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Les MRE face au défi de la représentation politique


Rédigé par La rédaction le Lundi 1 Septembre 2025



Rédigé par Marwane Benhima

Comment expliquez‑vous la faible participation politique des MRE malgré les dispositions de l’article 17 de la Constitution ?

 La faible participation politique des Marocains résidant à l’étranger, malgré les dispositions de l’article 17 de la Constitution, s’explique principalement par un décalage entre les droits reconnus et les mécanismes mis en place pour les exercer. L’article 17 garantit aux MRE le droit d’être électeurs et éligibles, mais les dispositifs permettant de voter, de se présenter aux élections ou de s’impliquer dans la vie politique restent insuffisants et souvent inadaptés à leur réalité.

Au-delà de la politique nationale, les MRE sont également très préoccupés par leur propre situation et par les politiques publiques qui les concernent. Or, ils ne disposent que de très peu d’espaces démocratiques pour débattre de ces enjeux, faire entendre leurs voix et contribuer à l’élaboration de solutions, le Maroc ne disposant pas de circonscriptions pour ses citoyens vivant à l’étranger. Les MRE constituent une population à part, notamment en raison de leurs besoins spécifiques et de leur éloignement géographique, ce qui nécessite des mesures particulières pour favoriser leur participation. L’absence de mécanismes adaptés et de plateformes démocratiques pour exprimer leurs préoccupations contribue à expliquer leur faible implication dans la vie politique nationale.

Néanmoins, il existe des exemples positifs qui montrent que cette participation reste possible malgré les contraintes. Certains MRE ont réussi à s’impliquer activement dans la vie politique, que ce soit au niveau local, en étant élus dans leurs communes ou régions d’origine, ou au niveau national, à travers la nomination de plusieurs ministres issus de la diaspora. Ces cas, bien que minoritaires, démontrent que l’engagement politique des MRE peut exister et pourrait être renforcé si des dispositifs plus adaptés étaient mis en place.

Quels obstacles logistiques freinent aujourd’hui l’exercice concret du droit de vote des Marocains résidant à l’étranger ?

  Les Marocains résidant à l’étranger disposent, en théorie, d’un droit constitutionnel de vote garanti par l’article 17 de la Constitution. Cependant, plusieurs obstacles logistiques freinent son exercice concret. Aujourd’hui, les MRE doivent soit revenir au Maroc pour voter, soit établir une procuration au profit d’une personne résidant sur place. Ces deux mécanismes restent peu pratiques et inadaptés à la réalité de la diaspora marocaine.

Dans un pays où le taux d’abstention est déjà élevé pour les locaux n’ayant pas ces problèmes logistiques, la priorité devrait être de faciliter l’accès au vote pour les MRE, et non de le compliquer. L’absence de solutions modernes, comme le vote consulaire généralisé, le vote électronique ou le vote postal, renforce la distance entre les MRE et la vie politique nationale et contribue à leur faible participation.

 Le vote par procuration répond‑il aux attentes de la diaspora ou faut‑il envisager des solutions telles que le vote électronique ?

Le vote par procuration ne répond pas réellement aux attentes de la diaspora car il est peu pratique, et la preuve en est sa faible utilisation par les MRE lors des élections. Il devient donc nécessaire d’envisager d’autres solutions plus adaptées, comme le vote électronique, le vote consulaire généralisé ou encore le vote par correspondance, afin de faciliter l’exercice du droit de vote et de renforcer la participation politique des MRE.

 L’obligation pour les partis de placer une candidate de la diaspora en tête de liste depuis 2021 a‑t‑elle eu des effets tangibles ?

L’obligation pour les partis politiques de placer une candidate issue de la diaspora en tête de liste a eu un impact limité sur la scène politique, vu le nombre de circonscriptions et l’obligation d’en placer une seule au minimum. Cette règle est surtout respectée pour éviter de perdre les subventions publiques, mais elle n’a pas suffi à renforcer l’implication des MRE dans la vie politique nationale. 

