Une odyssée musicale entre montagnes, villes mouvantes et littoral battu par le vent
Un souffle chaud, presque mystique, s’élève. Puis une voix, seule, celle d’une chanteuse amazighe de 72 ans, Aïcha, qui entonne un chant ancien transmis par cinq générations avant elle.
Le film pourrait être un simple hommage au patrimoine musical marocain mais El Idrissi fait bien plus. Elle tisse un pont entre les voix anciennes et les nouvelles, entre les rythmes des montagnes, les pulsations urbaines de Casablanca, les sonorités électro émergentes de Marrakech, les mélodies gnaoua d’Essaouira et les chœurs soufis de Fès.
Chaque chapitre du documentaire explore un territoire sonore différent, avec un sens du cadre presque photographique : lumière naturelle, couleurs terreuses, plans fluides, visages captés dans leur vérité la plus nue.
Il ne s’agit pas d’un Maroc exotisé pour l’Occident. C’est un Maroc qui se raconte lui-même, avec pudeur, fierté et complexité.
Une nouvelle génération d’artistes se révèle
- Nour Eddine, beatmaker casablancais de 22 ans, qui fusionne samples de chants soufis et rythmiques UK garage.
- Samira & The Waves, un trio féminin qui revisite les chants de pêcheurs du nord dans une version indie-folk envoûtante.
- Le collectif L’béton, de jeunes rappeurs marrakchis qui transforment des poèmes amazighs en punchlines futuristes.
- Aïcha, la chanteuse traditionnelle dont la voix, utilisée comme fil conducteur du film, devient une métaphore : celle de la mémoire vivante.
Ces artistes ne sont pas présentés comme des curiosités folkloriques, mais comme des créateurs majeurs chacun une pièce d’un puzzle culturel qui se recompose devant nos yeux.
Un film politique sans discours politique
Le danger de l’uniformisation culturelle, la disparition des maîtres, la question de la transmission, l’impact du streaming, la revalorisation des traditions : tout est présent, mais toujours incarné, jamais théorisé.
Yasmine El Idrissi laisse parler les voix, les corps, les paysages. Le film montre aussi comment les artistes marocains naviguent dans un monde où l’algorithme remplace parfois le bouche-à-oreille traditionnel.
Certains s’y adaptent, d’autres le subissent, d’autres encore le détournent. Ce traitement subtil a fortement séduit les jurés à Turin, qui ont salué « un documentaire qui raconte un pays par ses vibrations intérieures ».
Une bande-son magistrale, désormais en tête des classements
Certains morceaux notamment Tifawin, la collaboration entre Aïcha et le collectif L’béton sont devenus viraux en Italie, en France et en Espagne.
Les critiques parlent d’une « bande-son qui pulse comme un cœur » ou encore d’une « réinvention de la musique marocaine sans lui faire perdre son âme ».
Un succès international inattendu
Le film sera aussi projeté au Festival de Sundance 2026, une première historique pour un documentaire musical marocain. En Italie, des séances complètes ont dû être ajoutées. En France, il est déjà pressenti pour la Semaine de la Critique à Cannes.
Et au Maroc, il devrait sortir dans les salles début 2026, avec une tournée événement où plusieurs artistes du film se produiront en live.
Pourquoi ce film mérite sa place dans notre rubrique “Coup de cœur”
Que raconter la musique, c’est raconter les gens. Que la tradition n’est pas un musée, mais un organisme vivant qui respire, danse, se transforme. El Idrissi signe un film élégant, vibrant, universel, qui place le Maroc sur la carte culturelle mondiale non pas comme une tendance, mais comme une force artistique majeure.
C’est un documentaire qui ne s’écoute pas seulement : il se ressent. Et c’est précisément pour cela qu’il mérite d’être notre coup de cœur du moment.












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