Plus personne — ou presque — ne veut payer. Ni la version papier au kiosque, devenue un geste nostalgique.
Ni l’abonnement digital, perçu comme une anomalie à l’heure où l’information circule « gratuitement ». Ni les agences de communication, qui préfèrent placer leurs budgets sur Instagram plutôt que sur un site d’actu. Ni même les annonceurs, qui considèrent désormais les médias comme des « options » plutôt que des vecteurs incontournables.
Ce n’est pas un caprice du public ; c’est une mutation culturelle profonde. Le lecteur post-2020 a pris l’habitude de tout obtenir « on demand », sans friction, sans effort, sans carte de crédit. Le smartphone est devenu son kiosque, son téléviseur, son comptoir de radio. Et dans cet univers où tout semble gratuit, payer pour de l’information ressemble à une punition.
Le numérique a cassé le rituel de la presse. Finies les couvertures qu’on regardait en vitrine. Finie l’attente du journal du dimanche. Finie la fierté d’un abonnement posé sur la table du salon. Le lien symbolique s’est dissous. Reste un contenu noyé dans un océan de flux — consommé, oublié, remplacé.
À cela s’ajoute un paradoxe : jamais la production de l’information n’a coûté aussi cher. Reporters, graphistes, vidéos, studios, serveurs, cybersécurité, marketing, développement… C’est un métier lourd, exigeant. Et pourtant, sa valeur perçue s’effondre. Un magazine pensé pendant une semaine se retrouve mis au même niveau qu’un post TikTok bricolé en 12 secondes.
Au Maroc, ce phénomène prend des allures de dévoration silencieuse. Les PDF circulent partout, souvent partagés par des lecteurs de bonne foi qui pensent « aider » le média en faisant connaître son contenu. En réalité, ils l’achèvent. Les ventes papier plongent. Les portails peinent à convertir. Les agences se retirent. Les annonceurs institutionnels deviennent arbitres involontaires de la survie des titres. Dans ce climat, la subvention étatique n’est plus un soutien : c’est une transfusion permanente.
Le plus inquiétant, ce n’est pas la chute des revenus ; c’est la disparition progressive du réflexe citoyen de payer pour une information vérifiée. Une société qui ne finance plus ses sources d’information finit par vivre de rumeurs, de fragments, de messages viraux, de micro-contenus émotionnels. C’est là que se joue la vraie bataille.
La diversification, dans ce contexte, n’est plus une stratégie : c’est une rupture de cadre. Les médias doivent créer des produits qui ne ressemblent pas à de la presse, tout en gardant l’ADN journalistique. Événements, studios audio, data services, newsletters premium hyper ciblées, plateformes éducatives, clubs communautaires, verticales thématiques, partenariats institutionnels… Le salut n’est plus dans le journal, mais dans l’écosystème.
La presse ne meurt pas par manque d’intérêt. Elle meurt parce que son modèle économique a été absorbé, déformé, vampirisé par l’économie numérique. Elle peut renaître, mais pas dans sa forme précédente. L’exemplaire papier qui dort encore dans les kiosques n’est pas un symbole de fidélité : c’est un vestige.
Les médias marocains vivent une fin de cycle. La question n’est plus « comment sauver la presse ? », mais « quel nouveau type de média voulons-nous construire pour les dix prochaines années ? ».
Ce chantier-là, immense et passionnant, mériterait une chronique entière.
Ce n’est pas un caprice du public ; c’est une mutation culturelle profonde. Le lecteur post-2020 a pris l’habitude de tout obtenir « on demand », sans friction, sans effort, sans carte de crédit. Le smartphone est devenu son kiosque, son téléviseur, son comptoir de radio. Et dans cet univers où tout semble gratuit, payer pour de l’information ressemble à une punition.
Le numérique a cassé le rituel de la presse. Finies les couvertures qu’on regardait en vitrine. Finie l’attente du journal du dimanche. Finie la fierté d’un abonnement posé sur la table du salon. Le lien symbolique s’est dissous. Reste un contenu noyé dans un océan de flux — consommé, oublié, remplacé.
À cela s’ajoute un paradoxe : jamais la production de l’information n’a coûté aussi cher. Reporters, graphistes, vidéos, studios, serveurs, cybersécurité, marketing, développement… C’est un métier lourd, exigeant. Et pourtant, sa valeur perçue s’effondre. Un magazine pensé pendant une semaine se retrouve mis au même niveau qu’un post TikTok bricolé en 12 secondes.
