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Le cas Saad Lamjarrad…


Je me suis toujours abstenu de parler de l’affaire de Saad Lamjarrad, tant qu’elle n’était pas jugée devant un tribunal, plus à même de confronter les versions, à la recherche de la vérité.



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Par Rachid Boufous

La première sentence vient de tomber hier : 6 ans de prison avec mandat de dépôt immédiat. Une autre affaire du même Lamjarrad, arrivée en 2018 avec la même personne et le même « modus operandi » sera jugée en assises dans quelques années et aboutira certainement au même verdict, ce qui va sceller définitivement le sort de Saad Lamjarrad, l’envoyant derrières les barreaux pour de très longues années, tant il est très difficile d’être acquitté devant un tribunal d’assises en France.

Les faits pour lesquels Lamjarrad a été jugé sont très graves. Il s’agit d’un viol avec violences. Ce qui est un crime abominable. Le fait que Lamjarrad soit une star de la chanson et qu’il ait des millions de fans et de fanes à travers le monde arabe, ne l’absout absolument pas de ses responsabilités en tant que citoyen devant la justice. Voir dans son jugement un acharnement de la justice française contre lui et contre le maroc, à l’aune de la crise actuelle entre les deux pays, est non seulement un non-sens, mais un manque de respect et de compassion pour toutes les femmes victimes de ce crime abominable qu’est le viol.

D’autant plus que l’accusé est un multirécidiviste, avec des viols perpétrés au Maroc, en Tunisie, aux État-Unis et deux fois en France, et qui n’ont malheureusement pas eu de suites judiciaires. Une autre tentative de viol de Lamjarrad s’est déroulée en 2018, alors qu’il était sous l’emprise d’une enquête judiciaire pour des faits similaires, survenus en 2016. Pour ces faits, il a été renvoyé, une nouvelle fois, devant un tribunal d’assises…

Lamjarrad est un serial-violeur, qui mérite non seulement d’être jugé, mais d’être neutralisé et mis en marge de la société, loin, très loin de toute présence féminine, car capable de commettre le même crime, même à des années d’intervalle, sous l’emprise de l’alcool et de la cocaïne. 

La justice a commis une grave erreur en 2016 pour n’avoir pas mis Lamjarrad, à l’époque, sous mandat de dépôt, derrière les barreaux d’une prison, car cela lui a donné à l’époque, l’impression que son affaire n’était pas si grave que cela, ce qui l’avait encouragé à récidiver en 2018 à Cannes en agressant sexuellement une nouvelle fois, une femme.

Les gens qui le défendent aujourd’hui au Maroc, dont beaucoup de femmes d’ailleurs, devraient avoir honte et réviser sérieusement leur jugement, car comment auraient-ils réagi si une femme ou une jeune fille, parmi leurs proches, avait été victime d’un pareil crime ?

Certes au Maroc, le viol n’a pas encore la même qualification grave qu’ailleurs, et on a souvent tendance à invectiver les victimes, quitte à les pousser à épouser leurs violeurs, au lieu de poursuivre ces derniers en justice pour ce crime abominable, ce qui équivaut à une double peine infligée aux femmes, par une société hypocrite, qui préfère minimiser ce crime au lieu de le dénoncer. 

Aujourd’hui il ne s’agit pas de s’apitoyer sur le sort de Saad Lamjarrad, mais de faire en sorte que le viol, sous toutes ses formes, soit sévèrement combattu et ceux qui le commettent, sévèrement châtiés par la justice.

La campagne MeeToo, entamée il y’a quelques années par des actrices de cinéma, contre des personnalités du septième art qui avaient abusé d’elles, souvent avec violence, a porté ses fruits un peu partout et envoyé derrière les barreaux, des tycoons du cinéma, jusque-là intouchables, comme le producteur Harvey Weinstein.

Un grand réalisateur comme Roman Polanski est toujours poursuivi aux États-Unis pour un viol commis contre une mineure à la fin des années 70, ce qui l’a poussé à vivre en fugitif, réfugié en Suisse depuis. Des personnalités ont cherché à défendre Polanski depuis toutes ces années, mais il demeure un fugitif qui a commis un crime, pour lequel il doit être jugé.

Il arrive encore, quand un accusé d’harcèlements sexuels ou de dépassements sous l’emprise de la cocaïne ou de stupéfiants, ayant causé de graves torts à autrui, est célèbre, qu’on cherche à lui trouver des circonstances atténuantes ou à le protéger. C’est le cas aujourd’hui de l’humoriste Pierre Palmade en France mais aussi par le passé de Mariah Carey, Ben Affleck, Morgan Freeman, George Bush père, Kevin Spacey, Sylvester Stallone ou de Woody Allen. 

