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Le singe qui voulait être roi.


Jadis, il y a très très longtemps, vivait, dans les vastes forêts gauloises, un singe -savant.
Il était insignifiant, relevait plus du ouistiti que du singe avec sa grosse tête qui, d’ailleurs, n’arrêtait pas d’enfler. Cela en devenait inquiétant, pourvu qu’elle n’explose pas.
Ce ouistiti de la race des zemmouriens qui vivaient dans les montagnes de Kabylie, là-bas quelque part en Afrique du nord, était un érudit, il lisait, écrivait, discourait. C’était un polémiste, un journaliste et se prétendait même politicien.



Par El Montacir Bensaid

Il passait son temps, assis en hauteur sur une branche, pour paraître plus grand, à l’ombre, sous les frondaisons, à haranguer les animaux de la forêt, pour la plupart analphabètes qui l’écoutaient religieusement.
 
Il citait du Platon, du Nietzsche, Freud, Zola…Il égrenait des mots que les pauvres bêtes ne comprenaient pas, avec force extraits de discours de tel ou tel animal savant.
 
Il avait pour cette forêt une politique toute simple :
 
Une palissade qui l’entourerait et empêcherait les animaux des déserts du sud de venir s’y installer.
 
Il promettait que l’herbe pour les pâturages serait plus verte.
Il promettait de la chair fraîche à tous, tous les jours.
 
Il prit à parti une femelle zèbre qui s’était fait engrosser par un cheval arabe, qui s’était égaré parmi les dromadaires, les chacals et autres hyènes venus du sud. Il lui reprocha de s’être laissée faire alors qu’elle criait haut et fort devant son compagnon qu’elle s’était fait violer mais qu’elle allait garder le petit. Elle disait ça en pensant, avec nostalgie, au moment de bonheur qu’elle avait connu avec le cheval. Il fallait bien donner le change.
 
Le oustiti, sournoisement, lui demanda comment elle comptait appeler le petit, elle proposa innocemment :Mokhtar ou slimane .
 
Le singe faillit en tomber de sa branche, il sautait, gesticulait, poussait de terribles cris, montrait ses petites dents crochues.
 
Il lui ordonna d'oublier ces prénoms barbares, se proposa même de le baptiser en personne disait-il et ce sera David, Benoit ou Julien.
Au dessus de sa tête la vipère Lepéniste, lovée dans son coin, l’observait, pensant à toute sa famille de reptiles qui n’en ferait qu’une bouchée, mais pour le moment, elle s’amusait de le voir si prés, si facile à étrangler de ses anneaux. Son cou maigrichon de vautour ne résisterait pas longtemps.
 
Tous les animaux étaient là sauf le lion.
 
Lui buvait une coupe de champagne, pendant qu’une jeune lionne lui faisait les griffes, le ouistiti ne l’intéressait pas, il lui reconnaissait un seul mérite, c’est qu’il occupait les bêtes de la Gaule qui s’ennuyaient dans leurs terriers.
 
Il savait qu’un coup de patte l’achèverait.
 
Mais le ouistiti voulait en découdre, il proclamait à qui voulait l’entendre qu’il irait défier le lion. Il avait fait installer autour de l’arbre des miroirs grossissants pour paraître plus vigoureux, plus puissant.
 
Il portait depuis quelque temps un casque viking avec de grosses cornes, il paraît qu’il avait appartenu à un ours légendaire qui terrorisait les populations du nord, un certain Erik le rouge.
 
Il s’était même afficher avec une jolie et jeune gazelle ,en batifolant avec elle dans l’eau et comme il se savait observé, avait installé un escabeau dans les vagues océanes pour la dominer et l’entourer de ses bras chétifs.
 
La gazelle lui susurrait des mots d’amour en se promettant, s’il devenait le roi de la forêt de lui mettre des cornes encore plus grosses avec le premier dromadaire rencontré.
 
Les animaux continuaient à affluer, ils essayaient de capter quelques phrases et allaient les propager sans vraiment les comprendre.
Le ouistiti en tirait une énorme satisfaction.
 
Il s’endormait le soir, rêvant d’une belle crinière de félin qui viendrait ceindre sa grosse tête royale, de pattes musclées, d’un harem de femelles de toutes les espèces.
 
Le matin , il retrouvait son petit corps misérable et en devenait encore plus haineux, plus hargneux alors il se promettait d'aller chauffer les imbéciles qui s'abreuvaient de ses paroles.
 
Peu importe que la forêt brûle, il voulait se venger de ce monde qui l'avait si mal conçu.
 
El Montacir Bensaid



Mercredi 20 Octobre 2021


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