Dans le silence organisé des infrastructures portuaires, là où transitent les flux vitaux d’une économie ouverte, le Maroc a su en 2024 conjuguer résilience et performance. Réuni le 25 juillet dernier, le Conseil d’Administration de l’Agence Nationale des Ports (ANP), présidé par Nizar Baraka, Ministre de l’Équipement et de l’Eau, a dressé un bilan annuel qui témoigne d’un secteur en pleine maturité stratégique, à la croisée de la logistique intelligente, de l’investissement soutenu et de la souveraineté économique.

C’est un chiffre qui résonne comme une affirmation : avec près de 100 millions de tonnes de marchandises traitées, les ports marocains s’imposent de plus en plus comme des plateformes logistiques majeures sur l’Atlantique et la Méditerranée. Cette performance, fruit d’une croissance harmonieuse entre importations, exportations et cabotage, reflète non seulement la dynamique de l’économie nationale, mais surtout l’efficience d’un écosystème portuaire en constante modernisation.

L'essor spectaculaire des exportations phosphatières, notamment le phosphate brut, les engrais et l’acide phosphorique, rappelle à juste titre le rôle vital du Maroc dans la sécurité alimentaire mondiale. Mais au-delà de ces produits phares, c’est l’élargissement et la diversification de la base exportatrice qui méritent d’être soulignés, comme autant de signes de résilience face aux chocs exogènes.

L’année 2024 marque aussi une étape décisive dans la transformation digitale de l’administration portuaire. La mise en ligne du Portail Client pour le traitement des demandes d’occupation temporaire du domaine portuaire (OTDP) illustre l’engagement de l’ANP pour une régulation fluide, transparente et réactive, en phase avec les attentes des opérateurs économiques.

Sur le plan normatif, le renforcement du cadre régissant les régimes d’exploitation ainsi que la simplification des démarches liées aux concessions et autorisations, avec pas moins de 72 agréments délivrés, traduisent une volonté claire de soutenir l’initiative privée et d’assurer une meilleure lisibilité du climat d’affaires portuaire.

Avec un budget d’investissement dépassant 1,1 milliard de dirhams, l’ANP a poursuivi un programme ambitieux orienté vers l’équité territoriale et la modernisation fonctionnelle. Qu’il s’agisse du troisième accès du port d’Agadir, du nouveau quai de pêche de Laâyoune ou encore de la station de dessalement à énergies renouvelables du port de Lamhiriz, chaque chantier répond à une logique intégrée : mieux connecter, mieux sécuriser, mieux servir.

L’exemplarité de cette stratégie se mesure aussi par son impact sur des ports à fort enjeu régional comme Casablanca, Sidi Ifni ou Essaouira, où les travaux de confortement, d’aménagement ou de délimitation maritime visent à renforcer les capacités d’accueil et la sécurité de la navigation.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un chiffre d’affaires dépassant 2,8 milliards de dirhams, une valeur ajoutée supérieure à 2 milliards, un résultat net en hausse (408,7 MDH) et une capacité d’autofinancement robuste. Loin d’un simple tableau comptable flatteur, ces indicateurs traduisent un modèle économique solide, capable d’absorber les investissements structurants tout en garantissant la soutenabilité financière de l’Agence.

Au-delà des bilans et des chiffres, ce Conseil d’Administration confirme une conviction nationale : la mer n’est pas seulement une frontière, elle est une ouverture. Les ports marocains, en tant que points nodaux de la souveraineté logistique, deviennent aussi les piliers d’une ambition plus vaste : celle de faire du Royaume un hub régional et continental, au service de la compétitivité, de l’environnement et de l’équilibre des territoires.

En clôturant les travaux par un message de fidélité et de loyalisme à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, le ministre Nizar Baraka a souligné que les efforts accomplis dans les ports du Royaume s’inscrivent dans une vision royale de long terme, articulée autour de la durabilité, de l’excellence et de l’intégration régionale. Une mer d’avenir, en somme.