Le problème en effet est que les milliardaires, capitaines d’industrie, tycoons ou vulgaires nababs sont rarement des démocrates ; ils ne le sont pour ainsi dire jamais.
Quand un financier, un industriel recherche le pouvoir et fait tout pour y accéder, c’est généralement le fruit d’une puissance contrariée et d’un ego démesuré.
Résultat : Des milliardaires devenant chefs d’Etat ou de gouvernement et qui, pour conquérir ces positions, doivent se montrer intraitables, adogmatiques et caustiques.
1/ Donald Trump. A tout seigneur, tout honneur… Celui qui est aujourd’hui chef de la première puissance mondiale, qui agit comme un Boss, accumule, enchaîne, multiplie et collectionne les procès en tous genres et pour toutes sortes d’affaires. Le fisc s’intéresse à lui pour non déclaration des revenus réels, le ministère public s’occupe de son cas pour faux témoignages et subornation de témoins, le parquet fédéral se préoccupe de ses manœuvres électorales.
Il a failli aller en prison pour non observation des lois et des règles, mais il est protégé par ses médias amis, ou les siens (Truth Social), et aussi aujourd’hui par une majorité parlementaire fidèle, loyale, inconditionnelle.
2/ Silvio Berlusconi. Il fut l’un des premiers milliardaires à « acheter » le pouvoir. Il s’est appuyé sur son empire médiatique, et sur le foot, mais il a été poursuivi pour toutes sortes d’affaires, dissimulation fiscale, mœurs débridées, avec mineures à la manœuvre, conflits d’intérêts, faux en écritures, subornation de témoins. Il a été condamné à une peine de quatre ans de prison, commuée en travaux d’intérêt général. Il a été défendu par son groupe de médias et ses majorités successives.
3/ Thaksin Shinawatra. Premier ministre de Thaïlande à l’aube de ce siècle, il a été convaincu de plusieurs affaires de corruption, d’abus de pouvoir et de conflits d’intérêt quand il était aux affaires et qu’il faisait ses petites affaires. Renversé par la troupe en 2006, il s’est enfui et a vécu en exil. Il a été défendu par son groupe de télécommunications qui avait une influence directe sur les médias.
4/ Cyril Ramaphosa. Le chef de l’Etat sud-africain, milliardaire lui aussi, est entouré de soupçons de corruption et de conflits d’intérêt, et l’affaire Phala Phala lui colle à la peau, pour soupçons d’obstruction à la justice. Lui n’a pas été protégé par des médias qui lui appartiendraient ou par des sociétés qu’il contrôlerait et qui influenceraient les médias, mais il a été défendu par sa très forte majorité parlementaire qui a bloqué toutes les enquêtes pouvant le menacer.
5/ Rafic Hariri. Il fut premier ministre du Liban, et milliardaire, avant d’être assassiné et remplacé par son fils Saad. Aucune affaire en justice enregistrée contre eux, mais bien des soupçons de corruption, de prises et de conflits d’intérêt. Les deux n’ont jamais été inquiétés par la justice, mais il est bien connu que les luttes de factions, le Hezbollah et l’extrême balkanisation communautaire et confessionnelle du Liban empêchent une justice active.
6/ Petro Porochenko. Milliardaire ukrainien, il a été président de son pays de 2014 à 2019, et après son départ, il a été poursuivi pour une quinzaine de chefs d’inculpation, allant de l’évasion fiscale au conflit d’intérêt, en passant par la corruption et le blanchiment d’argent. Lui, il n’a dû son salut qu’à la guerre déclenchée en février 2022, mais les accusations sont toujours là.
7/ Sebastián Piñera. Chef de l’Etat chilien à deux reprises (2010-2014 et 2018-2022), il a été cité dans plusieurs affaires de conflits d’intérêts. Protégé par ses nombreux intérêts dans les médias publics ou privés, il a affronté une procédure de destitution, laquelle n’a pas abouti, faute de majorité qualifiée, les sénateurs de son camp, la pression médiatique et les réseaux d’affaires ayant pesé de tout leur poids pour, plaidaient-ils, « éviter une crise institutionnelle ».
Etc, etc… Qu’on soit milliardaire ou adossé à des nantis, on ne respecte pas beaucoup la justice.
Dans le monde entier, dont le Maroc, les riches en politique ont les mêmes agissements. Dans le monde entier, et même au Maroc, les juges auront-ils la même implication ? L’avenir crachera le morceau.
Par AZIZ BOUCETTA/PANORAPOST.MA












L'accueil




Guterres snob Attaf à Luanda : l'ONU rompt avec l'impolitesse algérienne sur le Sahara












