Un record confirmé par Bank Al-Maghrib et l’Office des changes
Bank Al-Maghrib indique que les avoirs officiels de réserve se sont établis autour de 431,6 milliards de dirhams à fin octobre 2025, soit l’équivalent d’environ 47 milliards de dollars, marquant une hausse annuelle proche de 20 %. Ce niveau couvre désormais plus de cinq mois d’importations de biens et services, un coussin apprécié par les marchés et les agences de notation.
Ce renforcement n’est pas un hasard : il résulte d’une conjonction de facteurs hausse des recettes voyages, retour en force des flux d’investissements et amélioration des termes de l’échange observés sur les dix premiers mois de l’année. L’Office des changes confirme que les recettes voyages ont atteint 113,26 MMDH à fin octobre 2025, en progression de +16,7 % sur un an, tandis que les recettes issues des IDE s’élèvent à 45,4 MMDH, . Ces chiffres expliquent en grande partie l’afflux de devises enregistré cette année.
Un coussin appréciable… mais pas une panacée
Sur la mêlée du terrain, la nouvelle est bien accueillie : commerçants, importateurs et responsables bancaires disent ressentir une stabilisation des tensions sur le marché des changes. Pour un chef d’entreprise à Casablanca que j’ai rencontré, « avoir la certitude que la banque centrale dispose d’un tel niveau de réserves change la donne quand on négocie des contrats à l’export ». Mais derrière le constat, des fragilités subsistent.
D’abord, la progression des réserves masque un déficit commercial toujours important : les exportations ont progressé modestement (+2,6 % à fin octobre selon l’Office des changes), tandis que les importations restent soutenues, amplifiant ainsi le besoin en devises. Ensuite, la dépendance relative aux recettes voyages — bien que souhaitable — peut s’avérer volatile face aux risques géopolitiques ou sanitaires.
Pourquoi le tourisme et les IDE font la différence
Le retour massif des visiteurs explique une grande partie du rebond : le Maroc a enregistré 18 millions de visiteurs à fin novembre 2025, selon les bilans ministériels, un niveau historique qui accélère l’entrée de devises. Cette tendance a un effet domino sur l’hôtellerie, le transport aérien et les services associés, secteurs qui absorbent une partie du chômage structurel.
Parallèlement, les IDE montrent un rebond significatif en volume et en qualité reflétant la confiance d’investisseurs étrangers dans des secteurs diversifiés (automobile, industries, énergies, technologies). Ces flux renforcent non seulement la balance des paiements, mais peuvent aussi favoriser des transferts de compétences et une montée en gamme industrielle si l’accompagnement public-privé est efficace.
Projections prudentes et conditions à une traduction réelle en gains sociaux
Bank Al-Maghrib reste optimiste : ses projections tablent sur une poursuite du trend haussier des réserves, portant les avoirs à un niveau encore supérieur à l’horizon 2026. Mais cette trajectoire dépend étroitement du maintien des recettes touristiques, de la solidité des IDE et d’un contrôle des importations. Les autorités doivent donc convertir ce record comptable en politiques concrètes soutien aux PME exportatrices, formation professionnelle, investissements publics ciblés pour que la population sente les bénéfices sur l’emploi et le pouvoir d’achat.
Le record des réserves est une bonne nouvelle stratégique : il protège le Maroc contre des chocs extérieurs et consolide la crédibilité macroéconomique. Mais sans politiques structurelles ambitieuses pour diversifier les exportations, renforcer la valeur ajoutée locale et assurer une distribution équitable des retombées, ce coussin financier risque de rester un chiffre rassurant au tableau de bord et non un moteur tangible d’amélioration des conditions de vie des Marocains.
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