PLF 2025 irréaliste dans le cadre de la conjoncture nationale actuelle ?
Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 tente de présenter un bilan optimiste, mettant en avant une supposée résilience de l’économie marocaine face aux défis exogènes. Pourtant, une analyse plus critique des faits montre que cette résilience est, en réalité, bien plus fragile qu’il n’y paraît.
Le PLF 2025 vante les succès des secteurs comme l’automobile, l’aéronautique et le tourisme, qui auraient contribué à la croissance de l’économie nationale. Cependant, cette diversification économique repose sur des secteurs sensibles aux fluctuations internationales. L’industrie automobile, par exemple, reste fortement dépendante de la demande extérieure, notamment européenne, qui elle-même est affectée par les incertitudes économiques mondiales. Quant au secteur aéronautique, son développement ne saurait compenser les difficultés structurelles d’autres industries plus traditionnelles qui peinent à moderniser leurs outils de production.
En outre, la reprise du tourisme est certes encourageante, mais ce secteur a montré sa vulnérabilité durant la pandémie. La dépendance accrue à ces secteurs suppose un manque de soutien stratégique à des industries locales et à l’innovation interne, laissant ainsi l’économie marocaine exposée à de futurs chocs extérieurs.
Le gouvernement s’appuie sur le programme Génération Green 2020-2030 pour soutenir l’agriculture, mais ce secteur clé de l’économie marocaine continue de subir des pertes importantes en raison des perturbations climatiques. Bien que des mesures de gestion hydrique aient été mises en place, elles restent insuffisantes pour répondre aux sécheresses répétitives et aux défis climatiques croissants. La production agricole, moteur économique pour de nombreuses régions, est de plus en plus imprévisible. Le PLF 2025 ne semble pas accorder l’importance nécessaire à la résilience à long terme de ce secteur.
Le PLF 2025 met en avant les investissements dans les énergies renouvelables, notamment avec l'hydrogène vert. Cependant, les projets en cours ne suffisent pas à compenser la dépendance énergétique du Maroc. Les énergies fossiles représentent toujours une part significative de la consommation énergétique nationale. En outre, la montée des coûts de l'énergie à l'international continue de peser sur les finances publiques et sur la balance commerciale du pays.
Bien que le gouvernement promette des investissements dans les infrastructures, la réalité montre une faiblesse chronique des financements dans des secteurs essentiels comme la santé et l’éducation. Ces domaines souffrent de sous-investissements depuis des années, et les réformes structurelles tant promises peinent à être mises en œuvre. Le PLF 2025 évoque l’amélioration des infrastructures, mais ces efforts semblent largement insuffisants au regard des besoins criants sur le terrain.
Le PLF 2025 prétend soutenir l’État social en améliorant l’accès à l’éducation, à l’emploi, et à la protection sociale. Néanmoins, les réformes en cours ne parviennent pas à réduire les inégalités régionales et sociales. Les objectifs affichés, bien que louables, risquent de se heurter à une mauvaise exécution des politiques publiques. L'inclusion sociale reste un défi majeur, et sans une refonte des mécanismes de distribution des ressources, ces mesures risquent de ne pas atteindre les populations les plus vulnérables.
En somme, le PLF 2025, bien qu'ambitieux dans ses annonces, sous-estime les défis majeurs qui menacent la résilience à long terme de l'économie marocaine. Une diversification économique trop dépendante de secteurs vulnérables, une gestion insuffisante des risques climatiques pour l'agriculture, et des réformes sociales limitées laissent entrevoir une croissance fragile. Si des actions concrètes ne sont pas entreprises pour remédier à ces lacunes, le Maroc risque de se trouver mal préparé face aux futurs chocs économiques et environnementaux.
Si j'étais parlementaire de l'opposition, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances
- Madame la Ministre, le PLF 2025 se félicite de la diversification économique dans des secteurs comme l’automobile et l’aéronautique. Ne pensez-vous pas que cette diversification est trop ciblée et qu'elle laisse l’économie marocaine vulnérable aux fluctuations internationales, notamment en Europe ?
- Le programme Génération Green est mentionné comme une réponse aux défis agricoles, mais face aux aléas climatiques croissants, quelles sont les mesures spécifiques que le PLF 2025 prévoit pour assurer une résilience à long terme de ce secteur crucial ?
- Les investissements dans les énergies renouvelables, notamment l’hydrogène vert, sont salués, mais comment expliquez-vous que le PLF 2025 ne propose pas de plan plus ambitieux pour accélérer la transition énergétique et réduire la dépendance aux énergies fossiles ?
- Les promesses d’investissement public dans des secteurs comme la santé et l’éducation semblent insuffisantes. Comment justifiez-vous cette faiblesse chronique des financements, alors que ces secteurs sont essentiels pour le développement social et économique du Maroc ?
- Le PLF 2025 prétend soutenir l’inclusion sociale, mais les réformes en cours ne parviennent pas à réduire les inégalités régionales et sociales. Quelles actions concrètes le gouvernement prévoit-il pour réduire ces inégalités et garantir une meilleure distribution des ressources ?
Si j'étais parlementaire de la majorité, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances
- Madame la Ministre, le PLF 2025 met en avant les secteurs porteurs comme l’automobile et l’aéronautique. Comment ces secteurs, bien qu’exposés aux fluctuations internationales, continueront-ils à jouer un rôle moteur dans la croissance économique marocaine ?
- Le programme Génération Green a été conçu pour soutenir l’agriculture marocaine. Comment le PLF 2025 prévoit-il de renforcer les mesures liées à la gestion hydrique et de mieux préparer le secteur agricole aux défis climatiques futurs ?
- En matière d’énergies renouvelables, comment les projets d’hydrogène vert inscrits dans le PLF 2025 vont-ils contribuer à accélérer la transition énergétique du Maroc tout en réduisant sa dépendance aux importations énergétiques ?
- Le PLF 2025 annonce des investissements dans les infrastructures. Quelles sont les mesures spécifiques prévues pour s’assurer que ces investissements dans des domaines essentiels comme la santé et l’éducation soient suffisants et efficaces ?
- Le PLF 2025 évoque des objectifs sociaux ambitieux pour améliorer l’accès à l’emploi et à la protection sociale. Quelles actions concrètes sont prévues pour s'assurer que ces réformes atteignent les populations les plus vulnérables et contribuent à réduire les inégalités sociales ?












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