Le crime sexuel, qu’il soit commis par un citoyen lambda ou par une célébrité, doit être jugé et ne peut être couvert sous quelque motif que ce soit ou par qui que ce soit.

Les citoyens doivent être responsables de leurs actes. Le fait d’être un homme ou une femme et abuser d’une autre personne, jeune ou moins jeune, sous l’emprise du pouvoir, de la force ou des stupéfiants, doit être condamné sévèrement.

Par ailleurs, les femmes demeurent les premières victimes de viols. En 2018, dans l’Union européenne, 348.000 violences sexuelles ont été enregistrées par les forces de sécurité. Un tiers sont des viols. Près de 9 victimes sur 10 sont des femmes et la quasi-totalité des personnes mises en cause sont des hommes (97,6 %). En moyenne 68 personnes pour 100.000 habitants ont déposé plainte après avoir subi de tels faits.

Selon les nations-unies, en 2018, une femme sur sept a subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de son partenaire intime ou de son mari au cours des douze derniers mois (13 pour cent des femmes âgées de 15 à 49 ans). Dans le monde, on estime que 736 millions de femmes, soit près d’une sur trois, ont subi au moins une fois des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime, et/ou des violences sexuelles de la part d’une autre personne (30 pour cent des femmes de plus de 15 ans). 

La plupart des violences contre les femmes sont perpétrées par le mari ou le partenaire intime actuel ou passé. Plus de 640 millions de femmes âgées de plus de 15 ans ont été confrontées à la violence perpétrée par leur partenaire intime (26 pour cent des femmes âgées de 15 ans et plus).

Dans le monde, 81.000 femmes et filles ont été tuées en 2020, dont environ 47.000 (58 %) par un partenaire intime ou un membre de la famille, ce qui équivaut à une femme ou une fille tuée toutes les 11 minutes dans son foyer. Dans 58 % des meurtres perpétrés par des partenaires intimes ou d'autres membres de la famille, la victime était une femme ou une fille.

C’est cela la réalité du viol et des agressions sexuelles de par le monde.

Au Maroc et selon un article paru dans Media24 en date du 25/11/2020 : « Au 30 septembre 2020, 16.590 affaires de violences faites aux femmes ont été enregistrées au Maroc, dont 1.106 mineures, selon un bilan des services de la Gendarmerie royale. Elles étaient 19.699 victimes au total durant la même période de l'année 2019. Entre coups et blessures, séquestrations, homicides, tentatives d'homicide et violence physique conjugale, le nombre d'affaires de violence physique s’élève à 7.916 contre 8.358 en 2019.

Les violences physiques conjugales atteignent, à elles seules, 1.786 affaires. Par ailleurs, le viol représente 30,31% (308 affaires) du total des affaires de violences sexuelles. Les violences psychiques ne sont pas en reste. 7.013 affaires ont été réparties entre délaissement, refus de déclaration de naissance, menaces, injures…

En effet, un total de 4.663 actes de différentes formes de violences faites aux femmes a été enregistré au cours de cette période. La violence psychologique a représenté le taux le plus élevé avec 47,9%, suivie par la violence économique avec 26,9% et la violence physique (15,2%).

Il s'agit notamment de 709 actes de violence physique, dont un cas d'homicide à l'égard d'une femme et un autre de tentative d'homicide, en plus d'une hausse de 5,1% de la violence sexuelle.»

C’est cette réalité insupportable de violences faites aux femmes, qu’il faut prendre en considération. Saad Lamjarrad, n’est après tout, qu’un citoyen justiciable comme les autres. Son jugement doit servir d’exemple, parce que justement, il est célèbre et jouit d’une grande notoriété. 

Le fait d’être célèbre ou doté de pouvoir ou d’influence ne peut en aucun justifier d’attenter à la liberté ou à la sécurité d’une personne qu’elles que soient les relations qu’on entretient avec elle.

Dans nos sociétés de mâles dominants, les mères et les pères, doivent apprendre à leurs enfants mâles, à respecter les femmes, au lieu de les conforter dans leur « homitude ». 

L’éducation est la base des rapports en société. Si elle est réussie, la société se porte bien. Si elle est ratée, on a des cas comme celui de Saad Lamjarrad, qui se croient au dessus de toute poursuite pour des faits de violences sexuelles. La justice ne suffira pas à juguler cette tare sociétale. C’est l’affaire de tous et toutes, en société, quel que soit le pays où on vit…

Rédigé par Rachid Boufous



Lundi 27 Février 2023

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