Au Maroc, ce phénomène prend des allures de dévoration silencieuse. Les PDF circulent partout, souvent partagés par des lecteurs de bonne foi qui pensent « aider » le média en faisant connaître son contenu. En réalité, ils l’achèvent. Les ventes papier plongent. Les portails peinent à convertir. Les agences se retirent. Les annonceurs institutionnels deviennent arbitres involontaires de la survie des titres. Dans ce climat, la subvention étatique n’est plus un soutien : c’est une transfusion permanente.
Le plus inquiétant, ce n’est pas la chute des revenus ; c’est la disparition progressive du réflexe citoyen de payer pour une information vérifiée. Une société qui ne finance plus ses sources d’information finit par vivre de rumeurs, de fragments, de messages viraux, de micro-contenus émotionnels. C’est là que se joue la vraie bataille.
La diversification, dans ce contexte, n’est plus une stratégie : c’est une rupture de cadre. Les médias doivent créer des produits qui ne ressemblent pas à de la presse, tout en gardant l’ADN journalistique. Événements, studios audio, data services, newsletters premium hyper ciblées, plateformes éducatives, clubs communautaires, verticales thématiques, partenariats institutionnels… Le salut n’est plus dans le journal, mais dans l’écosystème.
La presse ne meurt pas par manque d’intérêt. Elle meurt parce que son modèle économique a été absorbé, déformé, vampirisé par l’économie numérique. Elle peut renaître, mais pas dans sa forme précédente. L’exemplaire papier qui dort encore dans les kiosques n’est pas un symbole de fidélité : c’est un vestige.
Les médias marocains vivent une fin de cycle. La question n’est plus « comment sauver la presse ? », mais « quel nouveau type de média voulons-nous construire pour les dix prochaines années ? ».
Ce chantier-là, immense et passionnant, mériterait une chronique entière.
L’ère du gratuit : pourquoi la presse marocaine ne survit plus que sous perfusion
La scène ressemble à une respiration courte, presque sifflante. La presse, jadis colonne vertébrale du débat public, avance aujourd’hui comme un organisme fragilisé : moins de lecteurs prêts à payer, des annonceurs qui désertent, des plateformes qui captent l’attention sans partager les revenus… et un modèle économique qui se délite sous nos yeux. L’agonie est lente, mais palpable. Elle dessine un paysage où l’information n’a jamais été autant consommée… ni aussi peu rémunérée.
Dans ce brouhaha numérique, les stratégies de diversification ressemblent à ces radeaux bricolés par des marins en pleine tempête. On parle de studios vidéo internes, d’événements, de formations, de podcasts monétisés, d’incubateurs de contenus, de solutions B2B, parfois même de commerce en ligne ou de data marketing. Les grands groupes occidentaux s’y sont lancés depuis longtemps : le New York Times vend des abonnements culinaires, des jeux, des produits dérivés. En France, les grands magazines expérimentent les conférences, les clubs de lecteurs, les newsletters premium. Même les radios se rêvent en plateformes.
Ce n’est pas un caprice : c’est une question de survie. L’activité journalistique pure ne suffit plus à tenir la baraque. L’économie de l’attention a rendu les lecteurs volatils et les annonceurs infidèles. Les recettes publicitaires migrent vers les géants du numérique, sans que les médias puissent rivaliser. La diversification devient donc un pari — parfois gagnant, souvent incertain — qui demande du temps, des équipes dédiées, des investissements initiaux, bref : tout ce qui manque à une entreprise sous perfusion.
Au Maroc, cette fragilité prend une couleur encore plus aiguë. La plupart des organes de presse ne tiennent debout que grâce aux subventions de l’État, qui servent tantôt de béquille, tantôt de respirateur. Les ventes s’effritent, les abonnements stagnent, la publicité se concentre dans les mains de quelques acteurs institutionnels. L’écosystème manque de volume, de concurrence saine, de vision industrielle. Le résultat : une dépendance structurelle qui pose, tôt ou tard, la question qui dérange. Comment parler librement quand on ne respire que grâce à l’argent public ?
Pourtant, tout n’est pas sinistre dans ce tableau. La diversification, si elle est bien pensée, peut devenir un second souffle plus qu’un pansement. Mais elle exige de rompre avec les réflexes anciens. Il ne s’agit plus d’ajouter un supplément papier ou d’organiser une conférence par an. Il s’agit de reconstruire un média comme une maison à plusieurs étages : information, services, produits, communautés, expériences. La presse doit reprendre sa place là où elle a toujours été forte : créer du sens et fédérer des publics. Pas seulement informer, mais relier.
