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Les “divorces gris” : pourquoi de plus en plus de couples se séparent après 50 ans ?

​Et au Maroc ? Une transition inévitable à anticiper


Rédigé par La Rédaction le Lundi 24 Mars 2025



Le phénomène, d’abord discret, prend désormais de l’ampleur : de plus en plus de couples mariés depuis plusieurs décennies choisissent de se séparer passé la cinquantaine. Ce que les sociologues appellent les « divorces gris » (grey divorce) touche aujourd’hui une part croissante de la population dans les pays européens. En France, le nombre de divorces chez les plus de 50 ans a doublé en vingt ans. Longtemps taboue, la séparation après un « long mariage » s’impose comme un fait social majeur. Et le Maroc pourrait bientôt être confronté à cette nouvelle donne.

Les raisons sont multiples. D’abord, les cinquantenaires d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier : en meilleure santé, plus actifs et souvent financièrement autonomes, ils n’envisagent plus la retraite comme un repli mais comme une nouvelle vie à construire. Les femmes, notamment, qui ont accédé plus massivement au marché du travail et à l’indépendance économique, n’acceptent plus de rester dans des relations insatisfaisantes ou déséquilibrées.

Ensuite, l’évolution des mentalités joue un rôle essentiel. Les générations actuelles valorisent davantage l’épanouissement personnel que le devoir conjugal. Une fois les enfants partis du foyer, nombre de couples réalisent qu’ils n’ont plus grand-chose à partager. L’effet du « nid vide » agit comme un révélateur.

Enfin, l’allongement de la durée de vie crée une situation inédite : à 55 ou 60 ans, il reste souvent plusieurs décennies à vivre. Pour certains, continuer un mariage devenu routinier ou conflictuel semble être un sacrifice insupportable.

Pour autant, un divorce à cet âge reste une épreuve redoutable. Il bouleverse les équilibres affectifs, familiaux et financiers. Les pensions, les biens accumulés, les solidarités familiales sont à redéfinir. Certains seniors divorcent mais doivent continuer à cohabiter faute de ressources. D’autres voient leurs relations avec leurs enfants adultes se tendre, chacun prenant parti.

Sur le plan psychologique, la séparation tardive peut engendrer un profond sentiment d’échec, de solitude, voire de honte, surtout chez ceux qui ont tout sacrifié à la famille. Il est alors essentiel d’accompagner cette transition avec bienveillance et sans jugement.

​Et au Maroc ? Une transition inévitable à anticiper

Dans un pays encore attaché à la sacralité du mariage et à la stabilité du couple parental, les divorces après 50 ans restent rares et souvent cachés. Mais comme tous les phénomènes sociaux importés d’Europe, cette tendance pourrait bien frapper le Maroc dans les prochaines années, avec un léger décalage.

L’urbanisation, la montée de l’individualisme, l’émancipation des femmes et l’augmentation de l’espérance de vie vont mécaniquement produire les mêmes effets : des seniors plus autonomes, plus exigeants, et moins enclins à supporter un mariage par habitude. Les institutions doivent donc s’y préparer : aide juridique adaptée, accompagnement psychologique, médiation post-divorce… Car les divorces gris sont aussi une affaire de société.

50 divorces pour 100 mariages enregistrés entre 2017 et 2021, signe d’une transformation profonde du modèle conjugal marocain.

Depuis l’adoption de la nouvelle Moudawana en 2004, le Maroc connaît une hausse soutenue et significative des cas de divorce, qui s’est encore accentuée à la suite de la pandémie de Covid-19.

Le confinement imposé par la crise sanitaire a agi comme un révélateur d’incompatibilités au sein de nombreux foyers, précipitant les séparations. Ainsi, le nombre de divorces est passé de 28 232 en 2005 à 135 724 en 2021, soit une multiplication par près de cinq en seize ans.

Cette tendance, loin d’être ponctuelle, se confirme chaque année : 107 136 cas en 2017, 115 436 en 2018, 129 417 en 2019, une légère baisse à 105 471 en 2020, avant de repartir à la hausse en 2021 avec 131 309 cas. Ce phénomène est en partie attribué à la facilitation des procédures juridiques instaurée par la réforme du Code de la famille, qui a permis à un nombre croissant de femmes de demander le divorce.

En 2021, près d’un tiers des mariages contractés (308 687) se sont soldés par un divorce rapide. Plus précisément, les divorces par consentement mutuel (123 221 cas) dominent, suivis des divorces révocables, des séparations avant consommation du mariage, et des cas de Khol’ ou de droit d’option. Au total, le nombre cumulé de divorces s’élève à 588 969, et le taux de divortialité progresse clairement, avec 50 divorces pour 100 mariages enregistrés entre 2017 et 2021, signe d’une transformation profonde du modèle conjugal marocain.

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Lundi 24 Mars 2025

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