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Perspective "stable" pour le Maroc : Selon Moody’s un équilibre fragile face aux pressions sociales


Rédigé par La Rédaction le Mardi 1 Octobre 2024



Des réformes nécessaires pour une économie plus inclusive

Moody’s a récemment revu la perspective du Maroc de « négative » à « stable », tout en maintenant sa note à Ba1. Si cette décision semble positive à première vue, elle soulève plusieurs questions sur les fondements réels de cette amélioration et sur les défis économiques persistants du pays. Pourquoi cette amélioration de la perspective et quelles en sont les implications à long terme pour l'économie marocaine ?

La décision de Moody’s repose en partie sur la force des institutions marocaines et sur leur capacité à gérer les pressions économiques actuelles. L’agence met en avant la gouvernance robuste du pays et sa capacité à surmonter les crises externes. Cependant, est-ce suffisant pour garantir une réelle stabilité à long terme ? Le Maroc continue de faire face à des défis structurels importants, notamment un chômage élevé et une économie largement informelle.

Bien que la gestion budgétaire semble maîtrisée, notamment grâce à des réformes sociales et des projets d’infrastructure ambitieux, l’impact de ces réformes sur le long terme reste incertain. La hausse des dépenses sociales et de santé, prévue pour atteindre 2,3 % du PIB en 2024, représente une pression supplémentaire sur les finances publiques. Peut-on vraiment parler de stabilité alors que la dette publique continue de croître ?

Moody’s souligne l’engagement de Bank Al-Maghrib à maintenir la stabilité des prix, un facteur clé dans la crédibilité de la politique monétaire du Maroc.

Pourtant, avec des pressions inflationnistes mondiales et des crises géopolitiques, cet engagement est-il suffisant pour protéger l’économie marocaine ? L’inflation mondiale continue de peser sur les économies émergentes, et le Maroc n’échappe pas à cette tendance. Le maintien de la stabilité des prix pourrait-il entraîner des compromis sur d'autres aspects de l’économie, notamment l'investissement dans les infrastructures ou les réformes sociales ?

Le modèle de croissance actuel du Maroc, fondé en partie sur les partenariats public-privé (PPP), est présenté comme une solution à court terme pour financer les projets d'envergure, en particulier dans les domaines des infrastructures et des investissements climatiques. Toutefois, ces PPP suffiront-ils à pallier les carences structurelles de l'économie marocaine ? Ces projets, bien qu'ambitieux, risquent de ne pas suffire pour stimuler une croissance réellement inclusive et durable.

Moody’s pointe également du doigt un autre défi majeur pour le Maroc : les inégalités socio-économiques persistantes. Avec un revenu par habitant de 10 460 dollars en PPA en 2023, le pays reste bien en dessous de la moyenne des pays notés Ba1. Comment le Maroc peut-il espérer se hisser au rang des économies émergentes s’il ne parvient pas à résoudre cette question fondamentale ? Le faible niveau de revenu et les disparités régionales sont des freins à la croissance. De plus, l'importance de l'économie informelle, qui emploie une grande partie de la population active, complique l'accès à des emplois stables et bien rémunérés.

Le Maroc a certes entrepris des réformes importantes, mais celles-ci doivent être approfondies pour garantir une véritable transformation économique. Les défis à relever ne sont pas uniquement économiques, ils sont aussi sociaux. La question de l’emploi des jeunes, souvent précaires et marginalisés, est un enjeu central. Le taux de chômage élevé chez cette catégorie de population souligne l’urgence d’une réforme du marché du travail.
Une perspective "stable", mais des interrogations persistantes

L’amélioration de la perspective par Moody’s est certes un signe encourageant pour les investisseurs étrangers, mais elle ne doit pas masquer les fragilités profondes de l’économie marocaine. Les réformes entreprises sont essentielles, mais leur succès dépendra de la capacité du gouvernement à les mener à bien tout en garantissant une meilleure inclusion sociale et une réduction des inégalités.

Ainsi, bien que la note Ba1 avec perspective stable témoigne d’une certaine résilience, les questions restent nombreuses :

Le Maroc pourra-t-il continuer à stabiliser sa dette tout en menant des réformes sociales ambitieuses ?
La politique monétaire actuelle est-elle suffisamment flexible pour faire face aux chocs externes ?
Et surtout, comment le Maroc compte-t-il répondre aux défis structurels qui freinent son développement, notamment en matière d’emploi et d’inégalité sociale ?





Mardi 1 Octobre 2024

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