Le défi est titanesque, mais il porte en lui un paradoxe fécond : jamais l’information n’a été aussi cruciale, et jamais son modèle n’a été aussi fragile. C’est précisément dans cet interstice — tendu, exigeant — que les médias marocains doivent inventer la suite. L’alternative serait de continuer à survivre sous perfusion, au lieu de redevenir ce qu’ils ont vocation à être : un espace vivant, critique, autonome, capable de regarder le monde droit dans les yeux.
Le sujet nous emmène naturellement vers un autre terrain d’enquête : comment imaginer un nouveau modèle de presse réellement indépendant dans un pays où la demande citoyenne augmente, mais où le marché ne suit plus ?
Dans ce brouhaha numérique, les stratégies de diversification ressemblent à ces radeaux bricolés par des marins en pleine tempête. On parle de studios vidéo internes, d’événements, de formations, de podcasts monétisés, d’incubateurs de contenus, de solutions B2B, parfois même de commerce en ligne ou de data marketing. Les grands groupes occidentaux s’y sont lancés depuis longtemps : le New York Times vend des abonnements culinaires, des jeux, des produits dérivés. En France, les grands magazines expérimentent les conférences, les clubs de lecteurs, les newsletters premium. Même les radios se rêvent en plateformes.
Ce n’est pas un caprice : c’est une question de survie. L’activité journalistique pure ne suffit plus à tenir la baraque. L’économie de l’attention a rendu les lecteurs volatils et les annonceurs infidèles. Les recettes publicitaires migrent vers les géants du numérique, sans que les médias puissent rivaliser. La diversification devient donc un pari — parfois gagnant, souvent incertain — qui demande du temps, des équipes dédiées, des investissements initiaux, bref : tout ce qui manque à une entreprise sous perfusion.
Au Maroc, cette fragilité prend une couleur encore plus aiguë. La plupart des organes de presse ne tiennent debout que grâce aux subventions de l’État, qui servent tantôt de béquille, tantôt de respirateur. Les ventes s’effritent, les abonnements stagnent, la publicité se concentre dans les mains de quelques acteurs institutionnels. L’écosystème manque de volume, de concurrence saine, de vision industrielle. Le résultat : une dépendance structurelle qui pose, tôt ou tard, la question qui dérange. Comment parler librement quand on ne respire que grâce à l’argent public ?
Pourtant, tout n’est pas sinistre dans ce tableau. La diversification, si elle est bien pensée, peut devenir un second souffle plus qu’un pansement. Mais elle exige de rompre avec les réflexes anciens. Il ne s’agit plus d’ajouter un supplément papier ou d’organiser une conférence par an. Il s’agit de reconstruire un média comme une maison à plusieurs étages : information, services, produits, communautés, expériences. La presse doit reprendre sa place là où elle a toujours été forte : créer du sens et fédérer des publics. Pas seulement informer, mais relier.
Le défi est titanesque, mais il porte en lui un paradoxe fécond : jamais l’information n’a été aussi cruciale, et jamais son modèle n’a été aussi fragile. C’est précisément dans cet interstice — tendu, exigeant — que les médias marocains doivent inventer la suite. L’alternative serait de continuer à survivre sous perfusion, au lieu de redevenir ce qu’ils ont vocation à être : un espace vivant, critique, autonome, capable de regarder le monde droit dans les yeux.
Le sujet nous emmène naturellement vers un autre terrain d’enquête : comment imaginer un nouveau modèle de presse réellement indépendant dans un pays où la demande citoyenne augmente, mais où le marché ne suit plus ?
La presse peut-elle encore exister dans un monde de scroll infini ?
La presse est confrontée à un paradoxe que peu d’industries ont dû affronter : elle doit produire du long dans un monde qui ne consomme plus que du court. Elle doit enquêter dans un univers qui valorise l’instantané. Elle doit nuancer dans un écosystème qui récompense la polarisation. C’est un choc culturel, technologique et économique.
Les internautes ont migré sur les réseaux sociaux, et avec eux la publicité. Ils plébiscitent le format court — texte minimaliste, vidéo d’une minute, carrousel instantané. L’information circule en flash, sans analyse, sans vérification, sans respiration. Les réseaux sociaux imposent un tempo qui écrase tout ce que la presse fait de mieux : enquêter, expliquer, contextualiser.
Alors, comment survivre dans ce paysage où la vitesse fait loi ?
