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Joe Biden : Ci-gît le néolibéralisme

Quand "sleepy Joe" se réveillera, l'Amérique tremblera




A lire ou à écouter en podcast :

joe_biden_ci_git_le_neoliberalisme.mp3 Joe Biden Ci-gît le néolibéralisme.mp3  (6.95 Mo)

Depuis la fin des années 1970 dans le monde anglo-saxon - et depuis les années 1990 en Europe -, le terme « néolibéralisme » dénommé aussi « ultralibéralisme » ou même « hyperlibéralisme » fait référence à des politiques libérales sur le plan économique, en réaction contre les idées keynésiennes et d'une façon plus générale contre l'intervention de l'État.

Cette doctrine inspire Margaret Thatcher au Royaume-Uni, Ronald Reagan aux États-Unis dans les années 1980.
 
Il s'agissait de promouvoir un libéralisme renouvelé dans sa pensée reposant sur deux piliers majeurs : le monétarisme et l'économie de l'offre.
 
Puis l’histoire s'accélère dans un seul sens : chute du mur de Berlin, dislocation du bloc de l'Est, mondialisation, libre échange, globalisation pour être illustrée par l’essai “La Fin de l'histoire et le Dernier Homme" du politologue américain Francis Fukuyama publié en 1992 qui affirma que la fin de la guerre froide marque la victoire idéologique de la démocratie et du libéralisme sur toutes les autres idéologies politiques.
 
Cette pensée magique, à laquelle finiront par adhérer aussi bien les démocrates de Clinton, les socio-démocrates, mais aussi les socialistes, réhabilitera sans résistance “La "main invisible" d'Adam Smith” (1723-1790) :
 
Il existe un processus naturel par lequel la recherche par chacun de son intérêt personnel concourt à l'intérêt général.

Le mobile "égoïste" qui amène chaque individu à améliorer sa situation économique engendre donc au plan national des effets bénéfiques en réalisant l'intérêt général comme si les individus étaient "conduits" à leur insu par une "main invisible."

Cette main est un véritable mécanisme autorégulateur du marché qui permet, grâce à la concurrence, une utilisation optimale des ressources productives.

Il convient de ne pas faire intervenir l'Etat au niveau économique pour ne pas perturber cet ordre naturel spontané fondé sur l'intérêt personnel de chaque individu.
 
Pour gérer cette fin de l’histoire et cette main invisible, les cercles de la raison vont instaurer le G7, le G20 et le forum de Davos.
 
Pendant ces “dix-sept glorieuses” (1990-2006) , les pays de l’OCDE sont hypnotisés par les marchés financiers et sous-traitent l'économie réelle aux pays soit disant émergents selon une nouvelle répartition du travail.
 
Aveuglés par une croissance mondiale soutenue, ils ignoreront allègrement et sciemment les signaux faibles de l’explosion des inégalités à travers le monde pourtant bien renseignée par l’indice de Gini.
 
Au-delà de la bulle internet (2000), ce monde développé sera pourtant sérieusement averti en 2007 par la crise des subprimes et la crise bancaire et financière de l'automne 2008 qui s’en est suivi.
 
Personne ne voulait gâcher la fête.
 
Il aura valu cette crise cardiaque mondiale (crise Covid-19) , la parenthèse Trump et l’arrivée du 46e président des Etats-Unis, le démocrate Joe Biden pour enterrer ce capitalisme idiot et débridé.
 
Faut-il y croire vraiment ? Où ne suis-je que le naïf de service !
 
Soyons factuels, il y a bien un changement de paradigme à la maison blanche avec une présidence transformationnelle digne du New Deal de Roosevelt ou du moins de la grande société de Johnson.
 
En à peine 100 jours, les curseurs ont tous bougé :
 
Le président américain a posé d’emblée cinq objectifs :
1- Relancer rapidement l’économie après la pandémie avec un énorme plan de soutien, quitte à provoquer la surchauffe
2- Accroître le potentiel de croissance de long terme avec des investissements publics massifs
3- Réduire les inégalités sociales en taxant les riches, particuliers et entreprises, tout en menant
4- Mener une lutte sévère contre les paradis fiscaux.
5- Investir massivement dans un Green deal
 
Ce n’est plus des promesses électorales d’un président de transition qui se contenterait de gérer les affaires courantes et de préparer la vraie échéance de 2024.
 
Non, les arbitrages, les lois, les décrets se succèdent entre le sénat et le congrès, elles sont adoptées sans grande résistance.
 
Sur la rigueur budgétaire : le congrès vient de voter un plan de relance de 1900 Milliards de dollars, 9 % du PIB et on programme déjà un grand programme d’infrastructures de 3 000 Milliards de dollars.
 
Sur la fiscalité et les impôts : leurs augmentations sont annoncées sur les entreprises et les grandes fortunes.
 
Sur la demande et le pouvoir d’achat : les personnes gagnant moins de 75 000 dollars par an et les couples mariés dont les revenus ne dépassent pas 150 000 dollars (125 800 euros) annuels recevront ainsi prochainement des chèques de 1 400 dollars par personne. Le projet de loi prévoit également 1 400 dollars par personne à charge.
L’administration Biden cible les familles les plus modestes en leur accordant des crédits d’impôt substantiels. Un projet de loi prévoit 3 600 dollars pour les enfants jusqu’à 5 ans et jusqu’à 3 000 dollars pour les enfants de 6 à 17 ans. Les crédits d’impôt seront disponibles pour tous les Américains avec enfants quel que soit leur revenu.
 
Sur la dette : L’augmentation rapide de la dette n'inquiète même plus les économistes conservateurs qui acceptent même le principe de lutter contre l’optimisation fiscale.
 
Sur le libre-échange et la mondialisation : l’une des premières mesures du nouveau gouvernement a été de renforcer la législation protectionniste du Buy American Act qui restreint l’accès des produits étrangers aux marchés publics.
 
Sur la classe moyenne : la crise de la classe moyenne devient l’Alpha et l'Oméga des débats de l'établissement politique et médiatique et on parle d’une politique étrangère pour la classe moyenne.
 
Sur une politique industrielle : Colbert chez l’Oncle Sam, on ose parler d’une politique industrielle.
 
Sur la gouvernance mondiale : rapidement, la nouvelle présidence réintègre l’OMS, la commission des droits de l’homme des nations unis, l’accord de Paris sur le climat et cherche à renouer les liens dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien. Le reste suivra.
 
Sur les relations internationales avec :
 
L’Europe : rassurer le vieux continent en réaffirmant l’engagement américain dans l’OTAN en exigeant le soutien face à la chine
 
La Chine : définir un Modus Vivendi sur la base du nouveau rapport de force et trouver le bon équilibre entre endiguement et dialogue
 
La Russie : la nouvelle administration est convaincue qu’aucune coopération n’est possible avec le président Poutine.
 
Sur le fond et la forme, la politique initiée est audacieuse, cette administration agit rapidement, accélère avec succès le plan de vaccination massive pour réussir la séquence de la relance Post Covid.
 
L'ère du néolibéralisme et du néoconservatisme semble provisoirement révolue de l'autre côté de l'atlantique, mais encore faut-il réussir et éviter certaines dérives pour se préserver contre tout retour du balancier.

Adnane Benchakroun  
 
 
 
 
 
 




Dimanche 2 Mai 2021


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