Un virage diplomatique historique
C’est officiel : Ahmed al-Charaa, nouveau visage du pouvoir syrien depuis la chute de Bachar al-Assad, est attendu ce mercredi à Paris. Il sera reçu par Emmanuel Macron à l’Élysée. Une première visite dans l’Union européenne pour ce président controversé, arrivé au pouvoir en novembre 2024 après avoir dirigé la fronde militaire du groupe HTC.
Objectif affiché : renforcer les liens avec l’Europe et discuter d’un “nouveau départ” pour la Syrie. L’Élysée parle d’un "soutien clair à une Syrie libre, stable, et souveraine", et évoque aussi des discussions sur le Liban, la lutte contre le terrorisme et les flux migratoires.
Du djihadisme à la présidence
Al-Charaa, ex-combattant affilié à al-Qaïda dans ses jeunes années, a gravi les échelons de la rébellion avant de se présenter comme homme de paix. Un revirement qui interroge. “C’est un pari risqué, mais nécessaire”, défend Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, qui assume la main tendue : “La sécurité des Français se joue en Syrie”.
Dans son entourage, on parle d’un "homme transformé", prêt à tourner la page du conflit. Mais sur le terrain, la réalité est plus complexe : la Syrie est secouée par des violences communautaires sanglantes, notamment contre les minorités druze et alaouite.
Une Syrie à reconstruire, un pari pour Macron
Cette rencontre marque un tournant dans la diplomatie française au Moyen-Orient. Après des années de rupture avec le régime de Damas, Paris tente de renouer les fils... sans cautionner les violences passées. Les discussions porteront aussi sur la stabilisation du Liban voisin, et sur les réseaux de drogue qui prospèrent dans le chaos syrien. Mais l’ombre du passé d’al-Charaa plane toujours. Les ONG et certains députés dénoncent une "blanchisserie diplomatique".
Cette visite pourrait déboucher sur des aides humanitaires, voire une levée partielle des sanctions européennes. Mais elle soulève aussi des interrogations : jusqu’où la France est-elle prête à aller pour accompagner cette “nouvelle Syrie” ? Al-Charaa pourra-t-il réellement pacifier le pays ou retomber dans l’autoritarisme sous une autre forme ?
À surveiller dans les prochains jours : la suite du processus de transition à Damas, les éventuelles annonces de Macron, et surtout… la réaction d’Israël, très attentif à tout changement d’équilibre dans la région.