320 milliards de dirhams : Le Maroc osera-t-il confier la transparence à une IA ?
Le premier verrou est psychologique. Beaucoup d’entrepreneurs compétents s’auto-censurent, persuadés qu’il faut un carnet d’adresses plutôt qu’une offre solide. La corruption existe — comme partout —, mais elle n’explique pas tout. Les organes de contrôle, à commencer par la Cour des comptes, encadrent la dépense publique et sanctionnent. Se priver de ce marché au nom d’un fatalisme commode, c’est surtout laisser la place à ceux qui osent. La meilleure riposte à la suspicion, c’est la maîtrise des procédures.
Justement, les règles ont évolué. Le décret de 2023 a élargi la palette d’outils, notamment le dialogue compétitif pour les projets complexes. Ce mécanisme évite les cahiers des charges irréalistes : l’administration expose son besoin, les entreprises qualifiées aident à le clarifier, puis déposent leurs offres. Dans les marchés “classiques”, tout est écrit : conditions techniques, critères d’évaluation, modalités de paiement, prix estimatifs. L’information existe, publique et traçable ; l’enjeu est de savoir la fouiller et l’exploiter.
Vient ensuite la question de l’éligibilité. Le cadre actuel fixe des seuils de participation : 1 million de dirhams pour les services et 10 millions pour les travaux. L’objectif est double : protéger la qualité d’exécution et favoriser l’ancrage national. Les entreprises étrangères peuvent concourir si elles sont fiscalement implantées au Maroc. Plutôt que d’y voir une barrière, les PME devraient y lire une invitation à s’allier, mutualiser références et capacités, et monter en puissance. Le patriotisme économique n’est pas une incantation : c’est une ingénierie de groupements.
La clé, ensuite, c’est le dossier. On ne gagne pas un appel d’offres avec une idée, mais avec des pièces conformes, une offre technique alignée et un chiffrage argumenté. L’administration a l’obligation de répondre ; en cas de litige, les tribunaux administratifs existent, et les voies de recours sont réelles. Au dépouillement, l’ouverture des offres financières doit être encadrée, et le critère qui doit primer reste le meilleur rapport qualité-prix. Le culte du “moins-disant” est un piège : il fragilise l’exécution, génère retards et malfaçons, puis des pénalités qui ruinent tout le monde — l’entreprise, le projet, et la confiance.
Justement, les règles ont évolué. Le décret de 2023 a élargi la palette d’outils, notamment le dialogue compétitif pour les projets complexes. Ce mécanisme évite les cahiers des charges irréalistes : l’administration expose son besoin, les entreprises qualifiées aident à le clarifier, puis déposent leurs offres. Dans les marchés “classiques”, tout est écrit : conditions techniques, critères d’évaluation, modalités de paiement, prix estimatifs. L’information existe, publique et traçable ; l’enjeu est de savoir la fouiller et l’exploiter.
Vient ensuite la question de l’éligibilité. Le cadre actuel fixe des seuils de participation : 1 million de dirhams pour les services et 10 millions pour les travaux. L’objectif est double : protéger la qualité d’exécution et favoriser l’ancrage national. Les entreprises étrangères peuvent concourir si elles sont fiscalement implantées au Maroc. Plutôt que d’y voir une barrière, les PME devraient y lire une invitation à s’allier, mutualiser références et capacités, et monter en puissance. Le patriotisme économique n’est pas une incantation : c’est une ingénierie de groupements.
La clé, ensuite, c’est le dossier. On ne gagne pas un appel d’offres avec une idée, mais avec des pièces conformes, une offre technique alignée et un chiffrage argumenté. L’administration a l’obligation de répondre ; en cas de litige, les tribunaux administratifs existent, et les voies de recours sont réelles. Au dépouillement, l’ouverture des offres financières doit être encadrée, et le critère qui doit primer reste le meilleur rapport qualité-prix. Le culte du “moins-disant” est un piège : il fragilise l’exécution, génère retards et malfaçons, puis des pénalités qui ruinent tout le monde — l’entreprise, le projet, et la confiance.
Pourquoi pas un “garde-fou numérique” au gouvernement ?
Reste l’éléphant dans la pièce : les délais de paiement, qui peuvent dépasser 90 jours. Pour une petite structure, c’est l’asphyxie. On peut s’en plaindre, ou s’y préparer : trésorerie tampon, lignes bancaires dédiées, phasage des acomptes, lecture fine des clauses d’avances et de retenues de garantie. En parallèle, l’État doit faire sa part : digitaliser les circuits de validation, tracer les factures, plafonner les délais. C’est une réforme de productivité publique, pas une faveur.
La transformation digitale accélère cette mue. Beaucoup de citoyens — et d’entreprises — ne maîtrisent pas encore l’accès aux services en ligne, la “couverture digitale”, les dépôts dématérialisés, la preuve électronique, la gouvernance des données. Résultat : des appels d’offres mal exploités, des marchés mal compris, de la valeur perdue. Il faut éduquer le marché : former à la lecture d’un cahier des charges, à la construction d’un prix, à l’usage des plateformes, au pilotage contractuel. La valeur suit la compétence, rarement l’indignation.
Ailleurs, des pistes émergent. L’Albanie a créé un précédent en nommant une ministre des Marchés publics générée par IA pour superviser les appels d’offres et traquer les anomalies. On peut sourire, mais la direction est claire : l’automatisation de la conformité, l’analyse des offres par algorithmes, la détection des collusions et le suivi temps réel des délais ne sont plus de la science-fiction. Le Maroc a les talents pour bâtir son Patrimoine numérique de la commande publique : auditables, ouverts, sécurisés.
La commande publique n’est pas un “trésor caché” : c’est un levier de souveraineté économique. Aux pouvoirs publics de rendre la machine plus fluide ; aux entrepreneurs de monter en compétences, de se regrouper intelligemment, d’investir la procédure avec rigueur. Le chemin est tracé : transparence, méthode, innovation. Ceux qui l’emprunteront auront plus qu’une chance : ils auront un avantage.
La transformation digitale accélère cette mue. Beaucoup de citoyens — et d’entreprises — ne maîtrisent pas encore l’accès aux services en ligne, la “couverture digitale”, les dépôts dématérialisés, la preuve électronique, la gouvernance des données. Résultat : des appels d’offres mal exploités, des marchés mal compris, de la valeur perdue. Il faut éduquer le marché : former à la lecture d’un cahier des charges, à la construction d’un prix, à l’usage des plateformes, au pilotage contractuel. La valeur suit la compétence, rarement l’indignation.
Ailleurs, des pistes émergent. L’Albanie a créé un précédent en nommant une ministre des Marchés publics générée par IA pour superviser les appels d’offres et traquer les anomalies. On peut sourire, mais la direction est claire : l’automatisation de la conformité, l’analyse des offres par algorithmes, la détection des collusions et le suivi temps réel des délais ne sont plus de la science-fiction. Le Maroc a les talents pour bâtir son Patrimoine numérique de la commande publique : auditables, ouverts, sécurisés.
La commande publique n’est pas un “trésor caché” : c’est un levier de souveraineté économique. Aux pouvoirs publics de rendre la machine plus fluide ; aux entrepreneurs de monter en compétences, de se regrouper intelligemment, d’investir la procédure avec rigueur. Le chemin est tracé : transparence, méthode, innovation. Ceux qui l’emprunteront auront plus qu’une chance : ils auront un avantage.












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