La première vérité à regarder en face est brutale :
Impossible de faire de l’investigation en 140 caractères.
Impossible de produire à charge et à décharge avec un format ultra-court.
Impossible d’expliquer un système complexe en 60 secondes.
Le micro-format ne remplacera jamais le journalisme. Il le contourne, il le coolifie, il le réduit — mais il n’en fait pas disparaître la nécessité.
La presse ne peut pas gagner la bataille de la brièveté face aux réseaux sociaux. Elle doit donc déplacer le terrain de jeu.
Trois pistes apparaissent, plus stratégiques que défensives.
Un : utiliser le format court comme hameçon, pas comme finalité.
Le court devient la porte d’entrée vers le long.
Un teaser vidéo mène vers un article fouillé.
Un carrousel résume les faits bruts et renvoie vers une enquête complète.
Un post X/TikTok/Instagram n’est pas l'enquête : c’est l’ascenseur vers l’enquête.
Les médias qui réussissent aujourd’hui sont ceux qui transforment les réseaux sociaux en tremplin, pas en substitut.
Deux : recentrer la valeur sur l’analyse, pas sur l’information brute.
La dépêche, tout le monde la diffuse.
Le flash, tout le monde le copie.
Le scoop brut tient quelques minutes avant d’être absorbé par le flux.
Ce qui crée de la valeur (et donc de la fidélité), c’est :
– l’explication,
– la mise en contexte,
– l’angle,
– la capacité à dire pourquoi et comment, pas seulement quoi.
Dans un monde saturé de données instantanées, l’analyse devient une denrée rare.
Trois : produire autrement. Produire plus lentement, mais mieux.
La presse ne peut plus suivre le rythme des plateformes.
Elle doit choisir ses batailles.
Se spécialiser.
Créer des verticales puissantes.
Devenir experte dans quelques sujets plutôt que généraliste dans tous.
Les enquêtes majeures — politiques, économiques, environnementales — peuvent redevenir des événements éditoriaux.
Elles peuvent être déclinées en formats multiples :
podcast, vidéo longue, infographies, data storytelling.
Le long n’est pas mort ; il doit juste être remonté à la surface par des formats plus digestes.
Ce qui émerge, finalement, c’est un modèle hybride :
Le court sert à attirer.
Le long sert à fidéliser.
L’enquête sert à crédibiliser.
La communauté sert à survivre.
Les réseaux sociaux sont un torrent.
La presse doit devenir un phare, pas un bouchon flottant.
L’avenir appartient à ceux qui accepteront cette métamorphose :
préserver la profondeur tout en adoptant les codes de la vitesse.
Et le prochain défi, fascinant, se dessine déjà :
comment un média peut-il reconstruire une relation de confiance avec un public qui se nourrit davantage de flux que de faits ?
Les internautes ont migré sur les réseaux sociaux, et avec eux la publicité. Ils plébiscitent le format court — texte minimaliste, vidéo d’une minute, carrousel instantané. L’information circule en flash, sans analyse, sans vérification, sans respiration. Les réseaux sociaux imposent un tempo qui écrase tout ce que la presse fait de mieux : enquêter, expliquer, contextualiser.
Alors, comment survivre dans ce paysage où la vitesse fait loi ?
La première vérité à regarder en face est brutale :
Impossible de faire de l’investigation en 140 caractères.
Impossible de produire à charge et à décharge avec un format ultra-court.
Impossible d’expliquer un système complexe en 60 secondes.
Le micro-format ne remplacera jamais le journalisme. Il le contourne, il le coolifie, il le réduit — mais il n’en fait pas disparaître la nécessité.
La presse ne peut pas gagner la bataille de la brièveté face aux réseaux sociaux. Elle doit donc déplacer le terrain de jeu.
Trois pistes apparaissent, plus stratégiques que défensives.
Un : utiliser le format court comme hameçon, pas comme finalité.
Le court devient la porte d’entrée vers le long.
Un teaser vidéo mène vers un article fouillé.
Un carrousel résume les faits bruts et renvoie vers une enquête complète.
Un post X/TikTok/Instagram n’est pas l'enquête : c’est l’ascenseur vers l’enquête.
Les médias qui réussissent aujourd’hui sont ceux qui transforment les réseaux sociaux en tremplin, pas en substitut.
Deux : recentrer la valeur sur l’analyse, pas sur l’information brute.
La dépêche, tout le monde la diffuse.
Le flash, tout le monde le copie.
