Fini le panafricanisme de discours lyriques et les joutes idéologiques.
À Lomé, Faure Gnassingbé, président togolais et hôte, a d'emblée planté le décor :
L'unité africaine n'est plus une utopie morale, mais un bouclier contre les prédateurs. Face à la Chine qui verrouille les mines de cobalt, la Russie et les problèmes sahéliens, les États-Unis qui dictent des normes plutôt floues, l'Afrique a choisi la rupture.
Gnassingbé l'a dit cash : sans coordination, le continent reste une proie ; avec elle, il devient un pivot.
Les débats ont disséqué la fragmentation se penchant sur les crises au Sahel, les tensions au Soudan, la piraterie en Somalie.
L'alternative est binaire : vassalisation ou souveraineté collective. Lomé pose donc les bases d'une alliance défensive, inspirée possiblement des BRICS, pour contrer les ingérences gourmandes.
On ne s'est point gêné de statuer que le multilatéralisme s'effritait en lambeaux. l'Afrique, du moins dans le discours, part ainsi à l'assaut des forteresses.
Les ministres ont sonné l'alarme : l'ONU, le FMI, l'OMC sous-représentent l'Afrique, véritable bastion démographique qui risquera 2,5 milliards d'habitants en 2050 et sanctuaire énergétique incontournable avec son soleil, son lithium et son hydrogène vert.
Le continent se pose la question fondamentale du pourquoi céder les rêves à des institutions figées dans l'après-1945 ?
Ainsi à Lomé le Congrès s'est forcé à tracer une feuille de route offensive avec des idées sur ne peut plus claires :
- Une coordination diplomatique et un front uni à l'ONU pour bloquer les résolutions biaisées.
- La nécessité de réformes institutionnelles en exigeant deux sièges permanents au Conseil de sécurité et un droit de véto.
- Une parole souveraine par l'alignement des votes régionaux notamment à l'UA et à la CEDEAO, sur des intérêts communs et pas sur des caprices nationaux ou des objectifs idéologiques d'un autre temps.
L’enjeu est donc de redéfinir les règles du jeu. L'Afrique ne se contente plus de strapontins. Elle veut peser sur le commerce mondial, les sanctions et les normes climatiques, où elle paie l'addition sans en tirer profit.
La diasporas arme secrète d'une géopolitique afro-globale , de Bogotá à São Paulo, a volé la vedette à Lomé. Francia Márquez, vice-présidente colombienne, a rappelé les 200 millions d'Afro-descendants en Amérique : une profondeur stratégique ignorée.
Les alliances Sud-Sud, les réparations comme arme diplomatique vis-à-vis de l'Europe postcoloniale, les flux de capitaux via la diaspora américaine sont autant d'atout et de pistes pour un changement radical de posture.
Lomé a élargi ainsi le panafricanisme à la diaspora comme lobby à Washington et Bruxelles, vecteur de tech (IA, fintech) et de soft power culturel. Face à la Belt and Road chinoise, c'est un contre-réseau transnational africain qui se dessine.
Les précongrès régionaux avaient déjà proposé un plan d'action clair et concret :
- Indépendance technologique : Maîtriser l'intelligence artificielle (IA) et l'informatique quantique pour mettre fin à la domination des pays occidentaux.
- Élites panafricaines en réformer l'éducation pour anciens des dirigeants et des stratèges africains, et non des personnes qui fuient le continent.
- Migration contrôlée : en mettant en place une politique commune à tout le continent pour transformer les mouvements de population en atout démographique, au lieu de subir les barrières imposées par l'Europe.
- Mémoire active : en dépendant l'esclavage et le colonialisme à des demandes économiques concrètes, comme l'annulation des dettes injustes et le paiement de redevances sur les ressources minières.
- En fait des Axes de puissance pour 2030 fondés sur la technologie, l'éducation et la migration.
L'Afrique passe de la réaction à la projection et anticipe un monde multipolaire où l'Afrique rivalise avec l'Inde ou l'ASEAN.
Mais comme à chaque fois en Afrique, il reste légitime de se poser la question fondamentale : Lomé, pivot ou mirage ?
L'espoir est que ce congrès ne soit pas un feu de paille mais plutôt une esquisse, une doctrine pour une puissance par l'unité, par l'influence et par la coordination. Le diable est dans l'exécution.
Les rivalités internes et régionales, les tentations bellicistes continueront-elles à diviser ?
Le Grand Maghreb pour ce qui nous concerne en connait un chapitre depuis 50 ans.
Lomé 2025 impose un ultimatum : stratégie partagée ou non-pertinence éternelle ? L'Afrique, pôle émergent ou pion sacrifié ?
La réponse se joue maintenant et concerne davantage les générations africaines en devenir... Elles ne pardonneront jamais nos erreurs actuelles et nos divisions imbéciles...
PAR AZIZ DAOUDA/BLUWR.COM












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