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Quand l’AI Mode capte le trafic web des médias en ligne

Les médias d’information en perte de vitesse face au « AI Mode » de Google


Rédigé par La rédaction le Vendredi 4 Juillet 2025

La presse en ligne est en chute libre : Google, avec son « AI Mode », capte le trafic grâce à l’intelligence artificielle. Le New York Times en paie déjà le prix. Qui gagnera la bataille de l’information ?



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Alors que le secteur de la presse en ligne peine déjà à trouver un équilibre économique pérenne, une nouvelle vague de bouleversements technologiques vient ébranler ses fondations. L’arrivée massive de l’intelligence artificielle générative, notamment dans les moteurs de recherche, redistribue les cartes de la visibilité sur le web. Désormais, ce ne sont plus les lecteurs humains qui visitent les sites d’actualité, mais des intelligences qui s’en inspirent pour livrer des réponses instantanées. Le phénomène prend de l’ampleur et suscite une inquiétude croissante chez les éditeurs.

Le cas du New York Times a agi comme un signal d’alarme. En l’espace de quelques mois, le prestigieux quotidien américain a vu son trafic chuter de 36 %, une baisse vertigineuse en partie attribuée à la fonctionnalité « AI Mode » déployée par Google. Ce mode permet aux internautes d'obtenir des synthèses de réponses directement en haut de page, générées par une intelligence artificielle entraînée sur des milliards de données – dont celles issues, en partie, des médias eux-mêmes. Résultat : les lecteurs n’ont plus besoin de cliquer sur les liens des articles pour s’informer. L’IA devient l’interface principale de consommation de l’information.

Cette évolution modifie radicalement la chaîne de valeur de l’information numérique. Pendant des années, le modèle reposait sur la production de contenus originaux monétisés par la publicité et l’audience. Aujourd’hui, l’audience se déplace… mais vers des entités non humaines. Les robots lisent, compilent, reformulent et redistribuent l’information sans toujours en créditer les sources. Ce glissement d’un lectorat humain à un trafic automatisé creuse un nouveau fossé : celui de la captation de valeur. L’information devient une matière première gratuite au service d’outils génératifs, tandis que les éditeurs en supportent seuls le coût de production.

La situation n’est pas sans rappeler celle vécue par l’industrie musicale à l’époque du streaming massif ou celle de la presse face aux réseaux sociaux. Mais cette fois, la menace est plus structurelle. Avec l’IA générative intégrée nativement dans les moteurs de recherche, les sites web deviennent de simples fournisseurs invisibles d’un contenu synthétisé ailleurs. Ce que certains appellent déjà le "grand siphonage algorithmique" n’a jamais été aussi concret.

Face à ce déséquilibre, les réactions s’organisent. Le New York Times, justement, a lancé une procédure judiciaire contre OpenAI et Microsoft, accusant ces derniers d’avoir utilisé ses articles pour entraîner leurs modèles sans autorisation. D’autres médias envisagent de bloquer l’accès à leurs contenus aux crawlers des IA, ou de mettre en place des licences payantes. Mais le combat est inégal, et la régulation peine à suivre.

En toile de fond, une question cruciale persiste : à qui appartient la valeur de l’information ? Si celle-ci devient une commodité gratuite absorbée par les machines, que restera-t-il pour financer le journalisme, l’enquête, la vérification ? La course à la rapidité, dopée par les intelligences artificielles, risque d’étouffer la profondeur et la diversité éditoriale.

Pour les éditeurs, l’avenir pourrait passer par de nouvelles alliances, une monétisation directe via l’abonnement, ou une certification d’origine des contenus. Mais il est urgent que les grands acteurs technologiques assument leur responsabilité dans le partage de la valeur. Car si les IA deviennent les nouvelles portes d’entrée de l’information, elles doivent aussi en respecter les producteurs. Sinon, c’est tout l’écosystème de la démocratie numérique qui risque de vaciller.

​Le « AI Mode » de Google, officiellement intégré dans son nouveau moteur de recherche expérimental, est une fonctionnalité basée sur l’intelligence artificielle générative.

Son objectif est de fournir aux utilisateurs des résumés instantanés et synthétiques des réponses à leurs requêtes, directement en haut de la page de résultats, sans qu’ils aient besoin de cliquer sur les liens vers les sites web traditionnels. Alimenté par des modèles avancés d’IA, ce mode scanne et agrège des milliards de données issues du web, y compris des articles de presse, pour générer des réponses fluides, souvent rédigées en langage naturel, parfois même illustrées d’images, de tableaux ou de suggestions.

Si cette innovation améliore considérablement l’expérience utilisateur en termes de rapidité et de clarté, elle soulève de sérieuses inquiétudes parmi les éditeurs de contenus : en contournant le clic, elle prive les sites d’actualité de leur audience, de leurs revenus publicitaires, et du contrôle sur l’usage de leurs productions journalistiques.

La survie des portails d’information ne passera ni par la nostalgie de l’ancien web, ni par une adaptation passive aux géants technologiques. Elle exige une transformation audacieuse, éthique, et centrée sur la valeur humaine de l’information. Ceux qui sauront conjuguer rigueur journalistique, innovation éditoriale et lien fort avec leur lectorat auront encore un rôle essentiel dans le monde post-Google.





Vendredi 4 Juillet 2025

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