Un pays pionnier en Afrique du Nord
Depuis plusieurs années, le Royaume a engagé une stratégie volontariste en matière de transformation numérique (Maroc Digital 2030), de recherche en intelligence artificielle et de gouvernance des données. Le lancement du cluster MedinIA à Rabat, la tenue des Assises nationales de l’intelligence artificielle, ainsi que la mobilisation d’universités et d’acteurs publics et privés, témoignent de cette dynamique.
Alors que l’ONU insiste sur la nécessité d’un équilibre Nord–Sud et d’une réduction des fractures numériques, le Maroc dispose d’une légitimité particulière pour représenter l’Afrique et le monde arabe dans ces nouvelles instances.
Un rôle scientifique et diplomatique
La résolution onusienne prévoit la nomination de 40 experts internationaux au Panel scientifique. Le Maroc a toutes les cartes en main pour proposer des candidatures solides, issues de ses chercheurs, ingénieurs et universitaires de haut niveau. Ces experts pourraient contribuer à :
- analyser les risques et opportunités de l’IA pour les pays émergents,
- défendre une vision inclusive, souveraine et éthique de la technologie,
- mettre en avant les spécificités culturelles, linguistiques et sociales de l’Afrique et du monde arabe.
Parallèlement, le Maroc pourra mobiliser son expérience diplomatique et multilatérale pour porter la voix des pays en développement dans le Dialogue mondial, qui réunira chaque année gouvernements, secteur privé, ONG et universitaires.
Une opportunité stratégique pour l’Afrique
L’ONU a conçu ce mécanisme pour éviter une gouvernance de l’IA uniquement dictée par les grandes puissances technologiques. C’est une chance pour les pays du Sud, et en particulier pour le Maroc, de défendre des principes de justice numérique, de partage équitable des bénéfices et de coopération scientifique internationale.
Le Maroc pourrait ainsi :
- Être le porte-parole africain dans les discussions internationales ;
- Proposer des partenariats Sud–Sud autour de la formation et des infrastructures numériques ;
- Faire le lien Méditerranée–Afrique–Europe en matière de régulation et de normalisation des usages de l’IA.
Un leadership à consolider
La participation active du Maroc à ce nouveau dispositif onusien lui permettrait de consolider son leadership régional en matière d’IA, déjà reconnu par de nombreux acteurs internationaux. En s’appuyant sur ses atouts - stabilité politique, diplomatie multilatérale active, vivier de compétences scientifiques - le Royaume peut contribuer à définir une gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle plus équilibrée et véritablement universelle.
L’histoire retiendra que la bataille de l’IA ne se joue pas seulement dans les laboratoires de la Silicon Valley ou de Shenzhen, mais aussi dans les forums multilatéraux. À l’ONU, le Maroc a désormais l’opportunité d’inscrire sa voix dans ce débat mondial.