Une réforme basée sur les données et un ciblage précis
Lundi 8 décembre, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, a défendu le nouveau cadre du soutien social direct. La réforme rompt avec les anciennes démarches administratives jugées opaques, en introduisant une grille de scoring basée sur 35 variables pour le milieu urbain et 28 pour le rural, avec un seuil d’éligibilité fixé à 9,743001 points.
À fin novembre 2025, 3,8 millions de familles bénéficiaient de cette aide, représentant environ 42 % des foyers marocains, soit 12,4 millions de bénéficiaires. Selon le ministre, ces chiffres témoignent d’un « progrès significatif » en matière de protection sociale, offrant un soutien tangible aux familles, aux enfants et aux personnes âgées.
Le financement du programme suit la même logique. Après 25 MMDH en 2024, le budget augmente à 27 MMDH en 2025, avec une projection de 29 MMDH en 2026, confirmant la volonté de l’État de pérenniser ce dispositif clé pour la cohésion sociale.
Résultats concrets mais défis persistants
Si la couverture est impressionnante, certains dysfonctionnements demeurent. Des députés ont alerté sur des cas où des dépenses quotidiennes — factures d’eau, électricité, abonnements internet ou recharges téléphoniques — peuvent faire grimper l’indicateur social et entraîner la perte de l’aide, voire des bourses universitaires pour les enfants.
Par ailleurs, l’uniformisation de l’indice et du montant de l’aide dans toutes les régions est critiquée : elle ne prend pas toujours en compte les disparités territoriales et économiques. Ces écarts peuvent générer des exclusions perçues comme injustes.
Face à ces observations, Fouzi Lekjaa a reconnu certaines anomalies et s’est déclaré favorable à une révision des variables de calcul. Les cas exceptionnels seront traités pour éviter que des familles vulnérables soient pénalisées injustement. Malgré ces critiques, le ministre défend le bilan du dispositif, estimant que le volume et la portée de la couverture sociale marquent une avancée réelle pour l’inclusion.
Une aide de proximité pour un impact durable
Au-delà des chiffres, le gouvernement mise sur l’Agence nationale de soutien social et ses antennes locales pour assurer un accompagnement de proximité, mesurer l’impact réel sur le terrain et ajuster le dispositif. L’objectif : transformer l’aide sociale directe en un levier d’inclusion et de dignité pour des millions de Marocains.
Le dispositif combine ciblage numérique, suivi social local et ajustements adaptatifs. Pour qu’il devienne un pilier durable de l’État social marocain, la réactivité face aux incohérences et la prise en compte des besoins des citoyens seront déterminantes.
Le soutien social direct n’est pas seulement un budget : c’est un pari sur l’équité et la dignité de millions de Marocains. Si le dispositif parvient à concilier rigueur, justice territoriale et écoute attentive, il pourrait s’imposer comme un modèle durable d’inclusion sociale, à la hauteur des aspirations de la jeunesse marocaine et des familles en situation de vulnérabilité.












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