Un virage stratégique pour coller aux réalités du marché du travail
En organisant un atelier de concertation avec les parties prenantes, allant des administrations aux universitaires, en passant par les acteurs de la société civile et les partenaires internationaux, le HCP entend redéfinir les priorités de mesure et d’analyse. Objectif : rendre les futures données plus pertinentes, plus exploitables, et surtout, plus ancrées dans la réalité du terrain.
Pourquoi refondre l’ENE aujourd’hui ? Une urgence statistique
La refonte de l’ENE vise ainsi trois objectifs, primo élargir le périmètre des questions posées pour intégrer les mutations contemporaines (freelancing, plateformes numériques, télétravail, migrations régionales ou internationales, etc.). Secundo, renforcer la qualité et la comparabilité des données en s’alignant sur les dernières recommandations de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Tertio, accroître la valeur ajoutée des données en tenant compte des attentes réelles des utilisateurs marocains : gouvernements locaux, ministères, investisseurs, think tanks, syndicats, etc.
« On ne peut pas continuer à piloter des politiques publiques avec des instruments du XXe siècle, alors que les dynamiques sociales et économiques du Maroc se transforment sous nos yeux », a confié un statisticien proche du projet.
THAMM Plus : un soutien européen pour moderniser nos indicateurs
Une telle collaboration permet aussi de bénéficier de bonnes pratiques observées dans d’autres pays du Sud, où des révisions similaires ont permis d’anticiper des tendances et d’affiner les politiques d’emploi, de formation et de migration professionnelle.
Un atelier participatif : vers une enquête co-construite avec les utilisateurs
Durant l’atelier, les discussions ont porté sur plusieurs points sensibles : La fréquence de publication des données, souvent jugée trop espacée, L’intégration de données genrées, essentielles pour évaluer l’accès des femmes à l’emploi, La question des jeunes NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation), phénomène en croissance, La mesure de la satisfaction au travail, longtemps absente des indicateurs classiques, Le poids réel de l’informel, qui reste difficile à quantifier de façon rigoureuse.
Cet effort de co-construction doit aboutir à un nouveau questionnaire plus riche, mieux structuré et plus sensible aux transformations de la société marocaine.
Un outil pour mieux gouverner l’emploi, pas juste pour publier des chiffres
Le HCP ne se contente donc pas de récolter des données : il ambitionne de les diffuser de manière plus accessible et exploitable. Des plateformes interactives, des formats open-data, des synthèses sectorielles pourraient voir le jour, dans l’esprit d’un service public de la donnée au service de tous les acteurs.
Vers une lecture territoriale plus fine du marché du travail
Le futur dispositif devrait permettre de mieux comprendre les disparités territoriales (par exemple, entre Casablanca, Fès-Meknès, ou le Sud), et de guider les choix d’investissements, de formation ou de soutien à l’entrepreneuriat.
Et maintenant ? Ce que les Marocains peuvent attendre de la nouvelle ENE
Une phase de formation des enquêteurs sera ensuite organisée, garantissant l’homogénéité et la rigueur du processus de collecte. Enfin, le lancement officiel de la nouvelle ENE permettra de disposer des premiers jeux de données, probablement à partir de 2026. Il s’agit d’une révolution silencieuse mais décisive : redéfinir ce que l’on mesure pour mieux comprendre ce que l’on vit, tel est le pari stratégique du HCP.












L'accueil

















