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L’épargne, ce gisement dormant. Des pistes pour le basculer de la latence à l’efficience


Un véritable gisement d’argent qui est même sérieusement exposé à l’érosion par le superflu courtermiste, le fisc, l’inflation, la Zakat et la perte d’opportunités fructifiantes.



Par Najib Mikou

Il est des chiffres tellement visibles, tellement là depuis longtemps, qu’ils sont finalement devenus de simples chiffres parmi d’autres sans plus, qu’on ne voit même plus.

Et pourtant, ces chiffres constituent un atout considérable pouvant permettre de cultiver et de construire des chemins complémentaires de prospérité individuelle et collective.

Je veux parler ici de l’épargne détenue par nos concitoyens au Maroc et nos MRE, qui atteint près de 1000 milliards de dirhams. Ce qui correspond à près de 80%, oui près de 80% du PIB national. Ce qui correspond aussi, à 100% de la dette intérieure et extérieure du pays. Ce qui correspond également au double de l’ensemble de nos importations et à plus que le triple de toutes nos exportations.

Un véritable gisement d’argent malheureusement dormant, qui peut certes, conférer une assurance psychologique et sociale à ses détenteurs, mais qui ne sert visiblement ni sa nécessaire et légitime propre fructification ni encore moins, le développement économique et social du pays.

Un véritable gisement d’argent qui est même sérieusement exposé à l’érosion par le superflu courtermiste, le fisc, l’inflation, la Zakat et la perte d’opportunités fructifiantes.

Ceci dit, il serait inapproprié, injuste, même maladroit, d’accabler nos épargnants par des leçons faussement patriotiques ou économiques moralisatrices, en leur reprochant de ne pas investir leurs “billes” ou en leur rappelant des lapalissades inappropriées.

Faut-il rappeler ici que nos épargnants expriment déjà leur plus grande confiance en leur pays et leur plus grand attachement à lui :

soit en transférant, dans le cas des MRE, une centaine de milliards de dirhams en devises chaque années, vers le système bancaire national, sans jamais être tentés de les garder dans leurs pays d’accueil ; soit en tenant, dans le cas des Résidents Nationaux (RN) à garder leur argent dans leur propre pays sans jamais être tentés, sauf pour de très rares cas insignifiants, de le faire migrer d’une façon ou d’une autre à l’étranger.

Disons-le sans détour ni ménagement : si nous avons autant d’argent dormant chez nous, s’il n’est pas du tout fructifié et si notre pays n’en profite pas tel qu’il se doit, c’est que l’épargnant n’a pas d’offres crédibles et adaptées pour le sortir de son sommeil.

S’il est par conséquent, une des urgences maximales pour notre pays, c’est bien de développer une offre innovante, attrayante, stimulante rassurante pour cette épargne qui est là à portée de main, et qui ne demande qu’à être mobilisée au grand profit de notre développement collectif et des épargnants eux-mêmes.

Pour y parvenir, il faudrait inéluctablement “sortir du carré” pour se libérer un tant soit peu, de la dictature vicieuse et aveuglante du quotidien, de la trilogie insidieuse et récurrente : “défi-urgence-solutions”.

Un levier majeur et cinq propulseurs, peuvent être notamment, déployés à très court terme, dans cet état d’esprit :

Concernant le levier, il s’agit de la nouvelle Charte d’Investissement voulue et insufflée par la Vision et les Ambitions de Sa Majesté Le Roi pour l’Economie nationale, en termes de libération des énergies et d’incitation à l’investissement, en vue d’une création massive d’emplois, de la création d’une forte plus-value locale, de l’atteinte de l’équité et de l’équilibre entre l’ensemble de nos territoires, et du développement des exportations.

Elle est de nature à ouvrir de véritables autoroutes d’opportunités que nos épargnants notamment, pourraient emprunter avec enthousiasme et assurance;

Quant aux cinq propulseurs, il s’agit de :

1- l’activation de la réforme et de la dynamisation de la Place boursière de Casablanca, qui doit s’élever au rang devant nécessairement être le sien, de lieu stratégique important, de financement de notre Économie, à travers une rencontre fluide et attrayante entre détenteurs d’épargnes et demandeurs de financement en dehors du système bancaire.

Parmi le dispositif de dynamisation que j’ai eu à proposer dans des publications antérieures pour ce faire, il est question notamment, de trois créneaux :

-Ouvrir le Capital de grands organismes publics correspondant à un profil particulier, à l’épargne nationale, dans le cadre d’une vision claire et d’un calendrier opportun.

-Créer de multiples Fonds Souverains nationaux et régionaux, par objectif et vocation, qui soient côtés en bourse et ouverts à l’épargne nationale, selon des conditions d’entrée persuasives et de sorties dissuasives sur le court terme.

-Encourager, favoriser et activer ici et maintenant, l’introduction en bourse de grandes et moyennes sociétés privées, relevant de capitaux aussi bien nationaux qu’étrangers.

2- la multiplication de fonds d’investissement privés dûment agréés par l’Etat, qui s’engagent dans l’Economie réelle et qui soient ouverts même aux petits et moyens épargnants.

3- l’incitation à la création de multiples Sociétés de Mutualisation et de Commercialisation (SMC), regroupant le plus grand nombre de TPME, dont le rôle est de mutualiser aussi bien les approvisionnements que les ventes de leurs actionnaires, comme moyen innovant, d’améliorer considérablement leurs conditions de financement, leur compétitivité et leurs chances d’accéder aux marchés publics et privés, au Maroc et à l’international.

Le Capital des SMC devra être ouvert aux épargnants de toutes tailles, afin de leur permettre de s’en servir comme source stable de financement de leur développement, et de permettre aux épargnants de tirer profit de secteurs et de sociétés dynamiques et à fort potentiel, sans pour autant qu’ils soient des opérateurs économiques de terrain.

Ces SMC devraient être conçues et gérées dans la perspective d’être introduites en bourse, comme moyen de renforcement de leur transparence et de leur ouverture permanente à une source de financement accessible en temps réel.

4- l’invention d’un dispositif fiscal très attrayant et adapté aux besoins de nombreux épargnants très conservateurs, comme levier d’incitation à davantage d’épargne et d’acheminement de cette épargne vers la sphère longtermiste.

5- la création d’un Centre d’Incubation de Projets et d’Accompagnement (CIPA), par banque ou interbancaire, qui soit dédié à l’investisseur en général, et à l’épargnant en particulier.

Son spectre de couverture devra s’étendre de la fourche à la fourchette, de la formulation et de la maturation de l’idée embryonnaire jusqu’à sa concrétisation et sa matérialisation effective.

Il est à admettre que l’enjeu financier, économique et social, dont on parle ici, est d’autant plus important qu’il constitue un atout considérable pour le développement de notre pays.

Nos 1000 milliards de dirhams dormants, nécessitent et méritent incontestablement, beaucoup d’imagination et d’innovation pour qu’on parvienne à les faire basculer de l’inertie à l’énergie, du potentiel au réel, de la latence à l’efficience.

Rédigé sur Najib Mikou par Najib Mikou



Dimanche 10 Avril 2022


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