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L'ingénieur marocain et la souveraineté industrielle


Heureuse initiative que celle de l'Alliance des ingénieurs istiqlaliens avec son "Ftour- débat", le 13 avril courant, à Casablanca sur le thème : "L'ingénieur marocain au cœur de la souveraineté industrielle".
Une rencontre que l'on doit à Anouar Alami Ismaïli et qui a été rehaussée par Ryad Mezzour, ministre de l'industrie et du commerce - lui-même ingénieur de l'Ecole polytechnique de Zurich- avec la participation de Karim Cheikh président du GIMAS (Groupement des industries marocaines de l'Aéronautique et du Spatial - groupe français IFG) et d'Abdelkarim Ait Brik (directeur général à COMECA Group).



Par Mustapha Sehimi

Le ministre a dressé un large tour d'horizon de l'état des lieux à propos de cette problématique. Parler de souveraineté industrielle, ce n'est pas céder à la fermeture, le Maroc étant ouvert à l'international depuis plusieurs décennies. De grands programmes d'infrastructures ont été réalisés dans de nombreux domaines. Des efforts redoublés ont été déployés ; des arbitrages ont été faits aussi. Il faut désormais " gagner en compétitivité mais aussi la bataille de l'emploi". 

Or, il se trouve que l'industrie n'a pas créé beaucoup d'emplois. D'où la nécessité de prioriser ce secteur, un emploi industriel générant quatre à cinq emplois indirects. Et là, la place et le rôle de l'ingénieur sont en première ligne pour promouvoir des process innovants. Aujourd'hui, les secteurs de l'automobile et de l'aéronautique figurent en bonne place dans le basculement industriel du Maroc : ils sont devenus une "vitrine" ; ils traduisent bien un "saut qualitatif".

Le secteur automobile a créé 180.000 emplois, ce qui conduit pratiquement à un plein emploi à Tanger. " J'ai 400.000 emplois à créer d'ici 2026", a-t-il précisé. Et d’ajouter : " J'ai signé pour 43.000 emplois pour six mois. Il y a aussi à terme 80.000 nouveaux emplois liés à 900 projets dont 90 % sont par des opérateurs marocains". Un écosystème est là, vecteur de développement : 250 usines et équipementiers marocains, un taux d'intégration de 63 %, une valeur ajoutée de 43 % et des exportations dans 74 pays. Des indicateurs bien au-dessus de ceux de l'agro-industrie où la valeur ajoutée ne dépasse pas 25%.

L'aéronautique est également un secteur emblématique à cet égard. Là aussi, c'est un modèle d'intégration (40 %). Le paysage économique du Maroc se transforme : Tanger bien sûr, mais aussi Casablanca avec un bon millier d’ingénieurs dans chacun des deux secteurs, automobile et aéronautique. "Dans trois ou quatre ans, a ajouté Ryad Mezzour, il y aura 100.000 techniciens supérieurs et ingénieurs dans tout le Maroc pour deux secteurs seulement (automonile et aéronautique).

En même temps, va s'opérer une montée en gamme avec pour objectif le redéploiement de la politique industrielle dans les territoires, là où le coût de la vie est moins élevé. "Il s'agit, a-t-il poursuivi, d’améliorer la compétitivité industrielle et d'investir dans des bassins d'emplois régionaux par des programmes de relocalisation. Il a plaidé encore pour que les opérateurs marocains se tournent davantage vers l'industrie et ce avec une nouvelle culture entrepreneuriale ; une transition qui doit permettre de basculer de l'immobilier vers l'industrie.

Enfin, à ses yeux, le capital humain, est un facteur décisif du développement. Les investisseurs étrangers sont d’ailleurs largement satisfaits de la qualité de la main-d’œuvre marocaine - un atout à valoriser en consolidant et en réformant le grand chantier de refonte du système éducatif.

Montée en compétences

Abdelkarim Cheikh (GIMAS) a mis en relief plusieurs points: 1a montée en gamme aussi du secteur aéronautique ; l'écosystème créé aujourd'hui avec pas moins de 140 entreprises, surtout des PME ; la qualification auprès des constructeurs pour ce qui est des pièces moteur, l'éligibilité à des projets d'avion d'avenir ; la formation de 2.000 jeunes… Quant à Abdelkarim Brik (directeur général à COMECA Group), il a fait référence à un processus de "montée en compétences". L'ingénieur doit être polyvalent pour assumer les multiples tâches dans l'unité de production.

Cela dit, de nombreuses interrogations ont été soulevées lors du débat. Quel doit être le profil de l'ingénieur de demain ? Un innovateur avec l'ambition de créer de nouveaux produits technologiques ? Ou un ingénieur œuvrant dans les chantiers nationaux (électricité, autoroutes, infrastructures ...) ? Un ingénieur partie prenante dans l'entreprise sans se soucier de son développement technologique ? Ou un profil avec une valeur ajoutée permettant de répondre aux défis du Maroc d'aujourd'hui ? Autres interrogations à relever.

La première a trait à la nécessité de la représentation des ingénieurs marquée par 1a fragmentation et même l'éclatement. Il faudra bien arriver à la mise sur pied d'un ordre des ingénieurs Marocains. Cela permettrait de dépasser bien des corporatismes (amicales, anciens élèves...) et de mettre de l'ordre dans un secteur où officient des "techniciens", souvent autoproclamés, retranchés dans des "bureaux d'études" ... 

La seconde, elle est celle-ci : que faire pour la fuite des compétences avec quelque 600 ingénieurs par an qui s'installent à l'étranger ? Le corps des ingénieurs ? Il jouit d'une bonne image de marque auprès de l'opinion publique, à la différente d'autres professions libérales… C'est ce capital -là, servi par des valeurs, une éthique, la compétence et l'expertise qu'il faut conforter.

Et valoriser. Il est en effet, légitimement, l'une des composantes du patrimoine immatériel - ce qui distingue le Royaume par rapport à tant d'autres pays de latitude maghrébine, arabe ou continentale...

Rédigé par Mustapha Sehimi sur Quid 



Mardi 19 Avril 2022


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