Les jeux vidéo sont devenus un poison global.
Au Maroc, ce phénomène a pris une tournure institutionnelle. Le ministre de la Jeunesse, Mohamed Mehdi Bensaid, érige le gaming en symbole de modernité, en industrie culturelle prometteuse. Mais derrière le discours de l’innovation se cache un renoncement : on remplace la culture par le divertissement, la lecture par le réflexe, la maison de jeunes par la salle d’écran. Pendant qu’on finance les tournois, on laisse dépérir les bibliothèques. Pendant qu’on flatte les gamers, on oublie les lecteurs. L’hypnose devient une politique publique.
Karl Marx, s’il observait ce monde, y verrait une mutation de son diagnostic :
Il croit posséder des armes, mais il est désarmé. Chaque partie gagnée renforce son impuissance politique, chaque victoire virtuelle renvoie à sa défaite réelle. Marx verrait dans le jeu vidéo l’opium ultime, celui qui ne promet plus le paradis céleste, mais l’illusion d’un pouvoir sans conséquence, d’une liberté sans monde.
Sigmund Freud, lui, analyserait le phénomène sous l’angle du désir et du refoulement.
Le capitalisme contemporain, en parfait disciple de ces deux penseurs malgré lui, a compris la leçon. Il a fusionné l’analyse marxiste et la psychanalyse freudienne pour en tirer une arme économique et culturelle redoutable : la production industrielle du désir d’oubli. On ne vend plus seulement des produits, on vend des états psychiques, la distraction, la suspension du réel, la gratification instantanée. Les multinationales du gaming ne vendent pas des jeux : elles vendent des anesthésiants émotionnels, calibrés pour apaiser l’angoisse d’une génération privée d’avenir.
Mais l’histoire, comme toujours, prépare son retournement.
L’hypnose des peuples n’est donc pas éternelle. Chaque pixel finit par éblouir trop fort, chaque victoire simulée finit par sonner creux. La jeunesse, cette multitude silencieuse qu’on croyait endormie, se redresse peu à peu, consciente que le vrai jeu n’est pas celui des écrans, mais celui du monde réel, là où la liberté se gagne pour de bon, sans manette et sans illusion.
PAR RACHID BOUFOUS/FACEBOOK.COM












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