Bien que la majorité des Marocains restent attachés à leur commune de naissance (60%), près de 40% de la population a déjà franchi les frontières de sa commune d'origine au moins une fois dans sa vie. Cela représente un mouvement démographique important qui dépasse largement la migration internationale (qui concerne moins de 0,7% des résidents). Ces flux internes ne sont pas seulement des déplacements géographiques, mais sont également des moteurs de transformation économique et sociale à l'échelle nationale.
Le rapport révèle une urbanisation croissante des migrations internes. 45,6% des migrations se font désormais entre villes, soulignant l'attractivité des grandes métropoles marocaines comme Casablanca, Rabat ou encore Tanger. Le phénomène de migration se transforme également par sa féminisation : les femmes représentent 55,1% des migrants internes, un signe de plus en plus visible d’une mobilité féminine affirmée, même dans les zones rurales où elles étaient traditionnellement moins présentes.
Les grandes régions urbaines, notamment Casablanca-Settat, concentrent une part significative des migrations internes. À elle seule, cette région accueille 3,63 millions de migrants, soit un quart du total national. Rabat-Salé-Kénitra, Fès-Meknès et Tanger-Tétouan-Al Hoceima suivent également avec des chiffres importants, attirant non seulement les ressortissants d'autres régions mais aussi une grande part de leur population locale. Ces métropoles sont devenues les pôles d’attraction incontournables, offrant des opportunités économiques, éducatives et sociales de plus en plus prisées.
Bien que l’exode rural soit en ralentissement, il reste une réalité marquante. 34,1% des migrations internes se font encore rural-vers-urbain, une dynamique qui maintient la pression démographique sur les grandes agglomérations urbaines. En revanche, les migrations inverses, soit urbain-vers-rural (7,2%) ou rural-rural (11,4%), demeurent plus marginales, souvent liées à la retraite ou à des projets agricoles familiaux.
Un autre fait notable dans ce rapport est la croissance de l’attractivité des régions du sud. Souss-Massa, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed-Dahab attirent de plus en plus de migrants grâce à des investissements publics et des projets économiques structurants. Bien que cette tendance soit encore en développement, elle montre un début de diversification des pôles d’attraction, loin du triangle Casablanca-Rabat-Tanger traditionnel.
Malheureusement, certaines régions comme Marrakech-Safi, Béni Mellal-Khénifra ou Drâa-Tafilalet enregistrent des soldes migratoires négatifs. Cela traduit un manque d’opportunités locales et une perte continue de capital humain, qui exacerbent les inégalités territoriales et alimentent un cercle vicieux de migration vers les centres urbains.
En somme, 14,45 millions de Marocains sont concernés par cette migration dite « durée de vie », qui redistribue les populations tout en accentuant les inégalités territoriales. Les grandes métropoles continuent de capter une part importante de ces migrations, concentrant ainsi le développement économique et social, au détriment des régions périphériques et rurales.
Cette photographie démographique, loin de se limiter à des déplacements géographiques, révèle une géographie du développement polarisée où la mobilité interne agit comme un levier de redistribution des populations, tout en creusant des écarts de développement entre les régions du pays.












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