Le scoop brut tient quelques minutes avant d’être absorbé par le flux.
Ce qui crée de la valeur (et donc de la fidélité), c’est :
– l’explication,
– la mise en contexte,
– l’angle,
– la capacité à dire pourquoi et comment, pas seulement quoi.
Dans un monde saturé de données instantanées, l’analyse devient une denrée rare.
Trois : produire autrement. Produire plus lentement, mais mieux.
La presse ne peut plus suivre le rythme des plateformes.
Elle doit choisir ses batailles.
Se spécialiser.
Créer des verticales puissantes.
Devenir experte dans quelques sujets plutôt que généraliste dans tous.
Les enquêtes majeures — politiques, économiques, environnementales — peuvent redevenir des événements éditoriaux.
Elles peuvent être déclinées en formats multiples :
podcast, vidéo longue, infographies, data storytelling.
Le long n’est pas mort ; il doit juste être remonté à la surface par des formats plus digestes.
Ce qui émerge, finalement, c’est un modèle hybride :
Le court sert à attirer.
Le long sert à fidéliser.
L’enquête sert à crédibiliser.
La communauté sert à survivre.
Les réseaux sociaux sont un torrent.
La presse doit devenir un phare, pas un bouchon flottant.
L’avenir appartient à ceux qui accepteront cette métamorphose :
préserver la profondeur tout en adoptant les codes de la vitesse.
Et le prochain défi, fascinant, se dessine déjà :
comment un média peut-il reconstruire une relation de confiance avec un public qui se nourrit davantage de flux que de faits ?
Quand la presse devient une agence de comm’
Slogan imposé. Punchline obligatoire. Message binaire. Durée de vie : 24 heures.
La dérive est silencieuse, mais bien réelle : une partie de la presse glisse peu à peu du journalisme vers la communication. Non pas par idéologie, mais par survie économique. Les formats se raccourcissent, les titres deviennent des slogans, les contenus s’aplatissent en messages faciles à partager. Le temps long, la nuance et la contradiction s’effacent derrière le réflexe de plaire — ou, pire, de ne pas déranger.
Dans un univers numérique gouverné par l’algorithme, la tentation est grande de faire « comme les réseaux » : raconter vite, simplifier à outrance, charger une polémique ou un mot-clé pour gratter un peu de visibilité. L’investigation devient un luxe, l’analyse un poids, la nuance un handicap. À la place : des contenus éphémères, calibrés pour le scroll, instinctifs plutôt qu’intelligents.
Ce basculement n’est pas anodin. Une presse qui se met à parler comme une agence de communication cesse d’être un contre-pouvoir pour devenir un outil d’accompagnement du débat public. Dans ce monde-là, l’essentiel ne serait plus de comprendre, mais de faire réagir. Et une société qui ne demande plus qu’on l’informe, mais qu’on la divertisse, ne distingue plus ce qui relève du factuel ou du commercial.
C’est peut-être là le vrai péril : quand la presse commence à adopter les codes de la com’, elle finit par en absorber les contraintes — et par abandonner peu à peu ce qu’elle était censée protéger.
La dérive est silencieuse, mais bien réelle : une partie de la presse glisse peu à peu du journalisme vers la communication. Non pas par idéologie, mais par survie économique. Les formats se raccourcissent, les titres deviennent des slogans, les contenus s’aplatissent en messages faciles à partager. Le temps long, la nuance et la contradiction s’effacent derrière le réflexe de plaire — ou, pire, de ne pas déranger.
Dans un univers numérique gouverné par l’algorithme, la tentation est grande de faire « comme les réseaux » : raconter vite, simplifier à outrance, charger une polémique ou un mot-clé pour gratter un peu de visibilité. L’investigation devient un luxe, l’analyse un poids, la nuance un handicap. À la place : des contenus éphémères, calibrés pour le scroll, instinctifs plutôt qu’intelligents.
Ce basculement n’est pas anodin. Une presse qui se met à parler comme une agence de communication cesse d’être un contre-pouvoir pour devenir un outil d’accompagnement du débat public. Dans ce monde-là, l’essentiel ne serait plus de comprendre, mais de faire réagir. Et une société qui ne demande plus qu’on l’informe, mais qu’on la divertisse, ne distingue plus ce qui relève du factuel ou du commercial.
C’est peut-être là le vrai péril : quand la presse commence à adopter les codes de la com’, elle finit par en absorber les contraintes — et par abandonner peu à peu ce qu’elle était censée protéger.












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