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Maroc–Brésil : un pont bovin pour apaiser le marché de la viande rouge


Rédigé par le Mardi 2 Septembre 2025

Près de 49 700 bovins vivants ont été importés du Brésil au premier semestre 2025 afin de desserrer l’étau sur les prix de la viande rouge au Maroc et d’amortir les effets combinés de la sécheresse et de la flambée des coûts d’engraissement.



Entre prix, climat et souveraineté

Sous les projecteurs discrets des postes vétérinaires frontaliers, les cargaisons de bovins brésiliens qui accostent depuis janvier dessinent une géographie alimentaire mondialisée où la logistique devient un instrument de stabilisation sociale. Les 49 700 têtes introduites au premier semestre 2025 constituent plus qu’une opération commerciale : elles révèlent la tension d’un marché national pris en étau entre la contraction du cheptel local, l’augmentation des intrants et l’exigence des consommateurs pour une viande accessible et régulière. En arrière-plan, la sécheresse multi‑annuelle a raréfié les parcours fourragers, obligeant de nombreux éleveurs à arbitrer entre liquidation anticipée et maintien coûteux des animaux.

L’État, via les autorités agricoles et sanitaires, encadre l’opération en invoquant un triple objectif : rétablir un niveau d’offre compatible avec la reprise de la demande urbaine post‑inflation, contenir l’envolée des prix de détail et préserver le pouvoir d’achat alimentaire. Les importations ciblent essentiellement des animaux destinés à l’engraissement final ou à l’abattage rapide, injectant une flexibilité qu’un cycle de reproduction local ne peut produire instantanément. Cette stratégie conjoncturelle interroge toutefois la trajectoire de souveraineté protéique : jusqu’où externaliser la variable d’ajustement sans fragiliser à terme la filière bovine nationale ?

La question sanitaire demeure centrale. Le passage par un corridor de contrôles vétérinaires stricts, la traçabilité et le respect des protocoles de vaccination d’origine constituent le cœur de l’acceptabilité publique. Les autorités insistent sur l’alignement aux standards internationaux, conscients que le moindre incident pourrait raviver les critiques sur la dépendance extérieure. Le Brésil, géant agroalimentaire, offre volume et compétitivité, mais son empreinte environnementale – déforestation perçue, émissions liées au transport maritime – nourrit un débat plus discret au Maroc sur la durabilité de la ration carnée.

Sur les marchés de détail, l’effet prix reste graduel. Les intermédiaires absorbent d’abord l’ajustement tandis que les boucheries de quartier observent, parfois prudemment, une relative détente des coûts d’approvisionnement. Les consommateurs, eux, oscillent entre soulagement modéré et vigilance face à un panier alimentaire général encore contraint. L’expérience de 2023–2024, marquée par des hausses diffuses, a laissé une sensibilité accrue à tout signal inflationniste.

En filigrane se dessine la nécessité d’un recalibrage structurel : amélioration génétique du cheptel local, efficience des élevages semi‑intensifs, valorisation des coproduits pour réduire les importations de concentrés, irrigation raisonnée de cultures fourragères résilientes. L’import massif ponctuel peut jouer le rôle de soupape, mais seule une montée en gamme productive et sanitaire durable offrira un amortisseur endogène face aux cycles climatiques et aux chocs mondiaux. Le troupeau brésilien qui foule les parcs marocains agit ainsi comme un miroir : il reflète l’urgence conjoncturelle tout en projetant l’ambition d’une filière reconfigurée autour de résilience, transparence et efficience.

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Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Mardi 2 Septembre 2025

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