I. Les causes profondes de la défiance
Les citoyens constatent depuis longtemps un décalage entre les promesses électorales et leur mise en œuvre. Les slogans évoquent emploi, santé, éducation et justice sociale, mais peu de résultats concrets suivent. Ce décalage alimente un sentiment d’illusion, voire de trahison, qui nourrit l’abstention.
2. L’efficacité institutionnelle remise en cause:
Au-delà des partis, c’est la capacité des institutions à répondre aux attentes du quotidien qui est questionnée. Lenteurs administratives, bureaucratie complexe, absence de reddition des comptes : autant de facteurs qui donnent l’image d’un appareil inefficace et éloigné des réalités des citoyens confrontés au chômage, à l’inflation et aux disparités régionales.
3. Un système partisan discrédité:
La défiance s’explique aussi par les pratiques internes aux partis :
-Le soutien à des candidats non militants : dans le cadre des listes électorales, plusieurs partis& investissent des personnalités sans expérience politique ni engagement partisan, mais disposant de moyens financiers.
L’objectif est d’obtenir plus de sièges au Parlement, quitte à sacrifier la compétence professionnelle et académique.
-Le détournement des quotas de jeunes et de femmes :
Censés renforcer la représentativité, ces mécanismes sont souvent utilisés à des fins de népotisme, en plaçant proches et membres de familles des dirigeants en tête de liste. Une pratique qui dénature l’esprit démocratique de ces quotas et nourrit le rejet.
-Le manque de supervision et de suivi : Après les élections, nombre d’élus disparaissent de leurs circonscriptions. Le contact avec les citoyens est souvent limité aux périodes de campagne, renforçant l’image d’une politique opportuniste et intéressée.
4. Une jeunesse en rupture:
Les jeunes, qui représentent la majorité de la population, sont paradoxalement la minorité politique. Beaucoup ne croient plus au vote comme outil de changement, préférant s’exprimer via les réseaux sociaux. Cette fracture générationnelle est un signe inquiétant d’un système politique incapable de capter les aspirations d’une jeunesse connectée et exigeante.
II. Facteurs aggravants récents
La crise sanitaire a accentué les attentes sociales : meilleure couverture médicale, protection de l’emploi, réduction des inégalités. Or, la gestion de cette crise a été perçue comme technocratique, sans véritable rôle des partis, renforçant l’idée de leur marginalité.
2. La montée des réseaux sociaux
Les plateformes numériques sont devenues l’espace principal de débat et de contestation. Elles permettent de dénoncer et de mobiliser, mais aussi de diffuser rumeurs et discours de rejet. Pour beaucoup de jeunes, la politique réelle se joue désormais davantage sur TikTok ou Facebook que dans les urnes.
III. Quelles pistes pour reconstruire la confiance ?
-Renouveler les élites et privilégier la compétence, l’intégrité et l’engagement militant plutôt que l’argent.
-Donner une place réelle aux jeunes et aux femmes, non comme figures symboliques mais comme acteurs de la décision.
2. Améliorer la gouvernance et la transparence:
-Instituer des mécanismes de reddition des comptes.
-Publier régulièrement les résultats des politiques publiques.
-Développer une communication claire et continue avec les citoyens.
3. Répondre aux attentes prioritaires:
Les citoyens attendent des solutions concrètes à leurs préoccupations :
-Emploi des jeunes, éducation de qualité, santé et protection sociale.
-Réduction des inégalités territoriales.
-L’intégration de la culture entrepreneuriale dans l’éducation et l’adaptation de la formation aux besoins réels du marché du travail doivent devenir des axes stratégiques.
4. Valoriser la participation citoyenne:
La démocratie ne peut se résumer à un scrutin tous les cinq ans. Il est nécessaire de créer :
-Des forums citoyens locaux.
-Des plateformes numériques de consultation.
-Des mécanismes associatifs de suivi des politiques publiques.
En conclusion : la défiance des Marocains envers les partis politiques et les institutions n’est pas une fatalité, mais un signal d’alarme.
Pour rétablir la confiance, il faut un nouveau pacte démocratique : des partis crédibles et transparents, des élus engagés et présents, des politiques centrées sur l’emploi, l’éducation et la justice sociale, et une participation citoyenne active tout au long du mandat.
Le Maroc ne pourra relever ses défis qu’en reconstruisant ce lien de confiance, condition essentielle pour donner aux urnes toute leur valeur et à la démocratie toute sa légitimité.
Par Abdelghani El Arrasse












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