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Yonaguni, une petite île japonaise limitrophe de Taïwan, avec une superficie de 28,8 km² et une population de moins de 1 723 habitants, pourrait-elle être le catalyseur d’une aggravation des tensions entre le Japon et la Chine ?
Le 25 novembre, le Japon y a déployé des avions militaires après le repérage d’un drone chinois survolant l’espace maritime séparant l’île de Taïwan. Tokyo avait déjà annoncé son intention d’y installer des batteries de missiles sol-air.
Pékin n’a pas manqué de dénoncer ce qu’elle considère comme une provocation. « Le déploiement d’armes offensives par le Japon sur les îles du sud-ouest voisines de Taïwan vise délibérément à créer des tensions régionales et à provoquer une confrontation militaire », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Cette nouvelle escalade intervient quelques jours après les propos polémiques de la Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, qui a menacé d’intervenir militairement en cas de tentative chinoise de débarquement à Taïwan, territoire que Pékin considère comme partie intégrante de son territoire.
Le recul de l’un, les progrès de l’autre
Pékin a également « déconseillé » à ses ressortissants de se rendre au Japon. Avec 7,48 millions de visiteurs au cours des neuf premiers mois de l’année, les Chinois représentent le premier contingent de touristes étrangers au Japon, soit 18,4 % du total.
Ces représailles portent un coup dur à l’économie japonaise, déjà fragile. La progression de son PIB est estimée à un peu plus de 1 % en 2025, contre 5 % pour la Chine.
La Chine représente 20 % des exportations japonaises, tandis que le Japon représente moins de 5 % de celles de son voisin continental.
Il y a à peine 20 ans, l’économie japonaise pesait le double de l’économie chinoise et se classait au deuxième rang mondial. Aujourd’hui, c’est l’économie chinoise qui pèse quatre fois plus que celle du Japon.
De 2005 à 2025, la part du Japon dans la production manufacturière mondiale a été divisée par trois, passant de 21 % à 7 %. Pendant ce temps, celle de la Chine a été multipliée par quatre, progressant de 8 % à 33%.
D’ailleurs, en termes de Pib par habitant, même l’Espagne (36.190 dollars) a dépassé le Japon (33.960 dollars).
La fuite en avant nippone
Bien que la Chine soit confrontée à des défis similaires en matière de vieillissement démographique, sa population active représente encore 47 % de sa population totale. Contrairement au Japon, les personnes âgées en Chine ne sont pas obligées de chercher du travail pour compenser une baisse du pouvoir d’achat, et le recours à la main-d’œuvre étrangère y est moins systématique.
Pour tenter de redresser une économie moribonde, la Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, a annoncé un plan de relance ambitieux de 117 milliards d’euros, financé par la dette. Rappelons que la dette du Japon représente déjà 237 % de son PIB, le taux d’endettement le plus élevé au monde. Cette annonce a immédiatement suscité des réactions sur les marchés financiers.
Washington s’en lave les mains
Par ailleurs, le yen japonais a continué de perdre de la valeur face au dollar américain, lui-même en baisse. Pour un pays dépourvu de ressources naturelles, qui dépend largement des importations pour alimenter son industrie, un yen faible n’est pas nécessairement une bonne nouvelle.
Washington, en partie responsable des difficultés économiques récentes du Japon, a vu l’ancien président américain Donald Trump augmenter les taxes douanières sur les produits nippons, portant celles-ci à 15 % (et jusqu’à 50 % pour l’acier et l’aluminium). Les États-Unis craignent désormais une vente massive des bons du Trésor américains détenus par Tokyo, qui s’élèvent à 1 130 milliards de dollars, soit 3 % du total.
Selon le Wall Street Journal, Donald Trump aurait conseillé à Sanae Takaichi de ne pas provoquer la Chine sur la question de la souveraineté de Taïwan.
La Première ministre japonaise devrait peut-être méditer sur la manière dont Washington a abandonné l’Ukraine après l’avoir poussée à provoquer la Russie. Elle devrait également garder à l’esprit la rancœur persistante du peuple chinois envers le Japon, héritée de la guerre sino-japonaise (1937-1945), de l’occupation qui en a résulté et des exactions commises par l’armée nippone.
Comme le disait Karl Marx : « L’histoire se répète, d’abord comme une tragédie, ensuite comme une farce ».












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