L'ODJ Média



Pérennité des régimes de retraite à l’aune de la généralisation de la protection sociale

Quid des temps sociaux?


Rédigé par le Mardi 9 Mai 2023

D’alerte en alerte. La dernière en date émane, cette fois-ci, d’une institution qui n’est pas des moindres dans la mesure où elle est tenue, à travers l’exercice des compétences qui lui sont conférées par la loi, de veiller au respect des principes de bonne gouvernance, de transparence et de reddition des comptes des organismes publics. Le tout dans le but de faire aboutir à une amélioration de la gestion publique au bénéfice de l’ensemble des citoyens.



Il s’agit de la Cour des Comptes qui, au lendemain du premier mai, à travers l’exposé de son Premier Président, Mme Zineb El Adaoui, sur les activités des Juridictions Financières devant les deux chambres du Parlement réunies en séance plénière, avait tiré une fois de plus la sonnette d’alarme.

Au fait, il s’agit d’une mise en garde portant sur l’état de santé et la pérennité de l’actuel système des retraites au Maroc.

Chiffres à l’appui, Mme Zineb El Adaoui, argumente la non-viabilité du dispositif actuel par le fait que, toute chose égale par ailleurs, les déficits se creusent et les réserves s’amenuisent.

Déjà, le déficit de la Caisse marocaine des retraites s’est élevé à fin 2022 à 5,12 milliards de dirhams, et ce, au moment où ses réserves ont reculé à 65,84 milliards de dirhams, soit une baisse estimée à 10,7 milliards de dirhams par rapport à ce qui avait prévalu en 2019.

Idem pour le Régime collectif d'allocation de retraite dont le déficit est de 3, 95 milliards de dirhams, tandis que celui de la CNSS a atteint les 400 millions de dirhams.

Il est vrai que la situation de la CNSS est relativement moins catastrophique. Toujours est-il qu'au vu de ce qui est projeté, à savoir, la programmation, à l’horizon de 2025, de l’élargissement de l’assiette des bénéficiaires pour englober les travailleurs non salariés, les ratios de cette caisse vont assurément sombrer si rien n’est fait.

Aussi, faut-il rappeler, pour toute fin utile, que le gouvernement avait « vendu » l’élargissement de la base des adhérents aux régimes de retraite en tant que pièce maîtresse de l’offre intégrée stipulée par la loi-cadre n° 09-21 relative à la protection sociale.
Celle-ci ayant porté également sur la couverture des risques liés à la vieillesse, en se fixant pour objectif d’intégrer, à l’horizon 2025, environ 5 millions de personnes qui exercent un emploi et ne bénéficient d’aucune pension.

Et c’est d’ailleurs, partant de là que la Cour des Comptes formule une proposition après avoir dressé un constat.

« La non-réalisation de leur équilibre financier et l’épuisement imminent de leurs réserves à des horizons différents montrent la portée limitée des réformes paramétriques apportées principalement au régime des pensions civiles de la Caisse marocaine des retraites depuis 2016 et au Régime collectif des allocations de retraites en 2021 ». Ceci pour le constat.

Ceci étant, la Cour des Comptes estime que la garantie de la viabilité du système à long terme exige l’activation de la mise en œuvre du chantier de la réforme systémique des régimes de retraite, notamment avec l’élargissement de l’adhésion aux régimes de retraite en 2025 pour couvrir les travailleurs ne percevant aucune pension, et ce dans le cadre de la généralisation de la sécurité sociale.

Où en est-on de cette reforme systémique ?

Tout porte à croire que l’on fait du surplace. Et peu importe les temps sociaux.

Et pourtant, la première réunion de la commission chargée de la réforme de retraite dont la création s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des conclusions de l’Accord social et de la Charte Nationale du Dialogue social, conclus, le 30 avril 2022, entre le Gouvernement, les centrales syndicales et les organisations et associations professionnelles des employeurs remonte au 5 octobre de la même année.

Présidée par l’Argentière du Royaume, cette commission n’a pas respecté l’échéancier qu’elle avait « unanimement » retenu en termes d’élaboration de scénarios de réforme et de feuille de route de mise en œuvre qui va avec. Elle bute encore sur tout ce qui est diagnostic.

Il semblerait que les parties prenantes, quoique convaincues du bien-fondé de la reforme ne partagent pas le même mode opératoire ou la même façon de s’y prendre.

En attendant, l’âge de départ à la retraite, la baisse des pensions, l’augmentation des cotisations, la pénibilité du travail… sont autant de points de discorde qui aiguisent les divergences entre les parties prenantes et risquent de repousser à on ne sait quand la mise en place d’un système de retraite qui soit équitable, équilibré, pérenne et résilient, à même de capitaliser sur les acquis et préserver les droits et intérêts des générations futures.





Noureddine Batije
Noureddine BATIJE est un journaliste spécialiste en investigation journalistique et traitement de... En savoir plus sur cet auteur
Mardi 9 Mai 2023

Dans la même rubrique :
< >

Jeudi 28 Mars 2024 - 00:15 Washington mise en échec au Proche-Orient

Lifestyle | Chroniqueurs invités | Breaking news | Portfolio | Room | L'ODJ Podcasts - 8éme jour | Les dernières émissions de L'ODJ TV | Communiqué de presse | Santé & Bien être | Sport | Culture & Loisir | Conso & Environnement | Digital & Tech | Small Business | Home sweet Home | Auto-moto | Formation & Emploi | Musiczone | Chroniques Vidéo | Les Chroniques Radio | Bookcase | L'ODJ Média




A mag created with Madmagz.







Recherche






















Le bouquet L'ODJ : Web Radio    , Portail Web   , Application Mobile   , Magazine connecté   , e-Kiosque PDF  , Régies Arrissala
Menu collant à droite de la page