La naissance de la Fédération africaine des entreprises du numérique (FADB) n’est pas un simple acte institutionnel. Elle intervient dans un contexte où le numérique s’impose comme un levier central de compétitivité, de souveraineté et de commerce intra-africain. Pensée comme un outil de convergence entre acteurs publics et privés, la fédération ambitionne de structurer un écosystème continental capable de dépasser la fragmentation actuelle des marchés numériques africains, en cohérence avec la dynamique de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Le choix du Maroc pour abriter le siège de la FADB, à Casablanca, n’est pas anodin. Il traduit l’engagement stratégique du Royaume en faveur d’une intégration africaine par le numérique, déjà visible à travers des initiatives régionales et l’accueil d’événements technologiques panafricains. Le financement du démarrage de la fédération sur cinq ans vise à lui offrir une base opérationnelle stable, loin des structures éphémères souvent fragilisées par le manque de ressources.
Une fédération pour relier marchés, données et entreprises
La FADB se veut un espace de coordination active. Son objectif central est le développement de « corridors digitaux » capables de relier infrastructures, plateformes et marchés, tout en facilitant la circulation sécurisée des données et des services numériques au-delà des frontières nationales. Une ambition qui répond à un constat partagé par les professionnels : sans interconnexion technique et réglementaire, le marché digital africain restera morcelé.
Redouane El Haloui, président par intérim de la FADB et président de l’APEBI, résume l’esprit de l’initiative : « Cette fédération concrétise l’ambition d’une Afrique numérique forte et unie ». La FADB regroupe déjà sept organisations professionnelles nationales, couvrant des régions clés du continent, dont le Nigeria, le Cameroun, la Guinée, le Rwanda ou Djibouti. Ces acteurs avaient posé les bases de cette coopération lors du GITEX Africa 2024, à travers la Déclaration de Marrakech.
Accords stratégiques et souveraineté numérique en ligne de mire
Dès sa création, la fédération a signé deux protocoles d’accord structurants. Le premier, conclu avec le ministère marocain de l’Industrie et du Commerce pour une durée de trois ans, cible l’accompagnement des TPE et PME africaines dans leur transformation digitale, l’accès aux marchés d’exportation et l’harmonisation des procédures douanières via des guichets uniques numériques. Le second, signé avec l’Alliance africaine pour le commerce électronique, porte sur l’interconnexion des systèmes nationaux et la mise en place de normes continentales pour les transactions électroniques, tout en affirmant la propriété africaine des innovations développées.
Pour Boubacar-Sid Barry, président de PROTIC Guinée, « garantir que les solutions conçues en Afrique restent la propriété de l’Afrique » est un enjeu central de crédibilité et de souveraineté.
En s’inscrivant dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine et en complément des initiatives existantes, la FADB ambitionne de transformer le numérique en véritable infrastructure de l’intégration économique africaine. À Casablanca, le pari est désormais lancé : faire du digital non plus un secteur isolé, mais un socle commun de croissance, de coopération et de confiance entre économies africaines.












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