25,3 milliards de dirhams : le coût des inégalités de genre
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée le 8 mars, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a présenté, lors d’une conférence tenue à Rabat, les conclusions de trois études consacrées à l’impact économique de l’inclusion des femmes rurales. Ces travaux, menés sur plusieurs années, mettent en lumière un potentiel économique considérable : une contribution supplémentaire de 25,3 milliards de dirhams au PIB national pourrait être atteinte grâce à une meilleure intégration des femmes vivant en milieu rural dans les circuits économiques.
Ce chiffre impressionnant repose sur une hypothèse simple mais ambitieuse : si les femmes rurales bénéficiaient des mêmes opportunités économiques que les hommes, en termes d’accès à l’emploi, de formation et de soutien entrepreneurial, leur participation accrue au marché du travail aurait des retombées significatives sur l’économie nationale. Actuellement, le taux d’activité des femmes rurales reste dramatiquement faible, plafonnant à moins de 20 %, contre plus de 70 % pour les hommes dans les mêmes zones. Cette disparité reflète des décennies d’inégalités structurelles, exacerbées par des facteurs tels que l’analphabétisme, le manque d’infrastructures et les normes socioculturelles restrictives.
Les études du HCP soulignent également que l’autonomisation économique des femmes rurales ne se limite pas à un enjeu financier. Elle constitue un levier puissant pour réduire la pauvreté, améliorer les conditions de vie des ménages et renforcer la résilience des communautés face aux défis climatiques et économiques. Les femmes rurales, souvent impliquées dans des activités agricoles ou artisanales, jouent un rôle clé dans la sécurité alimentaire et la préservation des savoir-faire locaux. Pourtant, leur contribution reste largement sous-estimée et sous-valorisée.
Pour concrétiser ce potentiel, plusieurs pistes d’action ont été proposées lors de la présentation des études. Parmi elles, l’amélioration de l’accès des femmes rurales à l’éducation et à la formation professionnelle est apparue comme une priorité absolue. En parallèle, le développement d’infrastructures de transport et de garde d’enfants pourrait lever certains des obstacles pratiques qui freinent leur participation au marché du travail. Enfin, le soutien à l’entrepreneuriat féminin, notamment à travers des programmes de microcrédit et des coopératives, pourrait offrir des opportunités concrètes d’émancipation économique.
Ces recommandations s’inscrivent dans une dynamique globale, alors que le Maroc s’efforce de réduire les inégalités de genre dans le cadre de ses engagements internationaux. Cependant, les experts rappellent que les progrès dans ce domaine nécessitent une volonté politique forte et une mobilisation de tous les acteurs, des institutions publiques aux organisations de la société civile.
En conclusion, l’inclusion des femmes rurales représente bien plus qu’un enjeu économique : c’est une question de justice sociale et de développement durable. À l’heure où le Maroc aspire à devenir un modèle de croissance inclusive en Afrique, investir dans le potentiel des femmes rurales apparaît comme une évidence. Le chiffre de 25,3 milliards de dirhams n’est pas seulement une projection : c’est un appel à l’action.












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