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Le combat des militantes féministes pour une réforme égalitaire : Mobilisations et enjeux au Maroc


Rédigé par le Jeudi 22 Juin 2023

La mobilisation des militantes féministes marocaines lors de la grève du 14 juin est de plus en plus intense, mettant en avant la refonte du droit de la famille comme une de leurs principales revendications. Elles demandent également une révision du Code pénal afin de garantir une société égalitaire offrant une meilleure protection aux femmes contre les violences.



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Les militantes féministes déploient tous les moyens à leur disposition pour faire avancer leur cause. Elles organisent des rassemblements, rédigent des mémorandums, tiennent des conférences, mènent des campagnes sur les réseaux sociaux et prennent des actions dans les rues. Associations et collectifs se mobilisent sur tous les fronts pour sensibiliser l'opinion publique.

Un nouveau rassemblement est programmé le 25 juin, sur la place des Nations unies à Casablanca, dans le but de faire pression sur les parlementaires marocains afin d'obtenir une réforme du Code pénal et de la Moudawana (le Code de la famille marocain).

Le Code pénal n'a pas été révisé depuis 1962, tandis que la Moudawana a été réformée pour la dernière fois en 2004, sous la promulgation de Mohammed VI.

Cette réforme juridique et sociale avait introduit des encadrements pour la polygamie et accordé aux femmes le droit de demander le divorce.

Initialement, les féministes marocaines avaient accepté ces amendements, dans l'espoir qu'ils soient les premiers d'une série de réformes plus audacieuses. Malheureusement, cela ne s'est pas concrétisé.

Actuellement, les militantes féministes revendiquent une révision complète des textes juridiques afin d'atteindre une égalité totale entre hommes et femmes en termes de droits.

Leurs revendications incluent l'interdiction totale du mariage des jeunes filles, l'égalité en matière d'héritage, l'interdiction de la polygamie, la dépénalisation des relations sexuelles hors mariage, ainsi que la légalisation de l'avortement. Leur combat vise également à mettre fin aux inégalités parentales qui sont actuellement inscrites dans la législation.

Actuellement, la garde de l'enfant est automatiquement attribuée à la mère, tandis que la tutelle revient automatiquement au père. Par conséquent, le père a le pouvoir exclusif de représenter l'enfant dans les actes juridiques de la vie quotidienne, tels que l'inscription à l'école, l'acceptation ou le refus de soins, la gestion d'un compte d'épargne et l'organisation de voyages.

Contrairement à la mère, la Moudawana stipule que le père ne perd pas automatiquement la garde de l'enfant en cas de remariage.

Mobilisation 2.0

Ces dernières années, une nouvelle forme de militantisme s'est développée sur les plateformes de médias sociaux.

Le mouvement "7achak" est un exemple, qui lutte contre la précarité menstruelle et compte plus de 60 000 abonnés.

Une autre initiative récente est la page "Féminicides. Maroc", qui recense les meurtres de femmes dans le pays.

Le Collectif pour une législation égalitaire (CLÉ) a également lancé une campagne sur les réseaux sociaux, impliquant des actrices renommées pour donner la parole aux femmes victimes de violences et partager leurs témoignages.

Ces plateformes jouent un rôle essentiel en mettant en évidence des affaires judiciaires qui illustrent les conséquences dévastatrices des lois actuelles sur la vie des survivantes de violences sexuelles.

En septembre 2022, un tragique incident a eu lieu près de Midelt : Meriem, âgée de 14 ans, est décédée suite à un avortement clandestin, après avoir été victime de viol.

Un autre cas marquant concerne Sanaa, âgée de 12 ans, qui a subi des viols répétés pendant plusieurs mois par trois hommes à Tiflet. Elle vient de donner naissance à un petit garçon.

Lors du procès en première instance, le 20 mars, les violeurs ont été condamnés à des peines de 18 à 24 mois de prison, bénéficiant de circonstances atténuantes.

Le verdict prononcé et la mobilisation qui a suivi, tant sur les réseaux sociaux que dans les rues, ont suscité une grande indignation et ont exercé une pression croissante sur les juges.

En conséquence, les peines ont été aggravées en appel un mois plus tard : 10 ans de prison pour certains accusés et 20 ans pour le principal responsable. Bien que ces affaires aient provoqué une vague d'émotion, elles ne sont pas les seules.

L'objectif actuel est de transformer l'engagement exprimé sur les réseaux sociaux en une mobilisation physique lors des rassemblements et des manifestations.

La peur d’une réforme insuffisante

Les mobilisations en cours témoignent de l'importance accordée par les femmes à l'établissement d'une nouvelle Moudawana plus égalitaire.

Cependant, il reste à voir si cette réforme répondra véritablement à leurs attentes et si elle apportera des améliorations concrètes à la situation des femmes au Maroc.

Les militantes attendent avec impatience la réforme de la Moudawana, mais elles souhaitent également être impliquées dans l'élaboration future du Code de la famille, par crainte que des concessions ne soient faites aux conservateurs.

Leur plus grande crainte est de voir un texte final vidé de sa substance, ne proposant que des mesures partielles et insuffisantes.


Salma LABTAR





Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 22 Juin 2023

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