Quand la récolte a débuté, c’était loin d’être l’enthousiasme. Entre concurrence internationale et pression sur les prix, de nombreux producteurs marocains avaient préféré retarder les cueillettes. Résultat : des volumes faibles bien en dessous du potentiel réel et des exportateurs hésitants, face à un marché européen saturé d’offres, notamment en provenance d’Amérique latine.
Comme l’a soulevé un acteur de la filière, « la concurrence latine frappe fort », forçant des ajustements parfois drastiques dans les décisions de récolte.
Mais depuis début décembre, le vent tourne doucement. « Le marché revient à un niveau plus normal », affirme Abdelkrim Allaoui, président de l’association des producteurs dans la région du Gharb. En quelques jours, les prix à la plantation ont rebondi, avec une hausse de l’ordre de 15 % selon des témoignages du terrain un signal encourageant pour ceux qui hésitaient à lancer la récolte.
Deux facteurs expliquent ce nouveau souffle. D’abord, la demande locale, longtemps marginale, semble prendre de l’importance. Les distributeurs et commerces marocains anticipent déjà une hausse des ventes à l’approche des fêtes et des préparatifs en vue du Ramadan, et passent leurs commandes plus tôt. Ensuite et c’est non négligeable la qualité des fruits récoltés cette année serait jugée correcte, voire supérieure à la moyenne, ce qui permet aux producteurs de revendiquer des prix un peu plus fermes.
Le contexte global n’est pourtant pas totalement rétabli. La concurrence reste rude : les avocats d’Amérique latine plus nombreux, souvent moins chers continuent d’inonder le marché européen, ce qui maintient une pression sur les prix. Et de fait, plusieurs producteurs, surtout les petits, temporisent encore la récolte. Certains attendent des signes d’amélioration du marché international début 2026 avant de lancer la cueillette massive.
Pourtant, tout n’est pas sombre : le Maroc semble avoir tiré son épingle du jeu cette saison. Malgré la concurrence et les ajustements, le pays a dépassé les 100 000 tonnes d’exportation pour 2024–2025 un record pour la filière. Cerise sur le gâteau : certains marchés comme l’Allemagne ont vu les exportations marocaines doubler, avec près de 20 000 tonnes et un chiffre d’affaires estimé à 80 millions de USD.
Mais au-delà des chiffres, c’est une leçon de résilience. La filière, fragilisée par les conditions climatiques (sécheresse, épisodes de chaleur) et par la volatilité des marchés internationaux, montre qu’elle sait s’adapter entre pause de récolte, arbitrage qualité/prix, et recentrage partiel sur le marché interne.
L’avocat marocain traverse une période de balancement entre incertitudes, concurrence globale et petites victoires. Mais le regain récent de la demande locale et les prix revus à la hausse offrent un souffle d’espoir. Pour que la campagne 2025‑2026 ne reste pas un sursaut ponctuel, il faudra que la filière conjugue qualité, volumes et anticipation et veille à ce que les producteurs soient protégés face aux aléas du marché mondial.












L'accueil

