 Comment stimuler la volonté des partis politiques d’intégrer des candidats MRE au‑delà des incitations financières ?

Une piste serait, par exemple, de créer une liste nationale ou des listes régionales dédiées aux MRE au sein du Parlement, dans l’une des deux chambres (comme c’était le cas pour les jeunes et comme c’est le cas pour les femmes), afin de garantir une représentation directe. Une autre option consisterait à relever le minimum légal, en exigeant que les partis présentent plusieurs candidats MRE en tête de listes plutôt qu’une seule tête de liste. In fine, les partis ont tendance à présenter en priorité les candidats qui ont le plus de chances de gagner, peu importe leur origine, et se contenteront souvent de respecter le strict minimum légal tant qu’aucune réforme plus ambitieuse n’est mise en place.

 Les propositions visant à réserver un tiers des sièges du Parlement aux MRE vous paraissent‑elles réalistes ? Quelles alternatives ?

 La proposition de réserver un tiers des sièges du Parlement aux MRE n’est pas réaliste et ne tient pas la route sur le plan logique. Dans une optique de représentativité, les MRE représentent bien moins qu’un tiers de la population marocaine, il serait donc disproportionné de leur attribuer un tel poids politique.

Avant d’envisager un tel niveau de représentation, il faudrait d’abord poser les bases d’une participation politique effective. L’essentiel est de commencer par convaincre les MRE de s’impliquer et de créer des mécanismes adaptés qui leur permettent d’exercer réellement leurs droits. L’appétit vient en mangeant : plus la participation augmentera, plus il sera légitime d’aller progressivement vers une représentation proportionnelle au poids réel des MRE dans la population marocaine, qui je le répète n’atteint pas le tiers.

Quelles bonnes pratiques étrangères (Italie, France, Portugal) pourraient être adaptées au contexte marocain ?

 L’idéal serait d’avoir des circonscriptions dédiées aux MRE, à l’image de ce qui existe déjà en France ou en Tunisie. Ce modèle permettrait aux Marocains résidant à l’étranger d’élire directement leurs propres représentants au Parlement, sur la base de leurs réalités et de leurs préoccupations spécifiques. Une telle approche renforcerait leur implication politique et garantirait une représentation plus juste et plus efficace de la diaspora dans les instances de décision nationales.

La création d’un Secrétariat d’État dédié aux affaires des MRE serait‑elle suffisante pour améliorer leur représentation ?

 La création d’un Secrétariat d’État dédié aux affaires des MRE pourrait contribuer à améliorer les conditions de vie de la diaspora, en mettant en place des programmes adaptés, des services d’accompagnement et des politiques publiques ciblées. Cependant, ce type d’institution relève de la branche exécutive et ne peut pas, à lui seul, renforcer la participation politique des MRE.

Comment renforcer la participation des MRE dans les conseils régionaux et les instances locales ?

 Les MRE ont déjà la possibilité de se présenter librement aux élections locales et régionales, mais leur participation reste limitée, notamment en raison des contraintes liées au vote évoquées précédemment. 

En quoi une meilleure représentativité des MRE pourrait‑elle contribuer à la diplomatie économique et culturelle du Maroc ?

 Une meilleure représentativité des MRE au Parlement renforcerait le cordon ombilical entre le Maroc et sa diaspora et aurait un impact bien au-delà de la diplomatie économique et culturelle. Elle contribuerait également à développer la diplomatie parallèle et la diplomatie parlementaire. En effet, les parlementaires marocains sont appelés à collaborer avec leurs homologues étrangers dans différents cadres institutionnels, et qui de mieux qu’un député MRE pour dialoguer avec, par exemple, un député français, espagnol ou italien ?

Un député MRE porté par les voix de Marocains de double nationalité pourrait jouer un rôle stratégique, en apportant un poids politique accru dans les pays d’accueil tout en défendant les intérêts du Maroc. Ce type de représentation permettrait de mieux valoriser l’influence économique, culturelle et politique du Royaume dans les pays où la diaspora est fortement implantée.

 





Lundi 1 Septembre 2025

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