Un motif… ou une étincelle de polémique
On peut se demander : pourquoi un simple motif décoratif déclenche-t-il tant d’agitation ? Et c’est ici que le décor – ou plutôt le maillot – entre en scène. Plusieurs médias algériens annoncent que l’équipe d’Algérie arborera prochainement un maillot blanc cassé, orné de bandes géométriques verticales, signé Adidas, « inspiré par les paysages vibrants de l’Algérie ». On peut en rire ou en pleurer. Pourtant, ces formes ne trompent pas : elles évoquent fortement le zellige marocain, qui trouve ses racines à Fès et dans la tradition artisanale du Royaume.
Le souci n’est pas qu’un pays s’inspire d’un motif — l’art se nourrit d’échanges — mais que cette inspiration semble ignorée ou esquivée dans sa dimension symbolique, historique et identitaire. En clair : est-ce un hommage loyal ou une appropriation revendiquée ? Le flou devient source d’interrogation.
Le souci n’est pas qu’un pays s’inspire d’un motif — l’art se nourrit d’échanges — mais que cette inspiration semble ignorée ou esquivée dans sa dimension symbolique, historique et identitaire. En clair : est-ce un hommage loyal ou une appropriation revendiquée ? Le flou devient source d’interrogation.
Une partie de l’affaire est celle de l’arrière-plan symbolique. Le fait même que ce maillot puisse être porté dès la CAN 2025 — qui se joue sur le sol marocain — accroît la portée du geste. Cela ne relève plus du design sportif, mais d’un message implicite : « Nous, l’Algérie, venons ici avec vos motifs ».
Le Maroc avait déjà – en 2022 – protesté contre un modèle similaire d’Adidas, lui aussi incriminé pour « appropriation culturelle ». Le ministère marocain de la Culture avait alors souligné que le zellige fassi est reconnu par Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) comme élément du patrimoine culturel marocain.
Nous devons nous interroger : lorsqu’un motif devient competition, n’est-ce pas l’identité même qui est mise en jeu ? Et plus encore dans un contexte déjà marqué par une rivalité sportive et politique latente entre Rabat et Alger. Le choix du design devient autant geste de marque que code symbolique, chargé de sous-textes.
Le Maroc avait déjà – en 2022 – protesté contre un modèle similaire d’Adidas, lui aussi incriminé pour « appropriation culturelle ». Le ministère marocain de la Culture avait alors souligné que le zellige fassi est reconnu par Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) comme élément du patrimoine culturel marocain.
Nous devons nous interroger : lorsqu’un motif devient competition, n’est-ce pas l’identité même qui est mise en jeu ? Et plus encore dans un contexte déjà marqué par une rivalité sportive et politique latente entre Rabat et Alger. Le choix du design devient autant geste de marque que code symbolique, chargé de sous-textes.
Pour être équitable, il faut reconnaître que le design sportif a ses logiques propres. Les équipementiers comme Adidas cherchent à marquer les esprits, à créer des identités visuelles fortes pour les équipes. Il suffit parfois d’un motif géométrique — sans revendication explicite — pour composer une identité visuelle originalisée. On peut donc envisager que le maillot algérien ne soit pas « copie », mais « post-inspiré ».
De plus, le sport est un terrain d’expression collective, parfois plus libre que les sphères culturelles ou patrimoniales. Le design d’un maillot peut s’inspirer de formes traditionnelles partagées dans le Maghreb sans intention hostile. Le fait que l’Algérie ait une telle ambition de design peut traduire simplement une volonté de modernisation (et non de provocation).
Enfin, sur le plan diplomatique, il faut veiller à ne pas transformer un motif en incident majeur. Le sport peut aussi être plateforme de rapprochement. Le design pourrait devenir prétexte à dialogue, à exposition, à co-création — si les bonnes voies sont ouvertes.
De plus, le sport est un terrain d’expression collective, parfois plus libre que les sphères culturelles ou patrimoniales. Le design d’un maillot peut s’inspirer de formes traditionnelles partagées dans le Maghreb sans intention hostile. Le fait que l’Algérie ait une telle ambition de design peut traduire simplement une volonté de modernisation (et non de provocation).
Enfin, sur le plan diplomatique, il faut veiller à ne pas transformer un motif en incident majeur. Le sport peut aussi être plateforme de rapprochement. Le design pourrait devenir prétexte à dialogue, à exposition, à co-création — si les bonnes voies sont ouvertes.
Le Maroc entre fierté patrimoniale et diplomatie sportive sans tomber dans aucun piége
Pour notre pays, le défi est double. D’une part, reconnaître et protéger le zellige comme un élément vivant de son patrimoine : fabrication artisanale, transmission, rayonnement international. Le ministère marocain de la Culture l’a rappelé : « Le Zellige est un produit purement marocain et le résultat d’expériences qui se sont étalées sur plusieurs siècles. »
D’autre part, naviguer avec précaution sur le terrain diplomatique et sportif. Transformer cette polémique en confrontation risquerait de salir le moment unique que représente la CAN 2025 pour le Maroc. Le Royaume aspire à un événement rassembleur, porteur d’espoir, d’innovation, d’ouverture – et non à un conflit symbolique ravivé.
