Par Mohammed Yassir Mouline
Le mouton de Tebboune
L’Aïd Al Adha revêtira une signification particulière cette année en Algérie. Alors que le président Tebboune a déclaré l’importation d’un million de têtes, les Algériens ressentent une humiliation en découvrant que l’accès au mouton se fait désormais par le biais d’une loterie, et que seuls les citoyens sélectionnés par tirage au sort pourront participer au sacrifice de l’Aïd.
Au lieu de voir le mouton de l'Aïd dans la cour de sa maison, l'Algérien le voit désormais à la télévision, transporté dans des camions militaires, tiré au sort ou vendu avec un livret de famille !
Tebboune voulait montrer que l'Algérie allait bien, mais il l'a exposée au monde comme affamée, courant après un sac de lait ou un mouton avec une carte d'identité… Il voulait prouver que l'Algérie est plus riche que le Maroc, mais il a créé un festival international de moqueries, intitulé : "Qui nourrit le peuple en premier... le mouton ou l'image ?
Symbole de l’échec des politiques économiques et sociales
Le régime militaire algérien a annoncé l’organisation d’un tirage au sort pour la distribution de moutons d’Aïd importés, après que le gouvernement a fixé leur prix… Les citoyens ont dû se préinscrire et attendre dans de longues files bureaucratiques pour participer à ce tirage qui déterminera qui pourra acheter un mouton, une situation illustrant la baisse du pouvoir d’achat et l’aggravation des souffrances d’un large éventail de la population…
La crise se traduit par des files d'attente interminables. Cette année, les gens font la queue non pas pour des produits de base, mais pour acheter un mouton à un prix fixe et exorbitant de 40 000 dinars, sans possibilité de négociation. Le poids ou la qualité du mouton n'entrent pas en compte. Dans une logique d'égalité paradoxale, chacun est traité de la même manière, malgré les différences. Des scènes de foule désespérée et prête à l'affrontement circulent en ligne, laissant craindre des débordements…
90% des Algériens ne pourront pas accomplir le rite du sacrifice de l'Aïd !!
Tout cela, et vous attendez et guettez votre chance lors du tirage au sort... L'essentiel est de faire croire que les Algériens sont plus attachés aux rites religieux que les Marocains, qui n'accompliront pas le rite du sacrifice cette année pour des raisons raisonnables et logiques...
Cependant, l'amère vérité est que 90% des Algériens ne pourront pas accomplir le rite du sacrifice de l'Aïd, car il est impossible de répartir un million de têtes de bétail sur 45 millions d'Algériens... Même la logique fait défaut au régime militaire algérien...
Au-delà de la comédie…
Une vague de critiques a éclaté parmi les Algériens qui voient dans l’organisation de ce tirage au sort pour l’achat de moutons un symbole de l’échec des politiques économiques et sociales. Beaucoup le qualifient de honteux, soulignant que le citoyen ordinaire doit se battre pour obtenir un mouton importé, alors qu’il serait supposé que l’Algérie, avec ses richesses pétrolières, soit capable d’assurer ses besoins en moutons sans humilier ses citoyens… Sur les plateformes sociales, les railleries abondent… Pour un grand nombre, cette loterie ovine représente le symbole d'une nation où même les traditions religieuses doivent désormais être soumises au tirage au sort…
Au-delà de la comédie, cette narration représente également une métaphore sévère. Dans un pays riche en hydrocarbures, il est difficile de fournir de la viande. La gestion du mouton de l’Aïd, devenue un jeu de hasard, met en lumière une réalité moins plaisante : une pénurie structurelle, un manque de prévoyance et une gestion à court terme. Quand un rite religieux se transforme en loterie nationale, cela signifie qu'un seuil a été franchi. Et dans l'Algérie de 2025, même le sacrifice d'un mouton devient un privilège… à gagner par tirage au sort.
Par Mohammed Yassir Mouline