L'ODJ Média



Pour un droit effectif à la formation continue à l’intelligence artificielle dans le monde du travail


Rédigé par le Samedi 31 Mai 2025



Au Maroc, la diffusion rapide de l’intelligence artificielle dans les entreprises, les administrations, les secteurs éducatifs et médicaux, ainsi que dans les services numériques, transforme déjà profondément les métiers. Dans les banques, les assurances, les usines intelligentes, les call centers ou les écoles, les tâches répétitives sont automatisées, les décisions sont appuyées par des outils algorithmiques, et de nouvelles compétences sont exigées des salariés, souvent sans préparation ni accompagnement.

Ce basculement technique, s’il n’est pas anticipé, risque d’accentuer les fractures sociales, régionales et générationnelles, en créant une nouvelle ligne de séparation entre ceux qui savent maîtriser l’IA et ceux qui la subissent, la craignent ou en sont écartés.

C’est pourquoi le futur Code du travail marocain devra consacrer un droit à la formation continue à l’intelligence artificielle et aux compétences numériques associées, reconnu pour tous les travailleurs, quels que soient leur statut, leur niveau de formation initiale ou leur secteur d’activité. Ce droit ne devra pas rester théorique. Il devra s’appuyer sur un devoir de mise en œuvre de l’employeur et sur des dispositifs publics de soutien pour les travailleurs indépendants, les salariés du bas de l’échelle ou les professions exposées.

Concrètement, toute entreprise employant plus de vingt salariés devra élaborer, en lien avec ses représentants du personnel, un plan annuel de formation aux usages de l’IA. Ce plan devra comprendre des modules d’acculturation aux principes de base (qu’est-ce que l’IA ? quelles limites ? quelles responsabilités ?), des sessions pratiques sur les outils utilisés au sein de l’entreprise, et une mise à jour continue des compétences à mesure que les outils évoluent.

Pour les PME, les associations ou les coopératives, des modules de formation gratuits ou subventionnés seront fournis par l’État, en lien avec les centres de formation professionnelle, les universités et les instituts spécialisés. Une attention particulière devra être portée aux femmes en reconversion, aux seniors, aux personnes en situation de handicap et aux zones rurales ou semi-rurales.

Enfin, aucune décision de licenciement, de rétrogradation ou de mutation fondée sur une “inadaptation technologique” ne pourra être considérée comme légitime si le salarié concerné n’a pas bénéficié de ce droit à la formation, en temps utile.

Ce droit représente un enjeu de souveraineté éducative et professionnelle. Il garantit que l’intelligence artificielle ne sera pas un outil d’exclusion ou de sélection déguisée, mais un levier d’émancipation pour le plus grand nombre, dans une économie marocaine en quête d’inclusion et de compétitivité.

Syndicaliste : ​L’avis de l’avocat du diable

« Former tout le monde à l’intelligence artificielle ? Vous croyez vraiment que le caissier, la secrétaire, le chauffeur, la femme de ménage vont un jour maîtriser l’IA générative ou comprendre le deep learning ? Et qui paiera ces formations ? L’employeur ? Ce même employeur qui rechigne déjà à payer les heures supplémentaires ou à déclarer ses employés à la CNSS ?

Non, soyons sérieux. Ce droit va rester sur le papier. Il servira à cocher une case dans un rapport annuel, mais sur le terrain, ce seront les cadres qui profiteront des formations, les autres continueront à être remplacés, ou marginalisés, sans même savoir pourquoi. Si on veut parler de justice technologique, commençons par imposer une obligation de reconversion réelle avant tout licenciement lié à l’automatisation. Sinon, former... oui, mais à quoi bon si l’on est remplacé avant même d’avoir appris ? »






Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Samedi 31 Mai 2025

Immo & Habitat | Emploi & Formation | Brèves Eco Business & emploi & Habitat


Bannière Réseaux Sociaux


Bannière Lodj DJ








Inscription à la newsletter

Plus d'informations sur cette page : https://www.lodj.ma/CGU_a46.html