Au Maroc, comme un puissant souffle, la joie du peuple marocain s’est déversée dans les rues de toutes les villes de Tanger à Lagouera plongeant dans l’euphorie les jeunes et moins jeunes .

A travers les youyous , les concerts ou les klaxons c’est tout un peuple qui communie et retrouve une formidable confiance en s’appropriant la victoire .

La magie du football a opéré en jouant son rôle de ciment d’une nation  qui se projette dans un avenir radieux .

Une magie qui permet de « faire société » au-delà des problèmes du moment et qui nous dit quelque chose de notre société , de sa capacité à s’unir, de notre conscience collective,  du fait d’être ensemble et de partager des moments de bonheur .

Sans doute faudrait-il pour mieux comprendre ces phénomènes collectifs faire appel aux sociologues pour expliquer « ces puissants moments de catharsis »  qui permettent d’expulser  les frustrations pour ne garder que le meilleur  et qui offre un moment de répit hors du temps

Un moment qui permet de garder le meilleur comme les formidables possibilités offertes  par le football en matière d’ascenseur social et de respect des valeurs, le cas d’Ashraf Hakimi mais il n’est pas le seul, issu d’une famille très modeste qui embrasse sa mère dans les gradins étant significatif..

Garder le meilleur comme ce saut qualitatif opéré dans la condition des femmes qui ont été d’excellents supporters et qui ont à leur tour conquis les terrains et l’admiration en faisant tomber les préjuges en terminant vice-champion en juillet dernier pour la finale CAN 2022.

Garder le meilleur en multipliant les espaces et terrains de sports et en boostant l’économie du sport pour éviter les dérives et les pièges tendus à une jeunesse en mal être.

Garder le meilleur avec la politique de mobilisation des compétences des Marocains du Monde qui ne concernent pas seulement les ingénieurs et les chercheurs mais aussi les sportifs qui ont répondu présents pour représenter leur pays en donnant le meilleur d’eux-mêmes.

Un signal pour les autorités qui doivent suite aux dernières orientations royales, écouter, dialoguer et consacrer plus d’attention cette communauté en la défendant bec et ongles. 

Il y a également une autre dimension internationale et diplomatique qui retient l’attention des politiques Aujourd’hui ce qu’un expert du foot Pascal Boniface appelle la « géopolitique du foot », c’est le titre de son ouvrage ,  le ballon rond est un facteur à part entière des relations internationales.

Dans son ouvrage, il explique la mutation des critères de puissance .Les critères classiques de force militaire , de démographie ,de territoires, maitrise technologique  font place sans disparaitre à d’autres critéres,la capacité d’influer , l’image ..

Au hard power classique, doit s’ajouter le soft power .

Le football, incarnation d’un état dit-il, est aussi l’ image symbolique d’une nation .Le football apprécié universellement , contribue pour beaucoup à l’image et à la popularité d’un pays au même titre que les facteurs culturels.

La victoire du Maroc, pays africain et arabe a provoqué une onde de choc de joie et de fierté dans toute l’Afrique et le monde arabe.

De Libreville à Abidjan à Dakar, la victoire des Lions de l’Atlas a été porté aux nues.

Après le Cameroun le Sénégal et le Ghana qui ont tenté leur chance, le Maroc est le tout premier pays africain à atteindre les demi-finale, soutenu par tout le continent africain.

En fait, si la coupe du monde existe depuis 1930, le mondial était davantage une affaire des pays du Nord et de l’Amérique latine. La coupe du monde de Qatar alimente les rêves d’un nouvel ordre footballistique mondial voire d’une nouvelle géopolitique où les humiliés selon le politique Bertrand Badie prennent leur revanche malgré les campagnes de bashing contre le Qatar qui révèlent l’hypocrisie de l’occident prompt à signer de juteux contrats avant de tenter de mettre au ban le pays organisateur.

Une attitude qui a renforcé un sentiment de fierté supranational arabe qui a même permis de réconcilier l’Arabie Saoudite et les émirats avec le Qatar.

Pour le Maroc ce mondial est un marqueur en phase avec la politique d’émancipation du royaume, en phase avec sa politique de recherche de la paix dans le monde arabe du Maghreb au Proche et Moyen Orient.

Les très nombreux messages de félicitations des pays de cette région du monde adressés au Souverain en témoignent. Au-delà des discours et des sommets arabes, l’équipe Regragui aura à elle seule mieux réussi à donner du sens à l’unité du monde arabe .

A sa manière elle aura envoyé des messages forts que notre diplomatie devrait décrypter et aura renforcé les rangs du monde arabe sur le terrain et au niveau des opinions publiques.

Il est infiniment dommage qu’un pays voisin et si proche du Royaume n’ait pas montré quelques signes de rapprochement à la politique de la main tendue et profité de ce moment pour une véritable réconciliation tant attendue par les peuples.