Il faudra donc allier vigilance patrimoniale et sens stratégique : intervenir si nécessaire, mais sans faire de ce motif décoratif un fossé inévitable.
D’autre part, naviguer avec précaution sur le terrain diplomatique et sportif. Transformer cette polémique en confrontation risquerait de salir le moment unique que représente la CAN 2025 pour le Maroc. Le Royaume aspire à un événement rassembleur, porteur d’espoir, d’innovation, d’ouverture – et non à un conflit symbolique ravivé.
Il faudra donc allier vigilance patrimoniale et sens stratégique : intervenir si nécessaire, mais sans faire de ce motif décoratif un fossé inévitable.
Mais pourquoi cette affaire dépasse le simple maillot ?
La discussion superficielle pourrait se limiter à « qui copie qui ? ». Mais ce serait rater l’essentiel. Le motif géométrique touche à l’identité nationale, à la mémoire artisanale, à la reconnaissance internationale. Le zellige marocain n’est pas un simple carreau décoratif : c’est un savoir-faire transmis depuis le Xe siècle, fabriqué de façon artisanale, porteur de symboles, de beauté, de patrimoine.
Par ailleurs, lorsqu’on convoque un motif artistique dans un contexte sportif international, on entre dans une logique d’image de marque, de marketing, parfois de soft-power culturel.
Si l’Algérie porte sur son maillot un motif marocain — avoué ou non — en sol marocain, cela entre dans une zone de friction symbolique.
Pour le public marocain, l’affaire interroge la façon dont nous valorisons notre patrimoine : sommes-nous capables de le protéger, de le moderniser, de le partager sans le banaliser ?
Et dans un contexte de sport-business globalisé, quelle place pour l’authenticité et l’artisanat face aux grandes marques ?
Par ailleurs, lorsqu’on convoque un motif artistique dans un contexte sportif international, on entre dans une logique d’image de marque, de marketing, parfois de soft-power culturel.
Si l’Algérie porte sur son maillot un motif marocain — avoué ou non — en sol marocain, cela entre dans une zone de friction symbolique.
Pour le public marocain, l’affaire interroge la façon dont nous valorisons notre patrimoine : sommes-nous capables de le protéger, de le moderniser, de le partager sans le banaliser ?
Et dans un contexte de sport-business globalisé, quelle place pour l’authenticité et l’artisanat face aux grandes marques ?
Quelques pistes de réflexion constructive
Le Maroc pourrait profiter de cette polémique pour ouvrir un dialogue bilatéral (culture, design, sport) avec l’Algérie afin de clarifier les intentions et d’éviter l’escalade.
L’événement CAN 2025 peut devenir une vitrine du patrimoine marocain : pourquoi ne pas organiser une exposition officielle du zellige durant le tournoi, rappeler son histoire, sa valeur ?
À l’échelle nationale, l’on doit renforcer la sensibilisation-jeunes à ce type de patrimoine (artisanat, design, identité). Pour que la nouvelle génération fasse non seulement « consommation » de motifs, mais en devienne ambassadrice.
Enfin, dans le monde du sport et du business, il est urgent de promouvoir des codes de respect culturel : les grandes marques doivent mieux dialoguer avec les artisans locaux, reconnaître le contexte, éviter les erreurs symboliques.
L’événement CAN 2025 peut devenir une vitrine du patrimoine marocain : pourquoi ne pas organiser une exposition officielle du zellige durant le tournoi, rappeler son histoire, sa valeur ?
À l’échelle nationale, l’on doit renforcer la sensibilisation-jeunes à ce type de patrimoine (artisanat, design, identité). Pour que la nouvelle génération fasse non seulement « consommation » de motifs, mais en devienne ambassadrice.
Enfin, dans le monde du sport et du business, il est urgent de promouvoir des codes de respect culturel : les grandes marques doivent mieux dialoguer avec les artisans locaux, reconnaître le contexte, éviter les erreurs symboliques.
Le zellige n’est pas un simple motif décoratif : c’est une part de nous. Et sur ce terrain, chacun gagne à jouer clean.
Cette affaire du maillot algérien et du motif du zellige n’est pas un simple scandale textile : c’est un miroir tendu au Maroc et au Maghreb — la façon dont nous mesurons, revendiquons ou partageons nos identités culturelles à l’heure de la globalisation.
Le Royaume accueille la CAN 2025 avec ambition : faire de l’événement un moment de cohésion, d’innovation et de rayonnement. Pour cela, il n’a pas besoin d’adversaires symboliques, mais de partenaires conscients de l’histoire partagée, respectueux des différences et désireux de valoriser la richesse collective plutôt que de tout réduire à un motif.
Le Royaume accueille la CAN 2025 avec ambition : faire de l’événement un moment de cohésion, d’innovation et de rayonnement. Pour cela, il n’a pas besoin d’adversaires symboliques, mais de partenaires conscients de l’histoire partagée, respectueux des différences et désireux de valoriser la richesse collective plutôt que de tout réduire à un motif.












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