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Pourquoi la voix de l’ASMEX a été coupée à Casablanca ?


Rédigé par le Mercredi 4 Juin 2025



A lire ou à écouter en podcast :


Casablanca, 28 mai 2025. Alors que le gouvernement marocain lançait en grande pompe son nouveau Pacte pour un commerce extérieur orienté vers la croissance et l’emploi, un détail n’a échappé à aucun observateur attentif : l’absence, non expliquée sur le moment, de la prise de parole du président de l’ASMEX, Hassan Sentissi El Idrissi. Une éviction qualifiée a posteriori de « protocolaire », mais dont les raisons semblent pour certains plus "politiques !" que logistiques. Le discours que devait prononcer le président de la Confédération marocaine des exportateurs, que nous avons pu consulter, en dit long peut être sur d'éventuelles lignes de fracture entre l'État et ses opérateurs économiques ? Nous n'avons aucunes certitudes.

Le discours de Hassan Sentissi n’est pas un réquisitoire (nous l'avons lu à la rédaction). C’est un texte lucide, bienveillant mais exigeant, qui salue le Pacte gouvernemental tout en pointant ses angles morts. Et c’est peut-être là, précisément, que le bât blesse.

Dès l’introduction, il pose un cadre fort : « Le commerce extérieur n’est plus une option parmi d’autres. Il est une exigence nationale, une condition de souveraineté. » Ce vocabulaire puissant bouscule la technocratie : ici, l’export n’est plus un indicateur de performance, mais un enjeu de souveraineté stratégique.

La paroles des opérateurs face à la verticalité du pouvoir !

Le président de l’ASMEX ne réclame ni privilèges ni passe-droits. Il parle au nom « d’un secteur qui ne demande que des conditions de compétitivité réelle et durable ». Mais dans les lignes suivantes, plusieurs messages implicites remettent en question la verticalité de la gouvernance actuelle :

L’appel à une « gouvernance élargie », fondée sur la coordination inter-institutionnelle fluide.
La volonté d’un « dialogue État–exportateurs régulier », avec des indicateurs de résultats concrets.
La proposition d’intégrer la feuille de route ASMEX dans le Pacte national.


Autrement dit, il ne suffit pas d’inviter les acteurs privés à applaudir le programme gouvernemental, il faut les associer pleinement à son pilotage. Cette logique de coresponsabilité est peu compatible avec une communication officielle centrée sur la seule initiative étatique.

Des propositions concrètes, mais non politisées

Le discours va plus loin en détaillant les piliers stratégiques que l’ASMEX juge incontournables pour réussir l’export marocain. Parmi eux :

1-Incitations fiscales ciblées (exonérations, crédits d’impôt, suspension de droits de douane sur les intrants stratégiques) : des propositions classiques dans les pays émergents, mais que le gouvernement marocain tarde à envisager, probablement par crainte d’ouvrir une boîte de Pandore budgétaire.

2-Transition verte à marche forcée : Sentissi rappelle que le CBAM européen entrera en vigueur dès 2026, et critique implicitement le retard pris en matière de décarbonation logistique.

3-Flotte nationale de transport : un appel à doter le pays d’un pavillon maritime autonome, qui pourrait contrarier certaines alliances internationales en cours.

Ces propositions ne sont pas idéologiques ni politiques. Elles sont opérationnelles. Mais elles impliquent des décisions lourdes, un changement de paradigme, voire une redistribution des missions, des rôles et des pouvoirs peut-être entre ministères et fédérations.

L’intelligence artificielle et une diplomatie économique dépolitisée deux angles morts révélés

L’un des passages les plus innovants du discours porte sur la numérisation stratégique de l’export. Le président de l’ASMEX propose une plateforme alimentée par l’IA pour anticiper les marchés, optimiser les chaînes logistiques, et gérer les risques. Un projet visionnaire, mais qui souligne en creux l’inaction numérique de l’État sur ce terrain.

Autre provocation douce mais claire : l’appel à intégrer la diaspora et les jeunes talents marocains comme relais export. Là encore, le texte montre que la mobilisation des forces vives est restée lettre morte dans le Pacte, malgré les effets d’annonce.

La conclusion du discours est peut-être la partie la plus sensible. Hassan Sentissi annonce la création d’un Réseau national des Clubs Export, véritable outil de diplomatie économique parallèle. Il demande que l’ASMEX soit intégrée dans les négociations commerciales, les comités de pilotage et les accords internationaux. En clair : plus de visibilité, plus de pouvoir d’agir, moins de mise à l’écart.

Pour un gouvernement jaloux de sa diplomatie économique, c’est une critique polie. Cela revient à dire : vous ne pouvez plus parler du “Made in Morocco” sans ceux qui le fabriquent.

Les avis divergent

Pour certains, l’absence de ce discours lors de la cérémonie du 28 mai est plus qu’un détail protocolaire : c’est un signal politique. Ce que l’État ne dit pas, ou ne veut pas entendre, c’est qu’il lui faut co-construire au lieu de diriger seul. Car l’export marocain ne se décrète pas depuis une estrade : il se gagne sur les marchés, au prix de réformes réelles, d’outils efficaces, et d’alliances solides avec le terrain.

Pour d'autres, le gouvernement a eu raison d’écarter ce discours ? À l’heure où chaque mot est scruté par les investisseurs et les partenaires étrangers, un message trop critique aurait pu brouiller la ligne officielle. La volonté de montrer une image unie et sereine est compréhensible. Mais à vouloir éviter les voix dissonantes, le gouvernement prend le risque de créer une autre cacophonie : celle du silence organisé.

A notre avis sans aucune prise de position pour les uns ou pour les autres :

Le Maroc n’a ni le temps ni le luxe de se perdre dans des guerres d’égo ou des rivalités institutionnelles stériles. Ce dont il a urgemment besoin, c’est d’une mobilisation collective autour d’un cap clair : concrétiser la Vision Royale d’un Maroc puissance régionale, moderne et souveraine, notamment sur le terrain économique.

Chaque acteur – public ou privé, central ou régional – doit se montrer à la hauteur de cette ambition. Il est temps de faire preuve de maturité, de dépasser les maladresses du moment et de refermer, avec dignité, la parenthèse d’un malentendu qui ne doit pas faire écran à l’essentiel : réussir, ensemble.





Mercredi 4 Juin 2025

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