Le Maroc, historiquement connu pour ses cultures de cannabis dans les régions de Taounate, Chefchaouen, et Al Hoceima, semble maintenant déterminé à canaliser ce secteur vers des fins médicales et industrielles. L'ANRAC a distribué 2 737 autorisations à 2 637 agriculteurs pour la culture et la production de cannabis. De plus, 168 autorisations ont été octroyées à divers opérateurs, incluant un établissement pharmaceutique, 16 coopératives, 37 sociétés et 7 personnes physiques pour différentes activités comme la transformation, la commercialisation, l'exportation, et l'importation de semences.

Les produits dérivés du cannabis, régulés minutieusement, comprennent 11 articles cosmétiques et d'hygiène corporelle, ainsi que 31 compléments alimentaires. Ces articles ont été développés à partir de la récolte légale de 2023 et sont actuellement en cours d'enregistrement. Le ministère de la Santé a déjà délivré 7 certificats d’enregistrement pour ces produits, deux pour des tisanes et cinq pour des produits cosmétiques.

Les exportations, un nouvel horizon pour l'industrie du cannabis marocain, commencent également à prendre forme. En avril 2024, un opérateur et une coopérative ont exporté 65,5 kg de produits de cannabis vers la Suisse, incluant de la résine de CBD à faible teneur en THC et des fleurs de cannabis. Ces initiatives ne sont que le début, avec d'autres opérations d'exportation actuellement en phase finale de finalisation.

Ce développement fulgurant du secteur du cannabis au Maroc est particulièrement remarquable. Il s'inscrit dans une stratégie plus large visant à réguler et à exploiter de manière responsable et profitable une culture historiquement liée à des pratiques illégales et à des réseaux de contrebande. Par cette régulation, le Maroc espère non seulement contrôler mais aussi bénéficier économiquement d'une industrie en pleine expansion mondiale, tout en assurant un cadre légal et sécuritaire pour sa production et sa commercialisation.

Cette transformation est soutenue par des entités comme l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), qui joue un rôle crucial dans l'autorisation de l'utilisation des semences, essentielle pour garantir la qualité et la sécurité des produits. Avec 73 autorisations d'utilisation de la semence Beldia pour une superficie totale de 1.262 hectares, l'ONSSA contribue à assurer que les produits du cannabis marocain répondent aux normes internationales de sécurité et de qualité.

En somme, le Maroc est à la pointe d'un mouvement qui pourrait voir le cannabis légal devenir un pilier de son économie agricole. L'évolution rapide des autorisations et des superficies cultivées témoigne de l'ambition du royaume de devenir un acteur majeur dans ce secteur à l'échelle globale. La régulation scrupuleuse, la diversification des produits et l'ouverture sur les marchés internationaux sont des indicateurs que le Maroc pourrait bien réussir son pari de modernisation et d'innovation dans le domaine du cannabis.