Un chantier énergétique au cœur de la transition — et de l’économie
Le premier des deux appels concerne l’affrètement d’une unité flottante de stockage‑regazéification (FSRU) pour Nador West Med. Le coût est estimé à 273 millions de dollars, et l’unité permettra de recevoir du GNL, de le stocker puis de le regazéifier. Le gaz sera ensuite injecté dans le réseau national via le gazoduc existant Maghreb‑Europe Gas Pipeline (GME).
Le second volet vise l’édification d’un corridor gazier national : des gazoducs relieront le port de Nador au GME, puis du GME jusqu’à Mohammedia en passant par Kénitra et desserviront les zones industrielles et centrales thermiques. Le coût global de cette première phase est estimé à 954,2 millions de dollars, répartis comme suit : 638,7 millions pour le tronçon principal, plus 42,5 millions pour des réseaux secondaires vers les zones industrielles.
Ce projet s’inscrit dans la feuille de route nationale 2024–2030 pour la transition énergétique, adoptée par l’État en 2024. La mise en service du terminal GNL est espérée pour 2027, date à laquelle la demande nationale en gaz devrait s’envoler.
À long terme, ce réseau pourrait devenir l’ossature d’un marché national du gaz, alimentant industries, centrales électriques, et assurant une sécurité énergétique durable.
Ce que ce projet signifie
Le lancement de ces appels à concurrence n’est pas un simple signal politique c’est un pari économique. En effet, la demande en gaz du Royaume devrait fortement monter dans les années à venir, portée par le développement des zones industrielles, la conversion des centrales thermiques au gaz et la volonté de réduire la dépendance au charbon ou au fioul.
Avec ces infrastructures, le Maroc s’offre non seulement un approvisionnement énergétique plus stable, mais aussi un levier pour attirer des investissements, stimuler la compétitivité industrielle et réduire les coûts d’énergie pour les entreprises. C’est une stratégie qui peut redonner souffle à des secteurs stratégiques, tout en soutenant la création d’emplois.
De surcroît, le recours à un modèle de partenariat public‑privé (PPP), prévu dans le cadre de la loi 86‑12, permet de mobiliser des capitaux privés internationaux un signe que le Maroc mise sur l’expertise globale et la rigueur financière pour mener ce chantier.
Mais un tel pari n’est pas sans risques. Réussir l’implantation d’un FSRU puis d’un réseau gazier national demande rigueur, coordination entre acteurs publics et privés, respect des contraintes environnementales, sans oublier la stabilisation des prix pour que l’énergie reste accessible aux entreprises comme aux citoyens.
Un tournant pour l’économie marocaine
Ce double appel à la concurrence signe le passage d’un discours à un chantier concret. Le Maroc ne se contente plus de déclarations d’intention : avec Nador West Med, il met les moyens pour bâtir une infrastructure à la fois stratégique, moderne et prometteuse.
Si les prochaines étapes attribution des marchés, construction, mise en service sont menées avec sérieux et transparence, le royaume pourrait bientôt compter non seulement sur un approvisionnement en gaz fiable, mais aussi sur un atout considérable pour sa croissance, sa compétitivité industrielle, et la création d’emplois durables.
En lançant ce vaste plan gazier, le Maroc convertit une ambition énergétique en projet de développement économique. Ce n’est pas seulement un pipeline qu’il bâtit c’est une passerelle vers un avenir industriel plus ambitieux, plus souverain, et potentiellement plus juste.












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