Entrée en matière et chiffres clés
À sa prise de fonctions, Leïla Benali a mis le secteur minier au centre de son agenda. Les éléments chiffrés cités par la ministre et relayés par la presse confirment le poids stratégique des mines : selon des bilans récents, le secteur pèse aujourd’hui autour de 8–10 % du PIB marocain, représente une part significative variable selon les années des recettes d’exportation (autour de 20–30 % selon les méthodologies) et emploie près de 40 000 personnes. Ces ordres de grandeur sont cohérents avec les estimations publiées par des institutions nationales et internationales.
Sécurité, droit du travail et titres : la priorité sociale
L’un des points forts de l’intervention ministérielle est la mise en avant de la sécurité et des droits des mineurs. Le projet initial (33-13) a été retiré en 2021 et remanié pour donner naissance au projet de loi 72-24, qui recentre la réglementation sur la protection des travailleurs : création d’une carte professionnelle pour chaque mineur, renforcement des obligations de sécurité et meilleure traçabilité des statuts. Sur le papier, c’est une avancée sociale majeure ; l’enjeu maintenant est opérationnel : transformer des garanties légales en contrôles et moyens sur le terrain.
Simplification, transformation locale et gouvernance
Le texte remanié ne se limite pas à des mesures sociales : il vise aussi à simplifier les procédures, encourager l’industrie de transformation locale, instaurer une commission nationale des minerais stratégiques et renforcer le contenu local. Ces orientations cherchent à faire sortir le Maroc du simple modèle d’exportateur de matières premières pour monter en gamme sur les chaînes de valeur. Reste à voir si les incitations prévues suffiront à attirer des investissements industriels de proximité.
Territoires, CADETAF et exemples concrets
La ministre a également élargi le diagnostic aux réalités régionales : Tafilalet, Figuig ou Jerada ne sont plus des « périphéries » mais des maillons du projet. La troisième réunion du conseil d’administration du CADETAF (31 octobre 2025) illustre cette volonté de territorialisation : conventions de modernisation de la prospection, renforcement des services techniques et initiatives pour connecter artisans-mineurs et marché national ont été actés. Sur le terrain, ces mesures pourront alléger des fractures locales persistantes à condition d’un suivi rigoureux.
Digitalisation et transformation institutionnelle : promesses et réalités
Parmi les annonces opérationnelles : le lancement prochain d’un registre minier national numérisé prévu au premier trimestre 2026 qui devrait regrouper plus d’une quarantaine de démarches administratives, visant la simplification et la transparence. Parallèlement, le projet de loi 56-24 prévoit la transformation de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) pour en faire un pivot plus agile de la recherche et du financement sectoriel. Ces outils numériques et institutionnels sont prometteurs, mais leur succès dépendra de capacités de mise en œuvre souvent sous-estimées.
La refonte du secteur minier portée par Leïla Benali combine ambitions sociales, levier industriel et priorité territoriale. Les annonces sont crédibles et s’appuient sur des mesures concrètes cartes professionnelles, registre digital, transformation de l’ONHYM mais le plus difficile commence maintenant : traduire textes et plateformes en sécurité effective, emplois durables et industrie locale. Pour les régions minières, l’heure est à l’évaluation scrupuleuse et à une mise en œuvre transparente faute de quoi les promesses risquent de rester des alignements sur papier.












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