Le 15 février 2025, un avion de Royal Air Maroc a décollé de Marrakech à destination de Paris avec une particularité notable : il était alimenté en carburant d’aviation durable (SAF). Ce vol, réalisé en partenariat avec Vivo Energy Maroc, constitue une première dans l’histoire de l’aviation marocaine. Le SAF, conçu à partir de matières premières renouvelables telles que les huiles usagées ou les résidus agricoles, permet de réduire jusqu’à 80 % les émissions de CO₂ par rapport aux carburants fossiles traditionnels.

Cette initiative témoigne de l’engagement du Maroc à s’aligner sur les objectifs globaux de durabilité, notamment ceux fixés par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Elle s’inscrit également dans une dynamique plus large visant à positionner le pays comme un acteur clé de la transition énergétique en Afrique.

Le SAF (Sustainable Aviation Fuel) représente une alternative écologique aux carburants fossiles utilisés dans l’aviation. Contrairement aux carburants traditionnels, il est produit à partir de ressources renouvelables, comme les déchets organiques ou les huiles végétales. Sa production émet beaucoup moins de gaz à effet de serre, ce qui en fait une solution prometteuse pour réduire l’impact environnemental de l’aviation, qui représente environ 2 à 3 % des émissions mondiales de CO₂.

Cependant, le SAF reste encore peu utilisé à l’échelle mondiale en raison de son coût élevé, qui peut être jusqu’à quatre fois supérieur à celui des carburants classiques. De plus, sa production nécessite des infrastructures spécifiques, ce qui limite sa disponibilité. Le vol Marrakech-Paris de Royal Air Maroc est donc une avancée majeure, mais il met également en lumière les défis économiques et logistiques liés à l’adoption massive du SAF.

Pour Royal Air Maroc, cette initiative n’est pas seulement un acte symbolique, mais une stratégie à long terme visant à intégrer des pratiques durables dans ses opérations. En adoptant le SAF, la compagnie nationale se positionne comme un pionnier de l’aviation verte en Afrique, un continent où l’impact du changement climatique est particulièrement marqué.

De son côté, Vivo Energy Maroc joue un rôle crucial en fournissant le carburant durable nécessaire à cette transition. Ce partenariat reflète une collaboration réussie entre les secteurs public et privé pour relever les défis environnementaux.

L’utilisation du SAF pourrait transformer l’économie de l’aviation marocaine à plusieurs niveaux. D'une part elle contribuerait à réduire considérablement l’empreinte carbone du secteur. De l'autre, elle pourrait attirer des investissements étrangers dans les infrastructures de production de SAF, tout en renforçant l’image du Maroc comme un leader régional en matière de durabilité.

Cependant, le coût élevé du SAF pourrait peser sur les finances des compagnies aériennes, déjà fragilisées par les effets de la pandémie de COVID-19. De plus, la production de SAF à grande échelle nécessitera des investissements massifs dans les infrastructures et la recherche.

Le Maroc n’est pas le seul pays à explorer le potentiel du SAF. En Europe, des compagnies comme Air France et Lufthansa ont déjà intégré ce carburant dans certains de leurs vols. Aux États-Unis, des initiatives similaires ont été lancées dans le cadre des objectifs de durabilité de l’industrie aéronautique. Cependant, le Maroc se distingue par sa volonté de positionner l’Afrique comme un acteur clé de cette transition énergétique.

Le premier vol de Royal Air Maroc alimenté en SAF marque une étape importante pour l’aviation marocaine et africaine. Bien que des défis économiques et logistiques subsistent, cette initiative ouvre la voie à une aviation plus durable et respectueuse de l’environnement. Elle pourrait inspirer d’autres compagnies africaines à suivre cet exemple.