Par Dr Az-Eddine Bennani
Cette question est cruciale car elle ne concerne pas seulement les usages techniques, mais la finalité même de l’éducation. L’IAG met en tension deux visions : celle qui met l’accent sur la pédagogie et celle qui se concentre sur les enjeux systémiques et culturels.
Préserver l’acte d’apprendre
Or, c’est précisément dans ces moments d’incertitude et d’effort que l’élève forge sa pensée, développe son esprit critique et découvre sa propre capacité à comprendre. Pour Philippe Meirieu, l’IAG ne doit pas être bannie, mais intégrée avec vigilance dans une pédagogie exigeante. L’enseignant doit rester médiateur, garant de la rencontre entre l’élève et le savoir, en veillant à ce que la machine ne court-circuite pas le processus d’apprentissage mais le soutienne.
Dans cette perspective, l’IAG est un outil comme d’autres avant elle - le livre, la télévision, l’ordinateur. Ce qui compte, c’est la manière dont on l’inscrit dans une démarche éducative cohérente, et la capacité des enseignants à en faire un levier d’émancipation plutôt qu’une facilité trompeuse.
Penser la souveraineté cognitive
Les modèles d’IAG actuellement disponibles sont conçus ailleurs, dans des environnements culturels et économiques dominés par les grandes plateformes mondiales. Ils véhiculent des visions du monde, des biais linguistiques, des priorités éducatives qui ne correspondent pas toujours aux nôtres. En les adoptant sans recul, nous courons le risque d’une dépendance cognitive, où nos élèves penseraient avec des catégories forgées en dehors de nos contextes nationaux, culturels et linguistiques.
C’est pourquoi j’affirme que la question de l’IAG à l’école est aussi une question de souveraineté cognitive. Nous devons développer des usages éducatifs de l’IA adaptés à nos langues, à nos cultures et à nos programmes. Le Maroc, comme les autres pays du Sud, ne peut pas se contenter d’importer des solutions toutes faites. Il doit concevoir ses propres outils, former ses enseignants à des usages critiques et bâtir une gouvernance éducative capable de préserver l’autonomie de pensée des générations futures.
Deux voix, une même alerte
En conjuguant ces deux regards, on comprend que la véritable question n’est pas seulement : « comment utiliser l’IAG en classe ? », mais bien : « quelle école voulons-nous construire avec l’IAG ? ».
Une école qui ne renonce pas à l’effort d’apprendre, où la machine accompagne l’élève sans le remplacer. Une école qui refuse la dépendance cognitive et construit ses propres outils. Une école qui reste un lieu d’émancipation, d’esprit critique et d’ouverture sur le monde.












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