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Sahara : le statu quo n’est plus une option




Par Said Temsamani

Il est rare que les rapports du Secrétaire général des Nations unies s’écartent du ton feutré de la diplomatie. Celui qu’António Guterres vient de présenter devant l’Assemblée générale a pourtant le mérite de trancher : le maintien du statu quo au Sahara constitue une menace grave pour la stabilité régionale et exige une correction urgente. Derrière cette formule se lit un constat sans ambiguïté : après plus d’un demi-siècle d’impasse, le conflit du Sahara ne peut plus être géré par inertie, au risque d’ouvrir un foyer d’instabilité incontrôlable aux portes du Maghreb et du Sahel.

L’isolement croissant du Polisario

Le rapport met à nu la dérive d’un mouvement, le Polisario, enfermé dans une logique de provocation. Loin d’incarner un projet politique, il se contente désormais de tirs sporadiques de roquettes, de harcèlement aux abords du mur de défense et même d’attaques visant la mission onusienne. Ces actes, loin d’affaiblir Rabat, témoignent surtout de l’isolement d’un front privé de perspectives, crispé face à l’érosion continue de ses soutiens diplomatiques. À mesure que s’élargit le cercle des pays reconnaissant la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud, le Polisario se replie dans une gestuelle guerrière sans horizon.

Le Maroc, crédibilité et constance

À l’inverse, le Maroc a su imposer une ligne de constance et de responsabilité. Coopération totale avec la MINURSO, gestion transparente des incidents, et surtout mise en avant d’une offre politique - le plan d’autonomie - qui, de Paris à Londres, recueille des soutiens de plus en plus explicites. Emmanuel Macron a parlé en juillet 2024 de « cadre le plus approprié » ; le Royaume-Uni a, un an plus tard, jugé la proposition « crédible et applicable ». Ces prises de position ne relèvent pas du hasard : elles traduisent l’émergence d’un consensus international autour de l’idée que la solution ne peut être qu’autonomique, dans le cadre de la souveraineté marocaine.

Le drame humanitaire de Tindouf

Le rapport dévoile aussi ce que beaucoup préféraient ignorer : la tragédie silencieuse des camps de Tindouf. Malnutrition aiguë touchant 13 % de la population, retard de croissance frappant plus d’un tiers des enfants, déficit budgétaire dépassant 100 millions de dollars. Ces chiffres ne disent pas seulement l’urgence humanitaire ; ils révèlent l’échec d’un modèle où des milliers de personnes sont maintenues en otage politique, privées de perspectives, utilisées comme levier de négociation. Cette crise n’est pas un accident de parcours : elle est la conséquence d’un immobilisme organisé.

Une menace régionale sous-estimée

Au-delà du face-à-face Rabat–Polisario, c’est l’équilibre du Maghreb et du Sahel qui est en jeu. L’instabilité au Sahara crée une brèche où circulent armes, trafics et influences extrémistes. Chaque roquette tirée sur Smara, chaque affrontement près de Mahbes est un rappel que ce conflit peut à tout moment se transformer en un front supplémentaire de déstabilisation régionale. L’ONU, en soulignant le risque, avertit clairement : laisser pourrir le dossier, c’est ouvrir la voie à une crise sécuritaire majeure.

L’évidence d’une solution politique

Plus d’un demi-siècle de blocage a vidé de leur sens les slogans d’hier. L’option militaire est illusoire, l’hypothèse référendaire appartient à un passé révolu. Il ne reste qu’une issue, et elle est inscrite noir sur blanc dans les résolutions du Conseil de sécurité : une solution politique, réaliste, durable et mutuellement acceptable. C’est exactement ce qu’incarne le plan d’autonomie proposé par Rabat. Non pas une victoire à sens unique, mais un compromis possible, ancré dans le réel, qui offre aux populations du Sahara la reconnaissance de leur identité et la garantie de leur développement dans le cadre de la souveraineté nationale.

La responsabilité de la communauté internationale

L’appel de Guterres ne s’adresse pas seulement aux protagonistes directs du conflit. Il vise aussi une communauté internationale trop longtemps complaisante avec l’immobilisme. Soutenir une solution politique n’est plus un luxe diplomatique ; c’est une nécessité stratégique. L’Europe, qui mesure chaque jour davantage la fragilité de son voisinage sud, a intérêt à transformer son soutien verbal en action claire. Les organisations régionales, de l’Union africaine à la Ligue arabe, ont elles aussi une responsabilité : ne pas prolonger artificiellement une querelle qui mine toute perspective d’intégration maghrébine.

Un moment charnière

Le Sahara n’est pas un simple différend territorial figé dans le sable. Il est devenu un test de la capacité du système international à clore un conflit ancien par une solution moderne. Le rapport du Secrétaire général agit comme un miroir : il montre l’épuisement des illusions, la gravité des risques et l’évidence d’une sortie politique. Reste à savoir si les acteurs sauront transformer cet avertissement en décision.

Car une certitude s’impose : le statu quo n’est plus une option. Le temps est venu de tourner la page d’un conflit stérile et de bâtir enfin les conditions d’une paix durable, au bénéfice non seulement du Maroc, mais de toute une région qui aspire à la stabilité et au développement.



Mardi 26 Août 2025

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