Un pilier méconnu… mais indispensable
Lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre Mezzour a rappelé que les petits commerçants souvent appelés « hanoutiers » représentent 80 % du marché national du commerce de proximité, un poids qui ne laisse guère de place à l’approximation.
Ce constat est d’autant plus marquant que ces acteurs sont légion : environ 250 000 petites unités à travers le pays, contre seulement quelque 1 000 points de vente dans le cadre du commerce moderne organisé.
Mais le rôle des petits commerçants dépasse largement la simple transaction commerciale. Comme l’a souligné le ministre, ils remplissent aussi une fonction sociale essentielle : « prêtant en moyenne 840 dirhams à une famille marocaine » — un soutien souvent déterminant face aux urgences financières quotidiennes. Environ 30 % de leurs transactions ne concernent même pas la vente de marchandises, mais des services comme le paiement de factures ou l’avance de trésorerie, rappelant la dimension de proximité et de solidarité qu’ils incarnent.
Pour de nombreuses familles surtout modestes ces commerces de quartier sont souvent le dernier rempart face à l’incertitude économique : un crédit ponctuel, un règlement de facture, une oreille attentive. Tant de petits services invisibles, mais vitaux.
Et pourtant, ce maillon fondamental subit de fortes pressions : inflation, hausse des coûts, concurrence des grandes surfaces et des plateformes numériques, évolution des modes de consommation… Comme l’a dit un député à la Chambre, ces commerçants sont « pris entre le marteau et l’enclume ».
Modernisation, inclusion financière mais aussi défis persistants
Conscient de ces enjeux, le gouvernement affirme son engagement. Depuis 2019, le ministère aurait émis quelque 1 500 recommandations dans le cadre d’un plan global de soutien au commerce traditionnel. Parmi elles : l’amélioration des conditions de travail, l’accompagnement à la digitalisation, et l’intégration progressive des commerçants traditionnels dans le tissu du commerce moderne.
Selon les sources officielles, environ 70 % de ces recommandations auraient déjà été mises en œuvre ; les autres sont en cours.
Dans le cadre de cette dynamique, des efforts concrets d’inclusion financière sont en cours : accès à des services bancaires, facilitation des paiements électroniques, soutien à la transition numérique pour ces commerçants souvent détenus par des familles un tournant vers un commerce de proximité modernisé mais fidèle à son rôle social.
En parallèle, le gouvernement organise chaque année une Journée nationale du commerçant, destinée à faire le point sur les avancées, recenser les besoins et envisager les prochaines étapes.
Malgré ces efforts, certains défis demeurent : la concurrence des grandes surfaces, des enseignes modernes, des chaînes d’approvisionnement structurées, mais aussi le besoin de modernisation des pratiques, d’accès au financement formel, et de formation pour accompagner la mutation des habitudes de consommation.
Pourquoi le Maroc doit tenir à ce modèle de proximité
Au-delà des chiffres, ce qu’il faut retenir surtout pour le citoyen marocain moyen c’est que le commerce de proximité incarne un maillage social et économique vital. Ces “petits commerces” sont souvent les premiers et les seuls à garantir l’accès rapide aux produits de base, à offrir un soutien financier ponctuel, à maintenir un lien de confiance dans les quartiers.
Pour les jeunes, pour les familles modestes, pour tout citoyen soucieux de solidarité locale, soutenir ces commerçants, c’est préserver un tissu social, une proximité, un sens de l’entraide des valeurs essentielles à une société équilibrée.
Quand l’État affirme vouloir moderniser ce segment sans l’écraser, quand il parle d’inclusion financière, de diversification des revenus, de reconnaissance sociale c’est moins une simple démarche économique qu’un pari sur un modèle de développement inclusif, humain, respectueux des réalités du terrain.
Dans un Maroc en transition, face à la globalisation, à la digitalisation et aux mutations économiques, les petits commerçants ne sont pas un simple vestige du passé : ils sont un pilier vivant, un trait d’union entre modernité et solidarité, un pont entre le développement et l’humain. Soutenir ce maillage de proximité, c’est investir dans un Maroc plus juste, plus solidaire… et plus humain.












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