.
Le cas du Maroc est instructif. Selon les données disponibles, les entreprises les plus productives ne parviennent pas à s’imposer sur le marché, faute d’un cadre favorisant la croissance organique. Ailleurs, comme en Tunisie, les entreprises les plus performantes parviennent à capter plus de parts de marché, mais sans gains significatifs d’efficacité technique. Ce déséquilibre témoigne d’un système économique mal calibré, incapable de récompenser l’effort d’innovation.
Pour relancer l’investissement privé, la Banque mondiale préconise un triptyque d’actions :
assainir l’environnement des affaires (réduction des coûts de conformité, lutte contre la corruption) ;
favoriser l’accès au financement, notamment pour les PME innovantes ;
réformer la politique industrielle pour qu’elle cesse de favoriser les acteurs en place et soutienne les initiatives émergentes.
En somme, investir est aujourd’hui un acte de résistance. Dans une région où l’État est omniprésent, où la rente prévaut souvent sur le mérite, et où l’incertitude est la norme, ceux qui osent innover sont des pionniers. Mais si ces pionniers restent seuls, c’est toute la région qui risque de rater le virage de la productivité du XXIe siècle.
Et si le vrai problème n’était pas le manque d’investissement, mais la qualité de la croissance attendue en retour ?
Dans plusieurs pays de la région, des entreprises ont investi massivement dans des machines, des bâtiments ou des services numériques… sans pour autant créer plus d’emplois, ni améliorer la qualité de vie. L’innovation, lorsqu’elle est mal orientée, peut aggraver les inégalités.
Autre angle mort du raisonnement : l’hypothèse que toute entreprise veuille et doive croître. Or, dans des économies fragiles, marquées par l’instabilité, la prudence peut être une stratégie de survie rationnelle. Pourquoi embaucher, former ou innover quand l’avenir est incertain, les clients volatils, et l’État peu fiable ?
Enfin, on oublie que certaines formes d’innovation ne passent ni par la technologie, ni par les brevets. L’innovation sociale, les circuits courts, les modèles coopératifs ou solidaires sont souvent absents des radars de la Banque mondiale. Pourtant, ce sont parfois ces alternatives discrètes qui reconstruisent le lien entre économie et société.
En définitive, ce n’est pas tant l’investissement qu’il faut stimuler, mais l’imaginaire économique. Celui où la réussite ne se mesure pas uniquement en croissance du chiffre d’affaires, mais en bien-être collectif et en résilience à long terme.
Autre angle mort du raisonnement : l’hypothèse que toute entreprise veuille et doive croître. Or, dans des économies fragiles, marquées par l’instabilité, la prudence peut être une stratégie de survie rationnelle. Pourquoi embaucher, former ou innover quand l’avenir est incertain, les clients volatils, et l’État peu fiable ?
Enfin, on oublie que certaines formes d’innovation ne passent ni par la technologie, ni par les brevets. L’innovation sociale, les circuits courts, les modèles coopératifs ou solidaires sont souvent absents des radars de la Banque mondiale. Pourtant, ce sont parfois ces alternatives discrètes qui reconstruisent le lien entre économie et société.
En définitive, ce n’est pas tant l’investissement qu’il faut stimuler, mais l’imaginaire économique. Celui où la réussite ne se mesure pas uniquement en croissance du chiffre d’affaires, mais en bien-être collectif et en résilience à long terme.












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