Face au stress hydrique et à la variabilité croissante des précipitations, le Maroc a accéléré le recours au dessalement de l’eau de mer. On compte à ce jour 17 usines de dessalement en activité, constituant un maillage national qui alimente en priorité l’eau potable de centres urbains et de régions touristiques, mais également certains usages agricoles et industriels. Cette montée en capacité s’inscrit dans une stratégie à long terme qui vise à sécuriser la ressource, diversifier les sources d’approvisionnement et soulager les eaux de surface et souterraines.

Les sites les plus emblématiques incluent les grandes unités côtières qui desservent des villes majeures et leurs environs, ainsi que des stations modulaires déployées plus rapidement pour répondre à l’urgence. Les technologies retenues reposent principalement sur l’osmose inverse, combinée à des systèmes d’efficacité énergétique et parfois à des énergies renouvelables pour réduire l’empreinte carbone du processus. Les conduites d’adduction, les réservoirs de stockage et les réseaux de distribution ont été renforcés pour garantir la continuité de service et la qualité sanitaire de l’eau produite.

La stratégie nationale intègre trois axes complémentaires: la production d’eau dessalée, la réutilisation des eaux usées traitées, et la réduction des pertes sur les réseaux. La cohérence d’ensemble repose sur des plans régionaux qui déclinent les besoins, les capacités et les calendriers de mise en service. Des chantiers supplémentaires sont en cours pour étendre la couverture, diminuer les coûts unitaires, et améliorer l’intégration énergétique, notamment via l’adossement à des parcs solaires et éoliens.

Le dessalement n’est cependant pas une solution isolée. Il requiert une gouvernance solide pour assurer la soutenabilité économique, sociale et environnementale. La tarification, le ciblage des usages, la protection des milieux marins, la gestion de la saumure et l’efficacité énergétique sont des points de vigilance qui conditionnent l’acceptabilité et la performance long terme. Dans les régions en tension, l’arrivée d’eau dessalée a permis de stabiliser la disponibilité et de réduire la pression sur les nappes, mais elle doit s’accompagner d’une modernisation agricole vers des cultures moins gourmandes et des techniques d’irrigation efficientes.

Avec 17 usines opérationnelles, le Maroc franchit un palier qui place le dessalement comme un pilier de résilience face au changement climatique. L’enjeu à moyen terme consiste à améliorer la robustesse financière des projets, renforcer l’intégration aux renouvelables pour abaisser l’empreinte carbone, et accélérer la maintenance prédictive pour assurer des taux de disponibilité élevés. Cette approche mixte, conjuguant technologie, gouvernance et planification territoriale, consolide la sécurité hydrique tout en préparant l’économie aux défis climatiques de la prochaine décennie.