Entre le lancement du énième modèle d'un constructeur apparu il y a cinq minutes et la naissance d'une nouvelle marque surgissant de nulle part, on en viendrait presque à se demander si on ne navigue pas dans un épisode de "Black Mirror" conçu par un scénariste sous acide.

Alors, petit exercice de comptage – spoiler alert : prévoyez un abaque géant – combien de marques l'Empire du Milieu a-t-il enfantées ? Une bonne cinquantaine de groupes, chacun collectionnant les marques comme d'autres les timbres. Et là, on parle de vraies collections, pas de la modeste étagère de votre grand-oncle. Mercedes et BMW, avec leur petite guéguerre de sous-segments, font figure de collectionneurs du dimanche à côté. Ils ont d'ailleurs choisi la voie de la raison, tandis que nos amis chinois semblent jouer à qui aura le catalogue le plus épais.

Face à cette démesure, une question brûle les lèvres : mais comment font-ils pour que ce carnaval financier soit rentable ? Ils ont certes le marché intérieur le plus vaste du globe et un appétit d'expansion planétaire insatiable. Ils produisent à moindre coût et règnent en maîtres sur le domaine électrique. Mais quand même, le développement de dizaines de carrosseries pour habiller des technologies quasi identiques, ce n'est pas donné.

Ma théorie ? La rentabilité, ils connaissent pas. C'est une véritable fête foraine soutenue par les largesses de l'État chinois. L'Union Européenne, dans un élan de lucidité (rare, convenons-en), a décidé de sortir la loupe. Car cette expansion phénoménale, couplée à un ralentissement de la consommation post-Covid, ça sent le soufre. Et quand une industrie enfle comme un ballon de baudruche sans garantie de débouchés pour ses produits, le mot "bulle" vient rapidement à l'esprit.

Or, qui dit bulle dit explosion inévitable. Les secteurs de l'immobilier, de la technologie, de la banque et de la finance nous ont déjà offert des avant-premières. L'automobile chinoise serait-elle la prochaine à faire "POP" ? Seul l'avenir nous le dira, mais une chose est sûre : le spectacle est loin d'être terminé.