Ne n'insultez pas trop… Mais insultez quand même
On pensait avoir tout vu dans la grande saga des assouplissements de règles sur Internet. Mais là, YouTube frappe fort, et pas dans le sens qu’on espérait. La plateforme vient d’annoncer un changement majeur de sa politique : les insultes, même celles considérées comme « fortes », sont désormais tolérées dans les premières secondes d’une vidéo… sans entraîner de démonétisation. Oui, vous avez bien lu : on peut désormais lancer un « fuck » ou un « merde » dès l’intro et continuer à toucher les revenus publicitaires.
Le business avant la décence ?
La justification officielle de YouTube est simple : les créateurs se plaignaient d’un système trop strict, qui pénalisait parfois des vidéos où le langage familier servait un contexte humoristique, narratif ou dramatique. Soit. Mais dans les faits, cet assouplissement ouvre un boulevard aux contenus plus agressifs, avec un risque évident : banaliser la vulgarité en la rendant rentable.
Car ne nous trompons pas : sur une plateforme où la compétition pour capter l’attention est féroce, certains ne vont pas hésiter à forcer sur les mots chocs pour « accrocher » le spectateur, surtout si cela ne coûte plus un centime de revenus.
Le double discours de YouTube
Ce qui dérange, ce n’est pas seulement l’assouplissement, mais le message envoyé. YouTube se veut toujours garant d’un environnement sûr pour les annonceurs et les familles, tout en expliquant aux créateurs qu’ils peuvent désormais « choisir leurs fucks avec discernement ».
C’est un peu comme dire : « Ne frappez pas trop fort… mais frappez quand même ». Ce flou artistique crée une zone grise : où se situe la limite ? Qui en décide ? Et surtout, comment l’algorithme, déjà critiqué pour son incohérence, compte-t-il l’appliquer ?
Un précédent inquiétant
En assouplissant sa politique, YouTube prend un risque : celui d’inspirer d’autres plateformes à baisser la garde, au nom de la liberté créative et des revenus publicitaires. Mais à force de reculer les limites, on finit par s’habituer à ce qu’on croyait inacceptable.
Demain, ce sera quoi ? Les insultes gratuites en miniatures ? Les provocations plus explicites ? Le contenu choquant sous prétexte de réalisme ?
Mister YouTube, on comprend que vous vouliez ménager vos créateurs. Mais en transformant les jurons en monnaie d’échange, vous envoyez le pire des signaux : celui que l’insulte est non seulement tolérée, mais qu’elle peut être… un business model.
Pas cela, vraiment pas.
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