Qu’a dit le ministre de l’Intérieur et où a-t-il fait son « annonce » ?
Ce qu’on retient est le ministre de l’Intérieur traquant le fassad, concept plus large que la simple corruption. Il n’y a aucune raison de ne pas le croire, puisque de toutes les manières, les faits seront là à l’avenir pour illustrer, ou démentir, son propos.
Abdelouafi Laftit prend depuis plusieurs années du galon et de la puissance, et il en a encore plus depuis ce mois d’août dernier quand, après le discours royal du Trône, il avait rassemblé walis et sécuritaires, édiles et parlementaires, pour diligenter l’élaboration du code général électoral (avec délai à fin décembre).
Dans la foulée, il avait pris sur lui de lancer une véritable petite révolution territoriale et là aussi, gouverneurs, élus et société civile ont été mobilisés pour concevoir, élaborer, mettre au point puis en œuvre de larges et vastes politiques de développement territorial, pour les territoires et par les territoires. M. Laftit est devenu un mini gouvernement à lui tout seul, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, eu égard au délitement annoncé du cabinet Akhannouch.
Le ministre de l’Intérieur est poussé par un vent fort en poupe et personne ne doute de sa bonne volonté ni de la forte probabilité de voir son navire bien voguer et arriver à bon port, ou au moins en prendre la juste voie.
Cela ne l’autorise pas à invectiver comme il l’a fait toute une population de parlementaires, sauf à disposer de listes, de noms, de faits et de méfaits. Il doit bien en exister car beaucoup de choses circulent sur beaucoup de gens, depuis longtemps mais essentiellement dans la majorité actuelle, et tout ce qui se dit ne peut être entièrement faux. Le ministre de l’Intérieur ignore-t-il ce que bien de gens savent, devinent ou pressentent ?
En s’exprimant ainsi devant des élus en principe chargés de contrôler son action, Abdelouafi Laftit inverse les rôles, mais alors, les parlementaires ne seraient-ils pas, à leur tour, en droit d’interroger le ministre de l’Intérieur sur les contrôles qu’il exerce lui-même sur ses propres collaborateurs, en charge des territoires et bien évidemment informés de tout ce qui s’y produit ?...
Autrement dit, un élu indélicat implique forcément une autorité territoriale qui, au mieux, n’a pas fait son travail et, au pire, est impliquée.
Mais prenons les choses au positif, et gageons que Ssi Laftit, en disant ce qu’il a dit, après avoir certainement préparé le « message » qu’il avait à annoncer, savait parfaitement ce qu’il faisait et où il veut aller. Ses propos devraient avoir une suite, vont avoir une suite.
C’est le ministre de l’Intérieur qui s’exprime tout de même, devant un aréopage d’élus et de responsables politiques ! L’exécutif « menaçant » le législatif avec le judiciaire. C’est tout aussi légal dans la forme que lourd, très lourd, dans le fond.
Sauf que M. Laftit n’a peut-être pas tout prévu
Ainsi, à titre d’exemple, le lendemain de cette déclaration du ministre de l’Intérieur, Samir Chaouki, journaliste et président du think tank Omega, s’est adressé sur les réseaux sociaux à M. Laftit et a attiré son attention sur « un bien ayant appartenu à la commune de Casablanca avant qu’il ne se transforme en centre commercial géant relevant d’un ancien président de région ».
Là, nous sommes dans un cas de figure qui place M. Laftit face à ses responsabilités : répondre à M. Chaouki, lui disant qu’il se trompe, ou agir avec force et vigueur, comme il l’a annoncé aux parlementaires. Un autre cas d’expropriation à Casablanca, sur le boulevard Zerktouni, a aussi fait couler beaucoup d’encre. Une explication, voire une action, seraient bienvenus.
Ce qu’a dit M. Laftit est incontestablement utile et même salvateur ; la corruption, le fassad, érodent les institutions de l’intérieur.
Or, les responsables ne sont pas seulement ces élus, mais aussi ceux qui en sont les complices (le ministre l’a mentionné), l’administration territoriale qui est supposée accompagner et contrôler leur action, et les partis politiques qui les ont investi et qui les couvrent.
Au vu du ton et des mots employés par le ministre de l’Intérieur, l’espoir peut revenir de voir les choses s’améliorer, peut-être même s’arranger. Mais M. Laftit a placé la barre trop haut ; on ne peut que lui souhaiter bon courage, pour éviter une déception qui serait encore plus nocive et plus dangereuse que les actes dénoncés par lui.
PAR AZIZ BOUCETTA/PANORAPOST.MA












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